Tout dans le projet « Horizon » de la fondation « Merci » de la famille Cohen – ayant fait fortune avec les vêtements pour enfants Bonpoint – respire la caricature la plus nauséabonde, prêtant le flanc aux pires arrière-pensées. Dans le cadre d’un grand métissage généralisé, la famille Cohen, « convaincu[e] que les personnes réfugiées sont une chance pour la France », prévoit d’installer des centaines de familles euphémiquement nommées « réfugiés politiques » dans des villages français dépeuplés.
« Le monde dans lequel on vit, et je fais partie de ce mouvement aujourd’hui, est un monde de mouvement, et ça ne sert à rien de lutter contre ça, je veux dire, on a tous ces gens qui se referment sur eux-mêmes qui veulent rester dans la France avec les Français, ça ne veut rien dire les Français, les Français c’est que des étrangers en fait. »
Benoît Cohen
Le magazine Elle nous en apprendra un peu plus sur la famille nomade (« en mouvement », cf. supra) Cohen et leur petit îlot de tranquillité en plein Paris :
Paris, au pied de la tour Eiffel. La maison, une bâtisse du XVIIIe siècle, est planquée derrière un immeuble haussmannien. Les pièces donnent sur un petit jardin d’herbes folles, c’est la campagne à deux pas des Invalides. Benoit Cohen ouvre la porte : « Bienvenue chez ma mère ! » Le cinéaste et écrivain vit à Brooklyn, mais il est de passage pour présenter son nouveau livre, titré comme une comédie : « Mohammad, ma mère et moi ».
C’est donc à Callac (Côtes-d’Armor) que la famille Cohen a négocié avec le maire DVG Jean-Yves Rolland afin de repeupler une ville passée de 3 000 habitants (années 80) à 2 229 (2019) en raison de diverses fermetures d’industries (abattoirs, exploitations agricoles, etc.). Rien d’extraordinaire dans un pays qui a saigné son industrie après avoir saigné son agriculture, maximisant les profits en faisant travailler des pauvres à l’autre bout du monde pour vendre à des chômeurs en France.
Cette ville devient donc un de ces laboratoires du grand remplacement en action (eux parlent de « repeuplement », ce qui est strictement la même chose), où chaque parcelle de ce qui reste de notre beau pays doit être mis au jour des politiques de destruction du sentiment national et de la cohésion des populations autochtones. Tout cela pour faire reculer le fascisme latent prêt à ressurgir du ventre fécond de la bête immonde, il n’est qu’à relire Bernard-Henri Lévy (L’Idéologie française) ou, à la racine de ce programme parfaitement étudié, les travaux de l’école de Francfort (Max Horkheimer, Theodor Adorno, Jürgen Habermas, etc.).
La famille Cohen arrive donc à la fin de cette longue comète post-Seconde Guerre mondiale qui a irrigué le monde « blanc » de vagues migratoires de plus en plus vastes, jusqu’à celles des cinq dernières années qui ont peut-être rendu la situation désormais irréversible. L’heure de la sécession est peut-être advenue, toute assimilation – et même toute intégration – devenant de plus en plus improbable.
Aujourd’hui, justement, beaucoup de Français s’interrogent sur un exode rural inversé afin de quitter des centres urbains ou des périphéries allogènes bien trop interlopes et criminogènes, préférant une certaine grégarité ethnique et un cadre de vie plus paisible. Aussi, les plus complotistes – dont nous ne sommes pas, bien sûr – restent rêveurs sur la volonté désormais de parsemer chaque territoire reculé d’un zeste de mixité culturelle, comme s’il ne fallait plus qu’aucune zone franche ne puisse subsister et qu’aucun repli ne soit possible. Paranoïa ?
« On vous adjure, et tout à l’heure encore le pape d’une chrétienté malade, d’ouvrir largement vos portes. Moi, je vous dis, je vous supplie, fermez-les, fermez-les vite, s’il en est encore temps ! »
Jean Raspail
Le Camp des saints, éditions Robert Laffont, 1973
La firme Bonpoint est au moins raccord avec son idéologie puisque son propre site Internet ouvre sur une image devenue – il faut le dire – parfaitement banale de mixité ethnique (on ne doit plus dire « racial », mais cependant le racisme existe toujours – allez comprendre). À ce sujet, revisionner absolument la vidéo de Laurent Guyénot sur cette page.
Quelques années plus tôt, Ralph Ginzburg, célèbre éditeur américain de la revue Éros, avait publié une photo qui fit couler beaucoup d’encre sur le ventre blanc d’une femme, juste au-dessous de ses seins nus, deux mains jointes paisiblement, l’une masculine et noire, l’autre féminine et blanche. Photo accompagnée de cette longue légende : « Demain, ce couple sera considéré comme le pionnier d’une époque éclairée, dans laquelle les préjugés seront morts et la seule race sera la race humaine ». C’était exactement cela.
Jean Raspail
Op. cit.
À Callac on s’organise pour éviter une grande invasion qui rappellerait donc des souvenirs aux lecteurs du visionnaire Camp des saints (1973) :
Membre du collectif « pour la défense de l’identité de Callac », Michel Riou se récrie : « À Callac, il y a des gens qui cherchent du travail depuis longtemps, pourquoi on ne leur offre pas des formations, des logements réhabilités, à eux ?, s’étonne cet ancien adjoint au maire. Nous, on est apolitique et pas raciste, ça ne nous dérange pas qu’il y ait quelques familles immigrées à Callac. Mais je remarque que ces étrangers n’ont pas trouvé de travail ici. Depuis qu’ils sont là, ils vivent sur le compte de la société... »
in Le Figaro
Cependant, sans vouloir éventer la fin du roman, il est bien possible que tout cela finisse fort mal. Mais cette fois-ci autant pour les autochtones que pour les nouveaux arrivants, pendant que résonneront dans les campagnes le frottement des mains de philanthropes qui se sont assurés que leur charité bien ordonnée commencera comme toujours par eux-mêmes.