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Y a-t-il ou non une imposture nommée Tsipras ?

Tsipras suscite une vague sincère de sympathie en France où, de droite comme de gauche, il apparaît comme un libérateur. Pourtant, à y regarder de près, un esprit critique ne peut qu’exprimer des doutes.

 

Tsipras est-il Machiavel incarné ?

Les admirateurs de Tsipras lui prêtent volontiers une sorte de génie machiavélique grâce auquel il naviguerait comme un poisson dans l’eau au coeur de la diplomatie internationale. Cette idée est notamment accréditée par l’excellent Romaric Godin de la Tribune, qui écrit :

« En agissant avec prudence et détermination, Alexis Tsipras a su contourner la stratégie du “nœud coulant” des Européens. Désormais, la pression est de nouveau sur Angela Merkel. (…) Reste qu’Alexis Tsipras, longtemps sous-estimé par la presse étrangère, a fait preuve d’une intelligence stratégique de premier plan dans cette affaire et qui n’est pas sans rappeler celle de Fabius Cunctator, le général romain qui usa les Carthaginois victorieux d’Hannibal durant la deuxième guerre punique. Le Premier ministre grec n’est certes pas assuré de remporter la victoire, mais il a prouvé qu’il était un des rares dirigeants européens à pouvoir tenir tête, sur le plan tactique, à Angela Merkel. »

On comprend bien que, face au dogmatisme prussien qui domine, chacun ait besoin de se chercher un héros capable de terrasser le monstre et d’apporter, enfin, la bouffée d’oxygène dont nous avons besoin pour reprendre notre souffle, et pour sortir de ce cauchemar technocratique qu’est l’Europe. Simplement, Tsipras ne paraît pas le bon cheval sur qui miser, pour plusieurs petites raisons que l’actualité de la semaine a encore montrées.

 

Tsipras, fort en propagande, faible en résultat

Tsipras a un mérite : il a compris qu’il fallait donner le change et toujours inspirer le sentiment de réussir, même (voire surtout ?) quand on se prend une méchante gamelle. C’est devenu la marque de fabrique du personnage : il annonce urbi et orbi des victoires qu’il ne remporte jamais. Et quand il ne les annonce pas lui-même, il fait porter les fausses nouvelles par ses messagers.

Dimanche dernier, par exemple, son ministre Varoufakis est sorti de sa visite à Christine Lagarde, directrice générale du FMI, en déclarant :

« Mme Lagarde (…) a souligné que, dans le cas de la Grèce, le Fonds est disposé à faire montre de la plus grande souplesse dans la manière dont les réformes et propositions budgétaires du gouvernement seront évaluées. »

Le problème est que la vraie version est un peu différente : non seulement Christine Lagarde n’a rien lâché sur les 460 millions d’euros que la Grèce devait lui rembourser, mais elle a confirmé qu’elle exigeait de la Grèce une réforme des retraites.

Dans la foulée, le ministre grec a rencontré le sous-secrétaire d’Etat américain au Trésor, Nathan Sheets, et une conseillère de Barack Obama. On n’épiloguera pas ici sur le côté très « second rang » des interlocuteurs américains de la Grèce. Officiellement, il s’agissait de présenter les réformes que la Grèce entendait mener.

Cette visite a donné lieu à un désaveu cinglant de la politique grecque par les Américains :

« Le responsable américain a appelé la Grèce “à s’engager pleinement dans un processus de négociations techniques avec ses partenaires internationaux afin de finaliser un programme de réformes qui mérite un soutien financier en temps opportun de la part des créanciers de la Grèce”, a indiqué un porte-parole du Trésor. »

En fouillant un peu, on comprend rapidement que la remontée de bretelles ne s’est pas arrêtée là. Caroline Atkinson, conseillère d’Obama, a probablement profité de cette visite pour dire à Varoufakis tout le mal qu’elle pensait des cajoleries que Tsipras ne cesse de faire à la Russie.

