Une ONG israélienne dénonce un régime d’apartheid mis en place par Israël sur toute la zone entre la Méditerranée et le Jourdain. « Les Palestiniens vivant sous domination israélienne sont traités comme inférieurs en droits », affirme-t-elle.
L’organisation israélienne de défense des droits de l’homme B’Tselem a publié un rapport de huit pages le 12 décembre, mis en lumière par Le Monde, intitulé : « Un régime de suprématie juive du Jourdain à la Méditerranée : c’est l’apartheid ». L’ONG observe qu’il existe de fait « un régime, à l’intérieur des frontières d’Israël, qui est une démocratie permanente avec une population d’environ neuf millions d’habitants, tous des citoyens israéliens ».
« L’autre régime », lit-on dans ce rapport, « dans les territoires qu’Israël a repris en 1967, dont le statut est censé être déterminé lors des négociations futures, est [en fait] une occupation militaire temporaire imposée à quelque cinq millions de sujets palestiniens ». Or, pour B’Tselem, « des centaines de milliers de colons juifs résident maintenant dans des colonies permanentes à l’est de la Ligne verte, vivant comme s’ils étaient à l’ouest de celle-ci ». L’ONG note au passage que Jérusalem-Est a été officiellement annexée au territoire d’Israël et considère que la Cisjordanie a été annexée dans la pratique. « Bien qu’Israël n’ait jamais officiellement annexé la Cisjordanie, il considère le territoire comme le sien », affirme B’Tselem. « Plus de 2,6 millions de sujets palestiniens vivent en Cisjordanie, dans des dizaines d’enclaves, sous un régime militaire rigide et sans droits politiques », poursuit l’ONG dans son rapport, déclarant également que les Palestiniens vivant sous la domination israélienne étaient traités comme inférieurs en droits et en statut aux juifs vivant sur le même territoire.
En outre, si Israël a laissé la bande de Gaza sous contrôle palestinien, B’Tselem affirme qu’avec le blocus de 2007, « Israël a continué à contrôler presque tous les aspects de la vie dans Gaza depuis l’extérieur ».
Dans son texte, B’Tselem décrit un « apartheid » qui s’est mis en place à travers de nombreux mécanismes légaux et comportements : « Un régime qui utilise les lois, les pratiques et la violence organisée pour consolider la suprématie d’un groupe sur un autre est un régime d’apartheid. L’apartheid israélien, qui promeut la suprématie des juifs sur les Palestiniens, n’est pas né en un jour ou d’un seul discours. C’est un processus qui s’est progressivement institutionnalisée. »
« Une vision idéologique déformée », selon une ambassade israélienne
Le rapport de B’Tselem a été rejeté par l’ambassade d’Israël à Londres, dans des propos rapportés par CNN. La mission diplomatique israélienne qualifie ce texte d’« outil de propagande » et considère qu’il n’est pas fondé sur la réalité mais sur une « vision idéologique déformée ». « Israël rejette les fausses affirmations de ce soi-disant rapport... Israël est une démocratie forte et dynamique qui donne tous les droits à tous ses citoyens sans distinction de religion, de race ou de sexe. Les citoyens arabes d’Israël sont représentés dans toutes les branches du gouvernement – au parlement israélien, dans les tribunaux (y compris la Cour suprême), dans la fonction publique, et même dans le corps diplomatique où ils représentent l’Etat d’Israël dans le monde », affirme l’ambassade.
Elle reproche également à B’Tselem de ne pas avoir présenté son rapport au gouvernement israélien.