Égorgements, taillades, lacérations, coups de couteaux en tous genres, il y a bien une spécificité dans l’ultra-violence qui jaillit depuis une dizaine d’années. Le couteau, l’arme blanche en général, a remplacé l’historique bourre-pif, parfois pas très éloigné du lynchage, mais en général sans accessoires. Et en matière d’accessoires, on est passé tout au plus de l’objet contondant (le bon vieux bâton) à l’objet tranchant dont l’origine de l’usage semble fortement allogène.
Il ne s’agit pas dans nos colonnes de créer une rubrique de faits divers, ni de compiler les actualités orientées comme le fait un site de la fachosphère. Mais nous sommes obligés d’en faire mention lorsque, en quelques jours, s’enchaînent les crimes à l’arme blanche, tous liés à une violence qui n’a plus rien de rationnel et qui démontre une rupture civilisationnelle, voire anthropologique, dans les rapports entre les citoyens qui se côtoient (on ne peut plus décemment parler de vivre ensemble) dans un même pays (ou a minima sur un même sol, vu l’état du pays).
14 juillet 2022 (Loriol-sur-Drôme (Drôme)) : meurtre d’un homme de 37 ans, poignardé de trois coups de couteau. Sa compagne se trouvait près du lieu des faits mais n’aurait pas assisté à la scène.
14 juillet 2022 (Metz (Moselle)) : un homme a été poignardé à mort « manifestement au cours d’une rixe » dans la nuit de jeudi à vendredi 15 juillet. Il s’agit d’une rixe qui a opposé une « bande de jeunes majeurs de Longwy (Meurthe-et-Moselle) et deux individus » dans une rue piétonne du centre-ville. La victime âgée de 22 ans se trouvait avec « un groupe d’amis lorsqu’ils ont été agressés par deux hommes armés d’au moins un couteau ».
14 juillet 2022 (Amiens (Somme)) : « durant la nuit du 14 au 15 juillet 2022, sur la place René Goblet », proche de la gare, « un individu âgé de 23 ans est décédé des suites d’une blessure par arme blanche, en l’occurrence un unique coup de couteau au niveau du thorax » a indiqué le parquet d’Amiens.
15 juillet 2022 (Angers (Maine-et-Loire)) : trois jeunes hommes, dont un mineur, ont été tués par arme blanche et trois autres légèrement blessés dans la nuit de vendredi à samedi dans le centre d’Angers. « Le gars est venu me parler vers minuit. Il cherchait les embrouilles. On lui a dit plusieurs fois de partir. Il a agressé sexuellement des jeunes filles. Puis au bout d’1h30 ou 2h, il est revenu avec son couteau. Et c’est là qu’il a planté les trois jeunes. C’est allé très vite ». L’arme utilisée est un couteau de boucher.
16 juillet 2022 (Bourges (Cher)) : deux hommes ont été interpellés et placés en garde à vue, samedi soir. Ils sont soupçonnés de violences avec arme sur un jeune majeur qui a reçu quatre coups de couteau.
16 juillet 2022 (Toulouse (Haute-Garonne)) : un homme d’une cinquantaine d’années a été agressé par arme blanche, samedi 16 juillet, à Toulouse. La victime a reçu un coup de couteau dans la gorge avant de s’écrouler. Mais elle était encore consciente quand la police nationale et les secours, alertés par des témoins, se sont rendus sur place.
16 juillet 2022 (Nîmes (Gard)) : un homme âgé de 30 ans s’est présenté au domicile de son ex-compagne armé d’un couteau. Défonçant la porte à coups de pieds, il est alors rentré et s’en est violemment pris à son ex, lui assénant plusieurs coups de couteau, essentiellement aux avant-bras. L’un de ces coups de couteau a traversé l’avant-bras de la victime. Ne s’arrêtant pas là, l’agresseur s’en est ensuite pris au petit ami de son ex, lui donnant une dizaine de coups de couteau, lui causant notamment une plaie profonde au dos. Le tout sous les yeux des enfants que l’agresseur a eu avec sa victime.
17 juillet 2022 (Pessac (Gironde)) : la victime attendait le bus, vers 10 heures, dans le quartier de Compostelle, lorsqu’un passant a commencé à l’invectiver et à l’insulter sans raison. La femme n’a pas répondu, l’homme s’est approché et lui a porté un coup de marteau sur la tête et trois coups de couteau au niveau des bras et de la tête avant de s’enfuir à pied.
Ce lundi 18 juillet venant de débuter, nous cessons ici la longue litanie au dimanche 17. Chaque jour la violence ordinaire s’apparente davantage à une boucherie dont elle emprunte l’outil ordinaire.
Et encore, nous ne parlons pas des « grands égorgements » que fournit l’actualité régulièrement, les pères Jacques Hamel, les cousines Mauranne (égorgée) et Laura (éventrée), les Samuel Paty, etc. Et bien sûr toutes les autres victimes plus ordinaires, que l’actualité qui file nous a déjà fait oublier.
Et pourtant, alors qu’on nous avait promis que le Progrès amènerait naturellement les sociétés vers la paix et la concorde et que la violence n’était que scories en voie de disparition d’un passé bientôt révolu, il semblerait que le même progressisme qui nous a fait rêver nous ait parallèlement apporté la barbarie.