La visite de diversion aux Etats-Unis n’a donc rien d’un succès diplomatique, ni d’une initiative géniale. Elle est, pour Tsipras, une occasion de plus de se prendre une veste.

 

L’imposture de la visite en Russie

Mais le plus caricatural de l’imposture est apparu avec la visite rendue par Tsipras à Moscou, présentée de-ci de-là comme une opération maîtresse de renversement des alliances, de nature à faire trembler l’Europe. Là encore, la visite du 8 avril, quand on y regarde de près, manifeste une impréparation consternante à l’exercice diplomatique.

Tsipras n’a en effet rien gagné ou presque. Il a soutenu ne pas avoir demandé d’argent à la Russie : heureusement, car il n’en aurait pas obtenu, pour deux raisons clairement exprimées dans les médias russes. D’abord, les Russes, qui ne sont pas fous, considèrent comme inévitable un défaut grec.

Lire la suite de l’article sur eric-verhaeghe.fr

Voir aussi, sur E&R :

Les causes, conséquences et remèdes à la crise économique,
à découvrir chez Kontre Kulture :

 

 






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27 Commentaires

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  • #1162059
    Le 12 avril 2015 à 20:34 par Jojo l’Affreux
    Y a-t-il ou non une imposture nommée Tsipras ?

    Trop fort ce Poutine ! Il reçoit un mec ruiné qui vient lui taxer du pognon en lousdé, et il parvient à lui faire une vente…




    Où l’on voit bien que l’article est pas sérieux et fortement à charge quitte à raconter n’importe quoi : le "Turkish Stream" qui vient remplacer le "South Stream" Serbo-Bulgare va être mis en place grâce à un financement bilatéral Russo-Turc et Erdogan est très content de diversifier ses moyens d’approvisionnement (Azérie, Turkmène, Iranien et maintenant Russe), mais d’autre part la Turquie touchera un dividende sur le gaz non-consommé qui transitera par son territoire donc installer des gazoducs supplémentaires jusqu’à la frontière de l’UE en prévision d’une future exportation dans la zone est un bon plan, d’autant que si ça ne se fait pas avec du gaz Russe, ça pourra toujours se faire avec du gaz en provenance d’autres contrés. Ce dont il a été question à Moscou est de planifier et de calculer le cout des tracés possibles à travers la Grèces pour l’exportation vers le reste de l’union, il y en a probablement 2 : par la Bulgarie et la Serbie vers l’Europe Centrale et vers l’Italie et l’Europe de l’Ouest à travers l’Adriatique vu qu’il est hors de question pour les Russes de passer par l’Albanie ou par le Kosovo. L’investissement dont il était question était le financement bilatéral du gazoduc sur le territoire Grec vu que les Russes commencent à comprendre qu’un financement uniquement Russe est mal perçu par les états Européens comme par la commission.
    Ce qui a été discuté, c’est la modification du projet South Stream et les délais pour sa mise en place. Les Russes n’ont pas renoncé à ce projet, ils l’ont juste modifié et différé et travaillent à s’assurer le soutient de la Turquie et de la Grèce avant de s’assurer celui d’autres pays consommateurs.
    Les Américains sont morts de rage car on rappellera que toute leur géopolitique Européenne depuis la chute du mur de Berlin consiste à préparer une sortie de l’UE à la dépendance au gaz russe pour ruiner l’économie de la Russie sur le long terme et l’empêcher de redevenir un concurrent sérieux à leur domination.

     

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    • #1162195
      Le Avril 2015 à 01:32 par Drago
      Y a-t-il ou non une imposture nommée Tsipras ?

