Des milliers d’Arméniens se sont rassemblés à nouveau dans une rue menant aux bureaux du président Serge Sarkissian hier à partir de 15h, alors que la veille la police anti-émeute avait bloqué et arrêté des dizaines de militants qui protestaient contre la hausse des prix de l’électricité.
Les policiers anti-émeutes déployés sur l’avenue du maréchal Bagramian les ont à nouveau empêchés d’approcher du palais présidentiel, ouvrant la voie à de nouveaux affrontements possibles. Un officier de police sur les lieux a tenté en vain de convaincre la foule de manifester ailleurs dans le centre-ville.
Alors que les manifestants atteignait la scène de la dispersion violente de la veille, Valery Osipian, chef adjoint du département de police d’Erevan, a annoncé que les 237 personnes arrêtés avaient être remises en liberté. Cela incluait les membres de « Non au pillage » (NDLR : mouvement d’activistes enjoignant les manifestants à ne pas céder à la violence).
Certains des leaders du mouvement non partisan ont pu rejoindre les plusieurs milliers de manifestants à Liberty Square peu avant qu’ils ne marchaient sur l’avenue maréchal Bagramian. Ils ont reçu un accueil de héros.
« Nous allons continuer à nous battre avec les mêmes exigences » a déclaré l’un d’eux, Maxim Sargsian, à la foule.
« Leurs canons à eau ne vont pas nous effrayer. Nous allons leur causer des problèmes chaque jour » a déclaré un autre leader, Vaghinak Shushanyan.
Osipian a fait face à des réactions de colère de ceux-ci et d’autres organisateurs quand il les a approchés pour tenter de les persuader d’éviter une autre émeute.
Osipian a défendu le fait qu’il n’y avait pas eu un usage disproportionnée de la force.
Selon les autorités policières, au moins 25 personnes, parmi lesquelles 11 policiers, ont été blessées au cours des violences. Certains de ces manifestants ont reçu des soins médicaux dans les hôpitaux.
Un chef adjoint de la police nationale, le général Hunan Poghosian, a fait part d’un changement important dans la réponse des autorités arméniennes aux protestations alors qu’il rencontrait les dirigeants de « Non au pillage » sur les lieux du rassemblement tard dans la soirée. Il leur a assuré que les forces de sécurité ne tenteraient pas de disperser la foule s’il n’y avait pas de la violence et autres « provocations militaires ». Poghosian les a exhortés à examiner de nouveau l’offre de Sarkissian de se rencontrer et de discuter de la question du tarif de l’énergie.
Les activistes ont rejeté cette offre lundi, mais semblaient, à un moment donné, prêts à l’accepter, cette fois. Cependant, après un débat houleux entre eux ils ont finalement refusé de tenir des pourparlers avec le président. Armen Mkrtchian, un des leaders de la contestation, a indiqué que la décision a été soutenue par la majorité de leurs partisans. Ils demandent à Sarkissian de veiller à ce que la hausse tarifaire de l’énergie prévue par la Commission de Services publics de Régulation soit annulée.
Sarkissian n’a fait aucune déclaration publique sur les hausses de prix et les protestations en résultant jusqu’ici. Peu après minuit, la plupart du temps des jeunes manifestants ont été rejoints par trois dizaines d’anciens et actuels députés de l’opposition, le ministre de l’Éducation Armen Ashotian, des artistes arméniens de premier plan et d’autres personnalités publiques qui sont venus faire rempart en se tenant entre les manifestants et les forces de sécurité armées de matraques et de boucliers.
Un des députés de l’opposition, Nikol Pashinian, a déclaré qu’il s’agissait d’un « bouclier humain » visant à empêcher de nouvelles violences. « Si ont veut commettre des violences, il faudra passer par nos corps » a déclaré aux journalistes Pashinian. « Nous croyons que de nouvelles violences sont irrecevables. »
La présence de Ashotian a rendu furieux certains manifestants. Avec chants offensifs, ils ont exigé qu’il quitte la place. Le ministre, qui est aussi un membre éminent du Parti républicain de Sarkissian d’Arménie (HHK), troublé par cette hostilité a refusé de bouger.
La police dispersant les manifestants à l’aide de canons à eau :
La veille, quelques personnes avaient organisés un sit-in :