Plus de 20 000 personnes se sont rassemblées aujourd’hui à Skopje, capitale de la Macédoine, pour réclamer la démission du Premier ministre de centre-droit, Nikola Gruevski.
À son poste depuis 2006, il est accusé de corruption et d’écoutes illégales visant notamment des journalistes et des magistrats. Les ministres de l’Intérieur et des Transports et le chef des services de renseignements ont quitté le gouvernement, peu de temps après les affrontements qui ont opposé la semaine dernière les forces de l’ordre à un commando de séparatistes albanais, faisant 18 morts dont 8 policiers à Kumanovo.
Après cet incident, c’est aujourd’hui au tour de l’opposition de s’en prendre au pouvoir dirigé par le VMRO-DPMNE (Organisation révolutionnaire macédonienne intérieure – Parti démocratique pour l’Unité nationale macédonienne), pourtant vainqueur des élections législatives anticipées du 27 avril 2014 avec 43 % des voix et 61 députés sur 123.
L’opposition s’est dite déterminée à occuper les rues des principales grandes villes de ce petit pays d’un peu plus de 2 millions d’habitants, jusqu’au départ de M. Gruevski, qui l’accuse d’être instrumentalisé par des services secrets étrangers souhaitant « déstabiliser le pays ».
Au-delà de la volonté légitime du peuple macédonien de sortir de la crise qui a vu 450 000 personnes quitter leur pays, frappé par un chômage de masse (28 %), certains observateurs soulignent que ce petit État, bien que candidat à l’adhésion à l’OTAN et à l’Union européenne, pourrait être sciemment déstabilisé par le camp occidental. Ainsi, d’après le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov :
« Je ne peux pas porter de jugements définitifs, mais il s’avère que les événements en Macédoine évoluent sur fond du refus du gouvernement macédonien de se joindre à la politique de sanctions contre la Russie et sur fond d’un soutien très actif dont Skopje a fait preuve concernant les projets de construction du gazoduc Turkish Stream, très critiqués à Bruxelles et aux États-Unis. Donc, nous ne pouvons pas nous débarrasser d’un sentiment qu’il existe un lien. »