Dans l’indifférence la plus totale, la justice étasunienne a rendu à la fin du mois de février un jugement dont la conséquence pourraient être la remise cause du caractère transmissible du Sida.
La cour d’appel américaine pour les forces armées (CAAF), la cour de justice militaire la plus importante des États-Unis, a relaxé le sergent David Gutierrez, un pilote étasunien, du chef d’accusation d’« agression avec circonstance aggravante » pour avoir caché sa séropositivité à plusieurs partenaires sexuels lors de soirées échangistes. Cela lui avait valu en 2010 d’être condamné à huit ans de prison.
Dans cette affaire, la défense revendiquait une estimation du risque de contamination compris entre 1/10 000 et 1/100 000, quand l’accusation défendait une valeur de 1/500. Même en prenant en compte ce dernier chiffre, la cour a jugé que la transmission de la maladie ne pouvait être qualifiée d’agression aggravée. Une décision de justice qui révise totalement le précédent qui pénalisait ce type d’acte depuis vingt-cinq ans. Des centaines de personnes avaient ainsi été emprisonnées aux États-Unis, mais aussi en France en vertu de l’article 222-15 du Code pénal relatif à « l’administration de substances nuisibles ayant porté atteinte à l’intégrité physique ou psychique d’autrui ».
La justice continuera-telle de considérer comme contagieuse une maladie qui n’a, dans le pire des cas, qu’une chance sur 500 d’être transmise ? Seules 23 plaintes similaires à celle qui visait David Gutierrez ont été retenues par la justice en France, alors qu’on estime à entre 1 500 et 2 000 le nombre de plaintes déposées depuis le début de l’ « épidémie ».