Le casse-tête afghan n’en finit pas de perturber les plans des Occidentaux. À quatre mois de la fin de la mission de combat des troupes de l’OTAN en Afghanistan, et malgré l’urgence de la relayer par une nouvelle mission d’assistance - baptisée « Soutien résolu » - le président afghan était aux abonnés absents à Newport, à l’occasion du sommet de l’Alliance.
Après deux mois et demi de controverses, le contentieux autour des fraudes ayant entaché le scrutin présidentiel du printemps n’est toujours pas tranché, privant de facto le pays d’un chef d’État censé remplacer le président sortant, Hamid Karzaï, installé au pouvoir fin 2001. Gagné par une dérive antiaméricaine en fin de mandat, il avait refusé de signer l’accord bilatéral de sécurité post-2014 entre Kaboul et Washington, soit le document qui devait servir de modèle à un accord similaire entre Kaboul et l’OTAN. Les deux prétendants à sa succession, Ashraf Ghani et Abdullah Abdullah, conscients de la nécessité de prolonger le soutien de l’Occident, avaient pour leur part annoncé leur souhait de parapher le texte en cas d’élection. Or, l’impasse de la transition dure. Et les talibans en profitent pour intensifier leur insurrection.
Le 31 décembre 2014 verra le départ du dernier soldat de l’OTAN - ses troupes s’élèvent à environ 45 000 hommes - engagé sur le théâtre afghan en vertu de la mission de combat définie après le 11 septembre. Une nouvelle période va s’ouvrir, avec une présence militaire résiduelle vouée à « assister » (entraînement, équipement…) les forces de sécurité afghanes, voire à engager des opérations de « contre-terrorisme contre al-Qaïda et ses affiliés » dans le « total respect de la souveraineté afghane ».
Désagrégation ?
Tels sont du moins les termes du projet d’accord stratégique afghano-américain conclu en novembre 2013 et toujours en attente d’une signature présidentielle à Kaboul. Barack Obama a annoncé son intention de laisser 9 800 hommes en Afghanistan en 2015 et 2016. Les autres nations de l’OTAN pourraient y ajouter 4 000 à 5 000 hommes. Éviter le risque de désagrégation des forces de sécurité afghanes sera leur priorité.
Au-delà de l’assistance technique, celle-ci prendra une dimension financière impérative. L’État afghan est à ce jour incapable de payer les salaires des 350 000 hommes engagés contre les insurgés. Au sommet de Chicago de mai 2012, l’OTAN s’était engagée à contribuer à hauteur de 4,1 milliards de dollars (3,1 milliards d’euros) par an aux dépenses de sécurité afghanes. Or, ce chiffre est très inférieur aux besoins de Kaboul. Il se basait sur la perspective que l’effectif des forces afghanes déclinerait à 228 000 hommes après 2014, un ajustement à la baisse qui ne s’est pas produit en raison d’une situation sécuritaire encore fragile.
Selon les estimations de Kaboul, financer l’effectif toujours existant de 350 000 hommes coûtera en fait 6 milliards de dollars par an. Un tel effort financier réclamé par les Afghans promet des tractations ardues au sein de l’Alliance, surtout à un moment où les opinions publiques sont gagnées par la « fatigue afghane ».