Le fameux plan « B » de Yanis Varoufakis n’a pas cessé de faire parler de lui.
Le 16 juillet 2015, soit le lendemain du vote au Parlement grec de l’accord signé le 13 juillet, et on rappelle que Varoufakis avait voté contre cet accord, il a donné un téléconférence à l’OMFIF ou Official Monetary and Financial Institutions Forum [1].. Il s’agit en fait d’une conversation de 25 minutes avec deux responsables de l’OMFIF, David Marsh, le directeur exécutif de l’OMFIF et Norman Lamont.
Cette conversation téléphonique a été installée sur le site web de l’OMFIF le 27 juillet 2015 et la transcription écrite a été installée sur le site le 28 juillet 2015, avec l’accord de Yanis Varoufakis. Cette transcription précise le statut de ce plan « B ». Quel que soient les points de divergences avec Yanis Varoufakis, il est important de l’écouter, et de le lire. On verra d’ailleurs que s’il est, en principe, pour l’euro il est arrivé à la conclusion, qui est partagée par ses collaborateurs, qu’une sortie de l’euro était envisageable.
Le but du plan « B »
Yanis Varoufakis commence par dire :
« Je dois admettre que nous n’avions pas de mandat pour sortir la Grèce de l’Euro. Ce pour quoi nous avions un mandat était pour négocier un arrangement avec l’Eurogroupe la Banque Centrale Européenne qui rende la position de la Grèce viable dans le cadre de la zone euro. Le mandat allait cependant un peu plus loin – au moins dans mon estimation. Je pense que le peuple grec nous avait autorisé à poursuivre cette négociations avec énergie et vigoureusement au point de dire que si nous ne pouvions avoir un accord viable nous devrions considérer une sortie (de la zone Euro) ».
C’est une position très claire, et entièrement cohérente avec la logique des négociations menées depuis plusieurs mois. Varoufakis dit bien que le mandat, en tant que tel, ne portait pas sur une sortie de l’euro, ce qui était explicite depuis la campagne électorale de janvier 2015 mais que, et en particulier à la suite du referendum du 5 juillet, implicitement, ce mandat s’étendait à une sortie si aucun accord viable pour la Grèce, autrement dit respectant le programme sur lequel Syriza avait gagné les élections n’était possible. L’accord que la Grèce a été contrainte d’accepter n’est pas viable. Varoufakis insiste sur ce point à de nombreuses reprises. Et, il laisse entendre que, effectivement, son choix aurait alors été plutôt une sortie de la zone euro.
Pourtant, il ne s’en cache pas les difficultés. Il ajoute ainsi peu après :
« Le problème est que, quand vous êtes à l’intérieur d’une Union Monétaire, il est toujours très dur de créer le type de dialogue public, qui est nécessaire afin de préparer les gens pour ce qui arrive, pour un processus de désengagement de cette union monétaire tout en ne précipitant pas en même temps un effondrement ».
On peut comprendre cette phrase comme la reconnaissance du fait que Syriza a fait une erreur stratégique en n’ouvrant pas un dialogue public, il vaudrait d’ailleurs mieux dire un débat, sur cette question très en amont. Peut-être cela aurait-il renforcé la position de négociation du gouvernement grec.