Nous sommes dimanche, programme culturel. Abel Gance, grand réalisateur de l’époque du muet, mais aussi – probablement moins heureux – du cinéma parlant, réalisa en 1927 un monstre du 7e art : Napoléon. Monstre par le sujet (la vie entière de l’Empereur), monstre par la durée (450 kilomètres de pellicule). Las, dès les premières projections en 1927, on comptait déjà plusieurs versions. Des décennies plus tard, c’est pas moins de 23 versions qu’identifiait Francis Ford Coppola.
Dieudonné, nous disions dans notre sous-titre. Albert Dieudonné (1889-1976), bien sûr ! L’acteur qui joua Napoléon jusqu’à la folie et exigea de se faire enterrer dans le costume de l’Empereur. Le film lui doit beaucoup tellement l’incarnation se fait, dans un sens presque littéral.
Ainsi donc le film Napoléon est un de ces films mythiques que personne n’a vraiment vu dans son intégralité (l’un des cas les plus emblématiques étant d’ailleurs probablement le Dune d’Alejandro Jodorowsky, musique de Pink Floyd et Magma... mais qui ne verra jamais le jour).
Aux 23 versions recensées par Coppola, on peut désormais en rajouter une 24ème (si le réalisateur américain ne l’avait pas déjà ajoutée). Et pas des moindres. D’abord parce qu’elle est française, et qu’Abel Gance est français et que c’est bien à la France que doit naturellement revenir ce travail et ce mérite.
Ensuite par sa durée : débutée en 2008, c’est seulement en juillet 2024 que les spectateurs pourront admirer le travail. Prions pour qu’il soit à la hauteur des promesses, car on peut dire que Georges Mourier nous vend plutôt bien son titanesque travail :
Ce petit reportage d’Euronews apporte quelques compléments techniques sur la restauration :
Dans la conférence suivante, donnée en anglais (mais sous-titrée en français), le réalisateur à la manœuvre Georges Mourier revient sur les différentes versions de Napoléon et les extrêmes difficultés qu’ils ont du affronter pour rétablir les différents originaux (versions Apollo ou Opéra) et qu’à ce jour personne n’avait réussi à véritablement démêler. « Le projet de restauration le plus colossal de l’histoire du cinéma » nous dit Paris Match !
Elargissons le débat et revenons avec deux cinéphiles sur les différentes versions de Napoléon Bonaparte au cinéma : on ne les compte plus ! Les frères Lumière, Sacha Guitry, Clarence Brown, Henry Koster , etc., jusqu’à Ridley Scott – fort critiquable !
Enfin, les anglophones pourront écouter avec intérêt l’interview faite en 2012 de l’un des grands spécialistes de l’histoire du cinéma muet, Kevin Brownlow. On lui doit une reconstitution du Napoléon d’Abel Gance auquel il consacra vingt années de sa vie :
Retour en France. La version enfin restaurée sera jouée en deux soirées (3h40 puis 3h25) à Paris (uniquement, malheureusement) avec l’orchestre de Radio France qui exécutera la musique en direct pendant la diffusion du film. Mais pressez-vous, presque toutes les places sont déjà parties dès le premier jour de la mise en ligne de la billetterie, ce 1er mars !
L’épopée napoléonienne d’Abel Gance sera enfin dévoilée, après 16 ans de travail, dans sa version inédite, intégrale et définitive de 7 heures, en 2 parties les 4 et 5 juillet prochains à la Seine Musicale. Pour cette première mondiale, les formations musicales de Radio France interpréteront la nouvelle partition du film créée à cette occasion à partir du répertoire classique. Un ciné-concert symphonique exceptionnel à la hauteur de ce monument du cinéma, sorti en 1927.
Le film le plus impressionnant sur Napoléon Bonaparte depuis 100 ans, avec son triptyque final légendaire, sera projeté sur écran géant avec plus de 250 musiciens sur scène qui couvriront 300 ans de musique symphonique, dont les œuvres parmi les plus célèbres, de la Symphonie héroïque de Beethoven à la Marseillaise orchestrée par Berlioz. L’Orchestre National de France, l’Orchestre Philharmonique de Radio France et le Chœur de Radio France, sous la direction de Frank Strobel, accompagneront en musique ce film-opéra, les 4 juillet pour la première partie (3h40), et 5 juillet pour la seconde (3h25), dans l’une des plus grandes salles de spectacle de France, la Grande Seine de la Seine Musicale à Boulogne-Billancourt.
La Cinémathèque française a mené, avec le soutien du CNC, cette reconstruction colossale du film Napoléon qui avait fait l’objet de nombreux remontages et mutilations au fil de son histoire. Il n’a plus jamais été présenté au public, dans sa version d’origine et intégrale dite "Grande Version", depuis 1927.
De la jeunesse de Bonaparte à la campagne d’Italie, cette fresque immense est conçue pour que vous viviez une expérience inoubliable.