En voyant ce que les gouvernements européens font en matière d’immigration, on peut se poser deux niveaux de questions. La Suède « doit » accueillir 140 000 à 190 000 migrants, pour une population de 9,8 millions d’habitants. Si la France faisait de même, elle accueillerait d’un coup un million de migrants du Proche-Orient. Soit l’équivalent de l’arrivée des pieds-noirs d’Algérie après 1962. Un choc social et économique, que la France a mis des années à absorber.
Aujourd’hui, la France a promis d’en accueillir 24 000. Un accueil, quand il est organisé, qui ne se fait pas sans mal. La ville de Calais peut en témoigner, même si les « réfugiés » de Calais n’ont pas été autorisés, officiellement, à y résider. L’État montre sa faiblesse, devant la pression des associations humanitaires, et peut-être de l’opinion. Mais plus sûrement des médias dominants, qui ne représentent plus l’opinion. Dans ce cas, les médias représentent-ils des intérêts supérieurs à celui de l’État et des Français ? Ceci étant posé, deux thèses s’affrontent.
La première est celle de la supradécision européenne, dite sorossienne, qui consiste à arroser les nations composant l’Union de millions de réfugiés, afin de faire éclater les frontières, et ainsi de faciliter les échanges, d’abord humains, puis économiques. Le rêve ultralibéral. Des échanges déjà facilités par les règles de l’Union européenne, qui priment les souverainetés nationales, mais qui donnent naissance à des résistances nationales. Jusque-là, tous les observateurs honnêtes sont à peu près d’accord.
C’est là où l’on peut aborder la deuxième thèse : le dommage politique collatéral qu’est la résurgence des nationalismes européens (France, Hongrie, Allemagne), est-il au fond désiré par l’oligarchie qui a décidé d’ouvrir le robinet à migrants, de faire exploser le barrage occidental, afin d’en inonder la riche Europe ?
Cela change tout.
Le grand capital, la gouvernance mondiale, le groupe Bilderberg, quelle que soit l’appellation de ces superdécideurs, ont-ils en tête cette renationalisation des pays touchés par leur bombardement migratoire, ou assistent-ils – pas impuissants, rassurez-vous – à une conséquence inévitable de leur politique de violence démographique ? L’altération à marche forcée d’un peuple étant une violence, car tout est question de dosage. Le rempart « antiraciste » ne tenant plus, on le voit en France avec l’abandon politique de ce thème, qui est devenu contre-productif.
Les Français, par exemple, savent très bien qu’au-delà de 30% d’enfants d’origine immigrée (de première génération) dans une classe, avec le logique retard culturel familial que cela suppose, l’enseignement n’est plus tenable. Et donc l’intégration, la francisation.
En « important », en plus des 250 000 immigrants annuels, des centaines de milliers de migrants en France, le pays va mécaniquement « basculer » du côté du Front national. Basculer étant ici péjoratif pour les uns, positif pour les autres. On serait tenté d’établir l’équation « un migrant = un vote FN », pour simplifier la relation entre les deux évènements.
Alors, sachant que cette réaction est inévitable, que penser de la décision oligarchique ?
Autrement dit, sur notre sol, quelles sont les chances du parti de Marine Le Pen d’accéder au pouvoir officiel, le vrai étant détenu par les forces oligarchiques précitées ?
La question devient : le vrai pouvoir a-t-il intérêt à laisser le FN gérer la crise sociale, en le faisant monter artificiellement par l’injection de doses massives de migrants, tout en profitant du réservoir de main d’œuvre à disposition (l’économie de survie, de la débrouille et du marché noir règnent déjà sur ces camps improvisés, avec des « paiements » d’avant la naissance du syndicalisme), et éventuellement, en criminalisant l’islam, qui constitue le liant religieux et culturel de ces néo-arrivants ?
Mais, avec cinq ou six millions de Français de confession musulmane sur son sol, la France a-t-elle besoin de musulmans étrangers qui vont poser des problèmes d’adaptation infiniment plus lourds ?
Une population qui ne parle pas le français, et qui s’accrochera forcément de manière plus dure à son ciment religieux. Que penser de ce risque social énorme, pris dans une espèce d’urgence apparente ? On a peine à croire à une politique du « n’importe quoi » empreinte d’humanisme. Nos dirigeants ne nous ont pas habitués à une telle absence de calcul. Ou alors les socialistes en place sont de vrais socialistes, amis du genre humain, et prêts à tous les sacrifices, économiques et sociaux, pour sauver l’Humanité entière, et accueillir toute la misère du monde.
Hypothèse à oublier aussitôt exprimée.
Alors, quoi, un plan d’ensemble ? Un arrosage des nations encore trop jalouses de leur souveraineté ? Des nations qui défendent encore leurs particularités, leurs frontières, leur terroir, les pauvres migrants n’étant que des pions dans ce jeu d’échecs géant, bélier humain poussé vers les remparts européens, pour défoncer toutes les lois sociales protectrices, qui se sont imposées par la force et la résistance des peuples ?
Ce ne serait pas la première fois que l’oligarchie utilise un peuple contre un autre (guerre), ou un peuple contre des autres.