« “Le 24 février, sur décision du magistrat instructeur de Béziers, la section de recherches de Montpellier du groupement de l’Hérault et la compagnie de gendarmerie de Pézenas ont interpellé deux frères (22 et 24 ans), leur mère âgée de 44 ans et un homme âgé de 32 ans. Un troisième frère âgé de 25 ans demeurant dans un autre logement a, lui aussi, été arrêté”, a confirmé le procureur de la République de Béziers, Raphaël Balland. [...] Ils sont tous mis en cause dans une affaire de séquestration en vue de faciliter des actes de torture et de barbarie et d’autres faits très graves sur une jeune femme qui avait été découverte, le 2 novembre, inconsciente, avec un pronostic vital engagé, sur le bord du canal du Midi, à Vias. Elle était alors non identifiée. » (Midi Libre)
Des signaux très inquiétants nous viennent de la France située sous les radars des médias et des services sociaux. La désagrégation du tissu social, de la famille et de l’instruction sous l’impact du néolibéralisme à l’américaine produit des individus sans conscience, sans morale, sans empathie. Dans cette triple misère, ils passent à l’action, histoire de récupérer la moindre parcelle de pouvoir, et ce sont les plus faibles qui trinquent. Une sorte de guerre pauvres/pauvres mais de la pire espèce, une guerre civile sans gloire, sans idéal, sans rien.
« La jeune femme était en hypothermie (22°), légèrement vêtue malgré de basses températures, pesant moins de 40 kg et le visage tuméfié. Elle doit sa vie au passage d’un vététiste qui avait aussitôt appelé à l’aide. Elle avait été hospitalisée en état d’urgence absolue. »
La fracture sociale chère à Jacques Chirac, dont il se foutait comme de sa première bière, une fois qu’il partait en vacances payées par le milliardaire Pinault, produit aujourd’hui des sadiques à la chaîne. Des sadiques à l’image de certains dominants qui n’ont aucune conscience sociale, par définition, aucune morale, aucune empathie. On en trouve dans les cités, qui torturent leurs camarades de deal, on en trouve aussi dans les campagnes, frappées par une misère économique silencieuse. Nos élites taillent dans la chair du pays pour leur propre intérêt et leur propre bonheur. Ils découpent et vendent des quartiers entiers de notre économie au plus offrant, créant un chômage massif et une détresse existentielle dans des villes entières. Ce sont des tueurs sociaux en série.
« Des déclarations recueillies, en garde à vue, par les enquêteurs, il résultait que les relations entre la jeune femme et le frère de 22 ans se sont dégradées rapidement. À partir du mois de septembre 2019, il l’aurait maltraitée, enfermée dans un cagibi cadenassé, attachée, bâillonnée, régulièrement battue, vivant dans un état de saleté permanent, privée d’aliments et de soins et même parfois forcée à manger des excréments de chats. Il l’aurait également obligée à lui reverser ses prestations sociales, notamment pour s’acheter des jeux vidéos. » (Le procureur).
La multiplication des faits divers avec actes de barbarie est un signal à prendre très au sérieux. Il dit que le paquebot France est en train de passer, pour sa partie dite socialement inférieure, sous le niveau de flottaison. Or, ce n’est pas à la justice, ce pansement sur une jambe de bois, de réparer cette désagrégation sociale. La justice est dépassée, la police aussi : le problème est politique. Le système politique qui met les hommes en concurrence, donc fondé sur le meurtre symbolique, fabriquera de plus en plus de millionnaires et de malheureux. Il serait temps que les Français comprennent, au lieu de se chamailler entre partis politiques, entre confessions, entre sexualités, entre genres, qu’il y va de l’équilibre de notre pays.
Les grands comptes, le PIB, les exportations, le niveau du CAC40, tout ça c’est très bien, mais ce qui compte avant tout, c’est la santé mentale de la Nation. Des individus capables, en famille – et quelle famille ! – de faire ça à une jeune fille fragile sont des déclassés sociaux de premier ordre. Ils sont un symptôme, celui d’une dégradation plus générale, celle d’un Système qui devient de plus en plus impitoyable pour les pauvres, les fragiles, les isolés. Un tiers des SDF, un tiers des taulards devraient être pris en charge par la psychiatrie. Mais la psychiatrie française applique les lois du néolibéralisme, ferme des lits, réduit les budgets, les effectifs, les soins : la bombe sociale, malgré le soulèvement des Gilets jaunes, n’a pas encore vraiment éclaté. Quelque chose nous dit que ça ne va pas tarder.
Notre presse mainstream crie partout au danger djihadiste, mais les hordes d’individus déclassés et détruits moralement seront autrement dangereux : c’est toute une couche sociale, la base de la pyramide, qui s’enfonce.
Ce sont nos cannibales, nos zombies.