Comment démolir un projet inclusif bien démago sans toucher aux catégories discriminées à l’intérieur ? C’est tout notre problème du jour, mais c’est possible en distinguant bien les catégories, justement. En voiture, Simone Veil.
Un nouveau genre : le gentillisme
Les films sur le handicap (englobe les discriminés) ont toujours cartonné : on se souvient tous de Philadelphia avec Tom Hanks ou d’Intouchables, avec Cluzet en vieux Blanc impotent ressuscité par Sy en jeune Noir surpuissant, une sorte d’allégorie de la France antiraciste de 2011. Comprendre que la vilaine France raciste ne peut s’en sortir qu’avec l’aide de la gentille France racisée. Dans la réalité, malgré les pubs sur les racisés qui font tout le taf et qui dirigent notre monde, c’est un peu différent.
On ne peut pas critiquer un film sur le handicap au risque d’égratigner les handicapés, qui seraient, tous styles confondus, 2,8 millions en France (dont 140 000 dans des établissements).
Cependant, la définition est extensible : pour nous, par exemple, les gauchistes tendance woke sont des handicapés sociaux, et on ne plaisante pas. Ils sont mille fois plus dangereux que les handicapés mentaux, car ces derniers ne font généralement de mal à personne, tandis que les gauchistes, qui sont sûrs d’avoir raison, démolissent le pays par leur ignorance persistante.
Artus, humoriste gentillet de son état, a écrit un film sur et avec des handicapés mentaux. C’est le jackpot, même avec un scénar maigrichon, car ça touche ceux qui ne s’occupent pas de décortiquer les projets, soit le grand public. Devant le manichéisme, on verse sa larme, on trouve ça positif, inclusif, bref, on marche dans la combine aux ficelles larges comme les cordages du Belem.
Le feelgood movie est-il sorti d’un laboratoire P4 ?
Précisons qu’on n’a pas été voir le film (gain : 10 euros et 2 heures), tant sa construction semble évidente, sa dramaturgie bateau avec une problématique pour enfants : deux héros qui se retrouvent dans un camp de vacances pour handis, le choc des « cultures », puis, derrière le handicap à première vue repoussant, des petits cœurs qui battent, une sensibilité, et tout le monde s’embrasse à la fin, surtout Artus et Alice Belaïdi. C’est sûr que le gros va pas sortir avec une triso. C’est la limite de l’inclusivité.
Alice, rare survivante de ce naufrage, c’est la chaudasse qui a joué la meuf du rappeur dans une scène d’anthologie de Radiostars. On a tous les jetons d’avoir une compagne comme ça. En même temps, le côté positif, c’est qu’elle est très jolie et ne semble pas très féministe. C’est du 50/50.
Alice fait le job
Au fond, on n’en veut pas aux dix millions de normies qui ont fait de cette chose insipide du niveau d’un téléfilm de France 3 un succès phénoménal. Ils ont besoin de bons sentiments, d’une société réconciliée, et que les fragiles ne soient pas abandonnés.
Au lieu de ça, dans la réalité, les SDF crèvent dans les rues (on vient d’en voir un qui ressemblait à un mort de faim sur les trottoirs du ghetto de Varsovie en 42), les malades crèvent aux urgences et les vieux crèvent en Ehpad, bien aidés par les Dr Mengele qui se succèdent au sommet et par les aides-soignantes rendues sadiques par le choix profitable du sous-effectif.
Si un film peut aider, pourquoi pas, mais alors c’est une drogue menteuse, un élixir de charlatans : cette France idéalisée est en train de partir au Rivotril ultralibéral et on est prêts à parier que dans ces dix millions de gogos, beaucoup ont voté Macron, et beaucoup sont survaccinés. Statistiquement, quand un film dépasse les dix millions d’entrées, c’est que les boomers ont soulevé le cul de leur fauteuil pour aller au cinoche.