@Marion
C’est pas grave, Marion, merci pour tout ce que nous apprenons grâce à vous !
Simplement, pour tenter de “résumer mon résumé” :
Si Voltaire a sans doute été un sinistre personnage, du moins, outre ses qualités littéraires, a-t-il fait connaître en français les travaux de Newton, certes avec le concours précieux et avisé d’Emilie du Châtelet.
Or la gravitation universelle s’est avérée une révolution du penser, du croire, du faire, délégitimant aussi bien l’aristotélisme (la distinction entre mondes sub- et supra-lunaires) qu’une partie de l’Ecriture (cf. Josué 10, 13 ; etc.), aussi par son efficacité (mathématisation, mesure, prédictivité, etc.) ; ce qui aura amené les humains à rabattre tendanciellement leur espérance sur ce Monde (seul, négligeant l’“Autre”), qui devient toujours plus compréhensible et aménageable, manipulable, d’où la montée de la “physiocratie”.
Si dans le domaine financier, cette tendance a produit des catastrophes... qui durent encore et même s’aggravent (alternances bulles-krach...), dans les domaines des sciences dures, cette révolution, sachant se critiquer pour s’améliorer sans cesse, donne des résultats toujours neufs, organisables en systèmes - ce que certains nomment l’“auto-transcendance”.
Tel me semble (après bien des auteurs) être le “drame” de la modernité, en particulier du XVIIIè siècle - en fait déjà aux quelques siècles précédents, et avant d’autres coups de boutoir au cours des XIXè et XXè siècles : les découvertes de l’évolution biologique et de certains de ses mécanismes, de l’inconscient, du monde quantique, du chaos organisateur...
Certaines personnes - comme vous-même, au “cœur gros comme ça” et fuyant l’abstraction - peuvent conserver ou retrouver leur foi d’enfance ; d’autres sont “déboussolées”, parfois à vie, par cette nouvelle donne globale, et Voltaire semble en avoir été, comme Nietzsche et tant d’autres.
Dans ce contexte plus global cherchant à intégrer ce que vous tendez à négliger, Voltaire apparaît presque plus à plaindre qu’à blâmer. Voilà sans doute ce que vos collègues historiens dix-huitiémistes, jaloux de votre succès et/ou soucieux d’une vérité plus ample et complexe, ne manqueront pas de vous suggérer...
Merci encore, Marion, pour l’occasion de ces réflexions !