      Si le South Stream a été abandonné c’est à cause de l’entêtement et la stupidité Bulgare. Aussi, je ne comprend pas que vous la portiez à nouveau dans vos "probabilités". La Bulgarie a été définitivement rayée de la carte pour le passage du gaz. Voici quel sera le parcours. Le Turkish Stream s’arrête à la frontière gréco-turque. A partir de là, le gazoduc grec sera connecté, traversera la Grèce à hauteur de la Macédoine qui pendra le relai, à laquelle sera ensuite connectée la Serbie, Croatie et Hongrie (et certainement l’Autriche aussi) le tout afin de ne plus passer par l’Ukraine qui s’avère instable pour le rôle de transitaire et pleine de malice pour faire du chantage. En tout état de cause.... oubliez définitivement la Bulgarie.

       
  • #1162062
    Le 12 avril 2015 à 20:39 par Jojo l’Affreux
    Y a-t-il ou non une imposture nommée Tsipras ?

    Quand à la BCE, elle ne prête rien par elle même, à part peut-être sur le budget du fond de stabilité qui est abondé par les budgets nationaux des états de la zone Euro, elle donne juste l’autorisation de prêter aux banques centrales. En d’autre terme ceux qui prêtent aux banques Grecs, ce sont soit la banque centrale Grecque soit d’autre banques centrales de la zone euros, soit les états, soit des banques privées qui disposent des liquidités pour le faire. J’ai du mal à croire qu’un banquier ignorent comment fonctionne le système.

     

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  • #1162098
    Le 12 avril 2015 à 21:25 par Docteur Prolo
    Y a-t-il ou non une imposture nommée Tsipras ?

    Sans être expert de la Grèce, je pose deux questions sur Tsipras :

    1/ Qui l’a fait roi ?
    2/ De qui dépend-il pour garder son poste ?

    Si un connaisseur pouvait nous éclairer.

     

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    • #1162259
      Le Avril 2015 à 09:53 par fred89
      Y a-t-il ou non une imposture nommée Tsipras ?

      Les élections législatives en Grèce sont fait sur le mode d’un scrutin mixte (proportionnel + 50 sièges au parti qui à le plus de voix), et ce sont les députés qui élisent le chef du gouvernement.
      C’est la gauche radicale de Tsipras qui a ramassé le plus de voix, le plus de sièges et qui donc ont élu leur leader.

      Avec le même scrutin, le FN aurait eu 80 députés environ en 2012 et pu au moins former un groupe parlementaire dont les membres pouvaient prendre la parole à chaque session, demander le passage des lois devant le conseil constitutionnel, appuyer des demandes de référendums populaires entre autres et avec sa progression électorale de l’après 2012, pouvait avoir l’espoir de peser sur les lois qu’elles proviennent de l’UMP ou du PS, son consentement devenant quasi obligatoire pour le vote d’une loi.

      Je suis prête à parier que de nombreux pays européens qui ont le mode de scrutin de la Grèce vont se dépêcher d’en changer en catimini pour que la même mésaventure ne se reproduise pas chez eux.

       
  • #1162155
    Le 12 avril 2015 à 23:40 par Pierre Ghi
    Y a-t-il ou non une imposture nommée Tsipras ?

    Le peuple de France peut se poser la même question au sujet du Front National qui pratique "une politique d’extrême-droite" conformément aux institutions extrêmement socialistes de la cinquième République, au point que le peuple de France peut se demander si le socialisme républicain n’est pas d’une extrême-droiture...à la Netanyahu.
    Ce que le front UMPS déteste dans l’image que renvoie le Front National, c’est son propre reflet.

     

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  • #1162179
    Le 13 avril 2015 à 00:29 par masque de chair
    Y a-t-il ou non une imposture nommée Tsipras ?

    Lisez la suite de l’article avant de le commenter.
    Pour moi, la vulgarité de l’extrait ci-dessous suffit à prouver que le "journaliste" qui l’écrit est payé pour discréditer Tsipras.
    " Trop fort ce Poutine ! Il reçoit un mec ruiné qui vient lui taxer du pognon en lousdé, et il parvient à lui faire une vente… Bref, Poutine n’est pas né de la dernière pluie, et Tsipras s’est fait plumer comme un perdreau de l’année "

     

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  • #1162254
    Le 13 avril 2015 à 09:37 par kirikoo
    Y a-t-il ou non une imposture nommée Tsipras ?

