En Hongrie, un groupe de quatre lycéens, de 17 ans à peine, a monté un collectif pour distribuer nourriture, jouets et vêtements dans les villages roms défavorisés et les camps de migrants. Une initiative qui détonne, dans un pays où le gouvernement est ouvertement xénophobe et où l’action caritative est balbutiante.
À l’été 2015, à Budapest, la gare internationale de Keleti s’est transformée en véritable campement de fortune accueillant de très nombreux migrants. Dans des conditions d’hygiène déplorables, plusieurs centaines de réfugiés, pour beaucoup venus de Syrie, attendaient une éventuelle réouverture des lignes internationales pour gagner l’Allemagne.
Domonkos Sera et Lili Hanna Feher, deux lycéens de Budapest âgés de 17 ans, ont décidé de leur venir en aide. En septembre, la gare a été évacuée, mais les deux jeunes ont voulu poursuivre leur engagement. Avec deux autres camarades de lycée, ils ont alors créé le collectif Most (Maintenant, en hongrois), afin de venir en aide aux plus démunis.
« On s’est déjà fait insulter parce qu’on aidait des migrants »
« Quand les migrants sont arrivés à Budapest, dans la gare, des groupes d’entraide citoyens se sont rapidement mis en place. Mais ce n’était pas bien vu par tout le monde. Un jour, Domonkos s’est fait insulter… parce qu’il distribuait des affaires aux migrants. En pleine crise des réfugiés cet été, le gouvernement [ultra-conservateur et xénophobe, dirigé par Viktor Orban, sous le feu des critiques pour ses remises en cause régulières des acquis démocratiques, NDLR] avait également lancé une campagne d’affichage anti-migrants. On pouvait y lire des avertissements aux étrangers comme : "Si tu viens en Hongrie, ne prends pas notre travail". »
- Activités dans un centre d’herbergement pour migrants en Autriche
Nous sommes persuadés que la tâche incombe à notre génération de jeunes ayant grandi dans des milieux privilégiés de lutter contre les discours xénophobes ancrés dans notre société. Nous sommes parfois en désaccord avec les générations précédentes, comme celle de nos parents qui sont issus des classes moyennes supérieures et pour qui il ne va pas toujours de soi de donner...
- Domonkos dans un centre d’hébergement pour migrants à Vienne
Mais ici, la plupart des associations caritatives, même si elles font du bon travail, sont encadrées… par des institutions religieuses. Il y a aussi des ONG internationales, mais il n’est pas toujours facile d’y trouver sa place et d’être pris au sérieux lorsqu’on a 17 ans. C’est pour cela que nous avons créé Most. Nous voulions faire partie d’une association indépendante dans laquelle tous les jeunes puissent se reconnaître.