À l’horizon 2030, vingt millions de postes industriels pourraient être remplacés par des robots. Une étude britannique estime que les régions rurales et les ouvriers non-qualifiés accuseront le choc alors que l’impact sur la productivité devrait être positif.
Selon l’étude How Robots Change the World publiée ce mercredi par le cabinet de conseil et bureau d’étude britannique Oxford Economics, les robots pourraient remplacer jusqu’à vingt millions de postes industriels dans le monde d’ici 2030. Avec près de douze millions d’emplois visés, c’est la Chine qui fait principalement gonfler l’estimation tandis que deux millions de postes seraient concernés en Europe.
L’effectif mondial d’ouvriers industriels se verrait ainsi réduit de 8,5 %. Le bureau estime aussi que chaque robot industriel supplémentaire est susceptible d’éliminer, en moyenne, 1,6 emploi. Le stock global de robots industriel a, lui, plus que doublé depuis 2010.
Le rapport indique également que l’intégration croissante de robots aux chaînes de production sera vraisemblablement favorable à une hausse de la productivité des entreprises, elle-même vecteur de croissance économique. Les analystes du bureau britannique chiffrent ces gains de productivité mondiale à 5 000 milliards de dollars d’ici 2030.
Double fracture
Si l’étude tempère l’impact de la robotisation sur l’emploi, expliquant qu’« autant d’emplois seront créés que détruits » par l’arrivée des robots dans le monde industriel, les experts n’en demeurent pas moins conscients et inquiets du creusement des inégalités que son expansion provoquera inévitablement. Le bureau britannique exhorte d’ailleurs les États à prendre des dispositions face aux effets négatifs de la robotisation qui « seront répartis inégalement entre les régions pauvres et riches d’un même pays. » Les grandes puissances économiques seront, d’après lui, particulièrement touchées par ces inégalités internes.
Géographiques dans un premier temps, les inégalités séparant les régions métropolitaines des zones rurales ou industrielles sont annoncées s’accroître avec la progression de l’automatisation. L’étude trouve en effet qu’au sein d’un même pays, un robot est en moyenne responsable du déplacement de deux fois plus d’emplois dans des régions « à bas revenus », en comparaison aux régions à « haut revenus ». Les clusters industriels périurbains et leur population de travailleurs sont en première ligne des bouleversements causés par les robots.
Dans un deuxième temps, les inégalités seront sociales. Alors que certains experts avancent l’impact positif sur l’emploi d’une industrie toujours plus robotisée, le rapport d’Oxford Economics nous rappelle que seuls des postes correspondant à un certain niveau de qualifications seront dégagés par la venue des robots.
Le défi de la reconversion
S’il est vrai que la production, l’entretien ou la programmation de ces machines intelligentes supposent de la création d’emploi, la question de la reconversion professionnelle des travailleurs non-qualifiés remplacés reste en suspens. À ce sujet, le rapport montre que la plupart des ouvriers américains déplacés par l’arrivée de robots dans leurs usines ont été réorientés vers des fonctions administratives, de maintenance ou de transport, elles-même cibles des prochaines vagues d’automatisation.
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