    Dire que l’auteur de cet article est du côté des banques peut-être que oui, peut-être que non mais c’est en tout cas faire une pétition de principe et ces armes employées à foison dans les médias devraient, selon moi, être laissés de côté à moins d’avoir de solides arguments.
    Ce que cet article ne dit pas, c’est que la Russie a fait partiellement défaut en 1998 pour rebondir ensuite. Syriza est peut-être,entre autre, aller demander conseil là-dessus aussi. Sauf que la Grèce a quand même beaucoup moins d’atouts dans son économie que ne l’avait la Russie.
    La seule alternative de la Grèce sera de faire défaut, ensuite de trouver une issue de sortie, il est encore trop tôt de juger Syriza aujourd’hui, attendons les évènements proches, les évènements qui filtrent à travers les médias sont toujours insuffisants car beaucoup de choses se jouent en coulisse.

     

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  • #1162307
    Le 13 avril 2015 à 12:00 par la pythie
    Y a-t-il ou non une imposture nommée Tsipras ?

    Avant de chialer à chaudes larmes sur le " pauvre " peuple grec, il faudrait rappeler que ce même peuple a longtemps refusé - jusqu’en 2012 - de payer impôts fonciers et impôts locaux -lors même que 90% des grecs sont propriétaires de leurs demeures ! Ce qui les arrangeait, c’était de profiter des fonds européens sans jamais rien rendre...la naïveté a ses limites, tout de même...

     

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    • #1162466
      Le Avril 2015 à 16:39 par fred89
      Y a-t-il ou non une imposture nommée Tsipras ?

      Le peuple a refusé de payer impôts locaux et impôts fonciers jusqu’en 2012 et le gouvernement a laissé faire de peur de se faire lyncher ?
      Et en 2012, alors qu’ils étaient dans la panade jusqu’au cou, ils ont accepté ?
      A votre avis que se passerait-il si le peuple français refusait de payer ses impôts ?
      Prélèvements d’office sur les comptes bancaires voire directement sur les revenus, majoration de 10 à 30% et amendes.
      Le peuple grec, il fait comme le peuple français, là où on lui demande de faire.

       
    • #1162577
      Le Avril 2015 à 19:21 par Borntogrowl
      Y a-t-il ou non une imposture nommée Tsipras ?

      T’as envie d’en payer des impôts toi ? Tu sais où va l’argent ? Si t’as envie de payer la dette, paie-la tout seul, je te laisse ma part.

       
  • #1162366
    Le 13 avril 2015 à 13:22 par seb51
    Y a-t-il ou non une imposture nommée Tsipras ?

    Tsipras me fait penser à certains sketchs de Coluche ou il interprète une grande gueule qui se couche petit à petit(Madelaine,le crs arabe)

     

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  • #1162536
    Le 13 avril 2015 à 18:15 par cc
    Y a-t-il ou non une imposture nommée Tsipras ?

    Tant qu’il y aura la Croix du Christ sur le drapeau Grec, pas de mariage pour tous et un service militaire obligatoire...ce petit jeu du "je te tiens par la dette" ne finira jamais...

     

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    • #1162611
      Le Avril 2015 à 20:29 par Romain
      Y a-t-il ou non une imposture nommée Tsipras ?

      Ce que vous décrivez était pourtant une réalité sous De Gaule : pourtant, à l’époque, pas de dette !

      Le problème doit donc se trouver ailleurs.

       
  • #1162679
    Le 13 avril 2015 à 23:13 par Mad
    Y a-t-il ou non une imposture nommée Tsipras ?

    En clair, c’est exactement ce que dit l’UPR depuis le début. Tout comme le FDG et le FN, c’est partis ne sont que la pour contenir la colère du peuple et les enfumer sur l’ue !

     

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