« Je ne suis pas d’accord avec ce que vous dites, mais je me battrai jusqu’au bout pour que vous puissiez le dire. » Chacun sait aujourd’hui que Voltaire n’a jamais écrit, ni prononcé et encore moins pensé cette fameuse phrase qu’Evelyn Beatrice Hall tenta de lui attribuer en 1906.
D’aucuns persistent à croire que Voltaire combattait les privilèges, défendait la tolérance, l’égalité et la liberté de pensée, bref était un parangon d’esprit républicain. Ils en oublient le Voltaire raciste, « il n’est permis qu’à un aveugle de douter que les blancs, les nègres, les albinos, les Hottentots, les Lapons, les Chinois, les Amériques ne soient des races entièrement différentes » ; antisémite, « vous ne trouverez en eux [les Juifs] qu’un peuple ignorant et barbare qui joint depuis longtemps la plus sordide avarice à la plus détestable superstition, et à la plus invincible haine pour tous les peuples qui les tolèrent et les enrichissent » ; homophobe, « comment s’est-il pu faire qu’un vice, destructeur du genre humain s’il était général ; qu’un attentat infâme contre la nature, soit pourtant si naturel ? » ; et hostile à l’égalité, « le système de l’égalité m’a toujours paru l’orgueil d’un fou ».
Toutefois, le dernier livre de Marion Sigaut, Voltaire, Une imposture au service des puissants, m’a convaincu que Voltaire est bel et bien le triste emblème de notre république, car on l’y découvre calomniateur, propagandiste, servile, profiteur et détestant le peuple. À la différence de nos actuels dirigeants républicains, Voltaire ne s’en cachait pas :
« J’entends par peuple la populace, qui n’a que ses bras pour vivre. Je doute que cet ordre de citoyens ait jamais le temps ni la capacité de s’instruire ; ils mourraient de faim avant de devenir philosophes. Il me paraît essentiel qu’il y ait des gueux ignorants. […] Quand la populace se mêle de raisonner, tout est perdu. »