"Il n’y a jamais eu de consensus à Gauche sur la question de la guerre ou de la colonisation, pas plus qu’à Droite d’ailleurs" : Votre positionnement ici est celui d’un conteur. Vous nous replongez dans les algarades de l’histoire de la IIIème République, de la domination des ducs à l’Assemblée, avec le maréchal de Mac-Mahon, duc de Magenta, au passage mouvementé à la démocratisation du personnel politique en 1936, avec le Front populaire de Léon Blum, pour nous resservir ce que nous savions déjà : la Gauche française est un mouvement de pensée hétérogène et non consensuel. Là encore, merci pour le coup de pied dans la porte ouverte.
Il eût toutefois été plus productif de prendre du champ sur l’événementiel et d’adopter un point de vue panoramique. Le lieu d’où vous parlez fait de vous un historiographe partisan des torts partagés, qui peine à regarder les faits en historien des idées. L’historiographe de circonstance écrira comme vous le faites, tandis que l’historien s’attachera à démontrer qu’en dépit des disparités de vue, des dissensions d’approche, et des divergences de méthode, la colonisation et la guerre sont portées dans l’histoire, par un continuum idéologique qui traverse l’épistémè de plusieurs siècles, de la monarchie à l’Empire et de l’Empire à la République : le messianisme de Gauche.
Cette ethnocentrisme qui inflige au "civilisé" le fardeau de coloniser, polisser, évangéliser, métisser, instruire, vacciner le "sauvage", est symptomatique d’un progressisme de Gauche transcourant. Vous retrouvez cette fièvre civilisatrice qui justifie les guerres dans la Controverse de Valladolid et l’épopée sanglante de l’évangélisation forcée des Amérindiens, à l’exploration cartographique de Lewis et Clarke et la vaccination des Amérindiens pour leur bien, à l’immigrationnisme d’une Clémentine Autin pour qui le Nègre doit dépendre de l’assistanat l’occidental. Ce fil directeur du progressisme messianique et guerrier, qui s’abrite derrière les paravents protecteurs de la charité, s’appelle la Gauche. Voilà ce que nous dit Xavier Moreau, et cela me semble suffisant, compte tenu du délâbrement intellectuel et cognitif ambiants.
Merci de bien vouloir soutenir le travail de ceux qui œuvrent à déniaiser le grand public, car la tâche est titanesque ; les querelles doctes et autres ratiocinations entre-soi peuvent attendre, vous croyez pas ?