On vous rassure tout de suite, ce n’est pas un énième shoah-movie, mais un film sur la situation compliquée des juifs français pauvres en période de guerre : maman Jaoui et fiston Mika habitent en HLM au milieu des Arabes, ce qui est une allégorie. L’appart c’est Israël, la cité c’est le monde arabe hostile.
Maman est malade, fiston est candide, il parle à tout le monde, même aux Arabes. En plus, lui qui est tout maigre et puceau a une expérience (sexuelle) avec une voisine arabe bien en chair. Maman n’est pas au courant, en plus elle est malade.
Voilà pour le décor. La veuve Bacri a le premier rôle dans ce film mi-drôle mi-amer, qui reprend donc les codes des Bacri-Jaoui : Le Goût des autres, Cuisine et Dépendances, Un air de famille, pour les plus réussis.
On pourrait penser que le préfet de Paris interdirait le film pour un « risque de troubles à l’ordre public » en période de guerre israélo-palestinienne, mais non, rien du côté de la censure préfectorale. Le film est bien sorti le 24 janvier 2024, en voici la bande-annonce :
Les complotistes crieraient au contre-feu philosémite en plein génocide palestinien, mais le film était sur les rails avant le 7 Octobre (on a vérifié). En même temps, des esprits plus malins argueraient que « de toute façon c’est que des films de sionards qui sortent en France donc Jaoui ou un autre c’est toujours des contre-feux permanents », ce qui est faux. Il y a par exemple des films avec Franck Dubosc, qui est un bon Français, ou de Dany Boon, qui est un bon Franco-Américain. Sinon Omar Sy, qui est un bon Américain.
Bref, on va pas taper dessus. Pas la peine parce que ça ne trouvera pas son public avec Agnès en Marthe Villalonga et son Michael Zindel de fils, qui grand-remplace Vincent Lacoste, le bon Français qui incarne en général les ados au cinéma. On n’a pas vu le film, donc on ne critiquera pas – on critique juste le projet politique –, mais on vous refourgue la critique culturelle de la LICRA. Eh oui, la LICRA ne fait pas que surveiller et punir (les Français), elle fait aussi dans le culturel.
Si l’hostilité aux juifs est présente (des cambrioleurs laissent un tag « rien à foutre de la Shoah », un électricien refuse d’entrer chez les Bellisha car il a peur de la mézouza sur la porte…) mais c’est l’humour qui l’emporte, un humour désabusé ; et parfois l’autodérision, comme lorsque Bellicha s’exerce à dire avec assurance qu’il est juif, dans l’attente des questions que ne manqueront pas de lui poser les clients auxquels il veut fourguer ses pompes à chaleur. Les deux acteurs principaux sont excellents.
La LICRA a adoré, validé et non censuré, on dira que c’est le principal. Mais ça ne résout pas le problème des salles vides, une sorte de boycott qui ne dit pas son nom.
Au fait, pendant le génocide palestinien, la jurisprudence sur le boycott des produits israéliens a-t-elle évolué ? Bonne question, à laquelle France Info a répondu.
Peut-on dire « je boycotte les films français de confession juive parce que ce cinéma contribue à donner une image positive du gouvernement israélien alors qu’il commet des crimes contre l’humanité en Palestine » ? La question elle est vite répondue parce que, tout simplement, les gens n’iront pas voir tel ou tel film pour des raisons qui leur sont personnelles, et qu’ils n’ont pas besoin d’exprimer.
Dans ce cas, histoire d’éviter les foudres de la LICRA (ou de la justice, c’est presque kif-kif), on boycotte en son âme et conscience sans le crier sur les toits. Et c’est ce qu’il se passe, objectivement.
En outre, ce qu’avance Nora Bussigny, reprise par France Info, est bidon : on a le droit de faire des courses anti-Israël avec l’appli Boycott X, qui « rencontre un succès inquiétant » pour Nora.
« L'appel au boycott et le boycott sont illégaux en France (...) Cette application ne serait pas légale »
« Boycott X » : la nouvelle application française de courses anti-Israël. Enquête de @NoraBussigny pour Factuel Média https://t.co/Jlcx9D4Gar pic.twitter.com/T94V8vvqfB
— Factuel (@FactuelOff) January 20, 2024
« Boycott Israël ». La formule revient en force, ces dernières semaines, sur les réseaux sociaux. Depuis la recrudescence des conflits au Moyen-Orient, les appels à mettre à l’index des produits israéliens ou de marques accusées de soutenir le régime de Benyamin Netanyahou se multiplient. Lundi 22 janvier, le média Factuel a interrogé Gérard Haas, un avocat spécialisé dans le droit numérique, au sujet de l’application Boycott X, qui permet de scanner des produits et d’identifier les sociétés figurant dans des listes de boycott. Sur l’antenne de Sud Radio, samedi, la journaliste Nora Bussigny, autrice de l’article, a repris les propos de l’avocat : « L’appel au boycott et le boycott sont illégaux en France ». Des internautes ont dénoncé cette allégation, assurant que l’appel au boycott était légal en France. Mais que dit vraiment la loi ?
Si on ne va pas voir le Jaoui, ce n’est pas parce que Nénesse est juive, car ça ne nous a pas empêchés d’applaudir Cuisine et Dépendances, au cinéma et au théâtre, mais parce qu’il faut équilibrer un peu avec des films pro-palestiniens ou pro-arabes. Qu’on attend encore. Allo, le CNC ?