Les journaux étrangers s’inquiètent de la radicalisation des opposants au projet de loi Travail en France.
Blocage des raffineries et des centrales nucléaires, grèves dans les transports, manifestations dans plusieurs grandes villes françaises : la mobilisation contre la loi Travail se durcit ce jeudi 26 mai. Une situation tendue scrutée de près chez certains pays voisins. Dans les colonnes de la presse étrangère, les journalistes redoutent une flambée des violences. Nombreux sont les commentateurs qui voient dans le conflit social français les prémices d’une révolution.
Le quotidien suisse Le Temps consacre cette semaine un dossier entier à la mobilisation contre la loi Travail, sous le titre « le risque d’une France qui craque ». Dès les premières lignes, le journal emploie une image martiale pour décrire la situation : « la fin du quinquennat de François Hollande ressemble à une guerre des tranchées. »
Pour son confrère la Tribune de Genève, « La France carbure à la révolte contre la gauche ». L’article dit la panique de la population qui se trouve prise dans une « guérilla du carburant ». Le diagnostic du quotidien genevois est sans appel : « L’encerclement du gouvernement socialiste est total. »
« Feu et flamme contre l’État français »
Climat anxiogène également dans les pages du Daily Mail, qui titre « Les gens se battent aux pompes à essence » : « Tandis que la grève du carburant bloque de nombreux touristes, voilà que des bagarres éclatent à présent dans les stations-service. » Le journal britannique rapporte ensuite le témoignage d’un ressortissant britannique vivant en France dans la vallée de la Loire : « Un de mes amis qui habite au Mans m’a raconté qu’il y a deux jours, des gens se sont battus avec la personne chargée de réguler le débit à la pompe à 20 litres par personne. »
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La presse étrangère souligne que ce déchaînement de violence lors des mouvements sociaux est une spécificité française. Le journal britannique The Independent va même jusqu’à citer le précédent de Mai 68 : « François Hollande a été contraint de nier que la France connaît une révolution de mai comparable aux mouvements étudiants et ouvriers en 1968 » et a déclaré qu’il s’agissait « d’un simple conflit traditionnel ». Et le journaliste de conclure : « Autrement dit : “Ne vous en faites pas, la France est simplement la France”. »