Centre pénitentiaire sécurisé, cellules spacieuses et bien équipées, activités nombreuses… L’unité de déradicalisation de Lille-Annoeullin, où sont placés les prisonniers les plus dangereux, est une unité modèle, d’après le rapport sur le regroupement des détenus radicalisés dévoilé ce mercredi.
Cinq unités de déradicalisation ont été créées en France, notamment depuis les attentats de janvier 2015. L’une d’entre elles a ouvert en janvier dernier dans la prison de Lille-Annœullin. L’équipe d’Adeline Hazan, la contrôleure générale des lieux de privation de liberté qui vient de dresser un premier bilan très critique de cette expérimentation, s’y est rendue en mars. Elle a constaté que les sept détenus y sont incarcérés dans de très bonnes conditions.
Les cellules de 12 m², toutes individuelles, sont plus grandes que dans les autres unités. On y trouve une douche, des toilettes, mais aussi une télé et un frigo.
Les détenus en sont très « satisfaits » et soulignent « le contraste avec (les cellules) de leur établissement d’origine, notamment Fresnes ».
Sport, téléphone, bibliothèque…
« Ils m’ont mis chez les irrécupérables, témoigne l’un d’entre eux. Mais on a sport trois fois par semaine, on est à trois en promenade, et il y a des gens que je connaissais d’avant. Je peux téléphoner tous les jours, si je veux. La bibliothèque, c’est une ou deux fois par semaine. La salle de “muscu” est super, les parloirs, c’est loin, mais ça va. La nourriture, c’est dix fois mieux qu’avant. Je regrette de ne pas avoir accès au terrain de foot, mais ça va peut-être s’arranger. »
Ateliers artistiques, yoga, ciné-débats
Ces détenus sont censés suivre un programme de déradicalisation. Seulement, le personnel chargé de le mettre en place, parfois inexpérimenté, déplore n’avoir pas reçu de consignes claires. « On nous a demandé de faire preuve d’imagination. Mais nous aurions aimé avoir un cadre plus précis. Que devons-nous faire : de l’accompagnement, du désengagement ? », se demande l’un d’entre eux.
À Lille-Annœullin, les prisonniers radicalisés participent à des ateliers artistiques, à des ciné-débats, ou encore font du yoga. Seul l’un d’entre eux suivait, au moment du contrôle effectué en mars, des cours, assurés par un enseignement deux heures par semaine. Et aucun ne travaillait.