Je m’appelle Baptiste, 27 ans, originaire de Bourgogne. Je viens de participer au 19ème Festival mondial de la jeunesse et des étudiants, « The 19th World Festival for Youth and Student », qui s’est tenu à Sotchi du 14 au 22 octobre en Russie. Ce festival a pour objectif de réunir la jeunesse mondiale et de lui permettre d’échanger dans l’optique de bâtir ensemble un meilleur avenir. Il convient d’ores et déjà de préciser qu’un pourcentage important des participants se revendique communiste ou d’appartenance à des mouvements pro-communistes. C’est sur le site de ré-information controversé Égalité et Réconciliation que j’ai appris l’existence et la tenue du festival au sein de la ville hôtesse des Jeux Olympiques d’hiver 2014. Ma motivation première fut d’avoir l’opportunité de rencontrer des jeunes originaires du monde entier, point tant dans le but de parler politique mais davantage parler tradition, mœurs, coutumes et modes de vie. À travers cet article, j’entends partager mes analyses quant à l’image que la Russie a voulu donner d’elle-même mais aussi de dévoiler le décalage entre les informations reçues sur ce pays depuis l’Occident et la réalité constatée sur place.
- Le 19e Festival mondial pour la jeunesse et les étudiants s’est tenu à Sotchi (Crédit : Baptiste Quétier)
Tout comme 20 000 autres participants, mon dossier de candidature a été accepté. Dans celui-ci et suite à une expérience éducative réalisée auprès de 12 migrants inscrite dans le cadre de mes études, je soulignais vouloir parler des phénomènes migratoires actuels en Europe et de leurs conséquences sur l’enseignement dans le domaine du Français Langue d’Intégration. J’y ai également relevé les caractéristiques qui constituent mon identité profonde : catholique pratiquant, traditionaliste, patriote, eurosceptique, anti-immigrationiste, pro-Vladimir Poutine, ancien Jeune Ambassadeur à l’Office franco-allemand pour la Jeunesse et démissionnaire lors des élections présidentielles pour incompatibilité d’opinions : l’O.F.A.J, association financée et promue par l’U.E, apporte un soutien inconditionnel et naïf à l’immigration de masse. La première chose que je puis dire sur le festival est que mon profil a dû véritablement intéresser les organisateurs du festival. J’ai en effet été trié sur le volet et ai figuré parmi les 1500 participants sur les 20 000 qui ont eu la chance de participer à un programme régional comprenant un séjour de trois jours tous frais payés au sein d’une ville de Russie. Sébastopol m’a été échue.
- Mon profil : Français catholique, patriote, pro-Poutine
Pour commencer, rappelons que cette ville représente tout un symbole. Elle a en effet été au centre de l’actualité internationale lors de l’annexion de la Crimée par la Russie en 2014. Au jour d’aujourd’hui, le gouvernement français refuse officiellement de reconnaître ce basculement géopolitique. Le Président de la République française, Emmanuel Macron, a affirmé le 26 juin 2017 à l’occasion d’une visite de son homologue ukrainien, Petro Porenchenko : « La France ne reconnaîtra pas l’annexion de la Crimée ». [1] De nombreux articles avaient également mis en doute la validité des résultats du référendum [2] en faveur du rattachement à hauteur de 95%. [3]
Voici ce que j’ai vu de mes propres yeux et entendu de mes propres oreilles à Sébastopol. Tout d’abord, toutes les rues sont décorées de drapeaux russes, ainsi que de nombreux rebords de fenêtres, balcons, et bien évidemment, l’intégralité des bâtiments officiels. Des dizaines de panneaux distribuant des messages de félicitations et de remerciements destinées à Vladimir Poutine, qui venait de célébrer son 65ème anniversaire, sont situés à l’intérieur et l’extérieur de la ville. On peut y lire : « с днем рождения нашего президента » (« Joyeux anniversaire à notre Président »). On pourrait alors penser qu’il s’agit d’une opération de propagande émanant de la nouvelle administration criméenne. Mais de simples échanges avec la population permettent d’en avoir le cœur net.
- Drapeaux russes et portraits de Vladimir Poutine sont omniprésents à l’intérieur et l’extérieur de la ville
Au cours de mes trois jours de séjour, du 14 au 17 octobre 2017, je me suis ainsi efforcé de parler avec un maximum de locaux : étudiants de l’université de Sébastopol et de l’université-annexe de Moscou située à Sébastopol, professeurs universitaires, journalistes, accompagnateurs et personnel de l’hôtel Aquamarine où nous logions, soit en tout approximativement une vingtaine de personnes. Tous m’ont répondu unanimement la même chose : ils soutiennent le rattachement et sont reconnaissants envers Vladimir Poutine de les avoir réintégrés au territoire russe. Les discours de deux personnes m’ont particulièrement interpellé : celui d’une professeur à l’université de Sébastopol et celui de notre guide traductrice. Lors d’une conférence que nous avions donnée à l’université au moment d’une séance de questions-réponses, j’avais demandé à notre auditoire ce qu’ils pensaient de l’annexion. La professeur en question m’a répondu : « Nous n’avons pas été annexés car nous n’avons jamais quitté la Russie. Nous étions Ukrainiens de papier mais nos cœurs n’avaient jamais quitté la Mère Patrie. » De même, sur le chemin du restaurant, j’ai demandé à notre guide traductrice de me détailler la journée où s’est tenu le référendum. « Il faisait beau et les gens sont venus voter en famille. Il y avait une réelle ambiance de fête dans toute la ville et la région. » m’a-t-elle répondu avec le sourire.
- À Sébastopol, les gens se sentent authentiquement russes
Par ailleurs, il faut souligner une chose, corroborée par le témoignage de cette professeur, à savoir : même lorsque la Crimée appartenait à l’Ukraine, le cœur patriotique de la population appartenait à la Russie. Sébastopol fut un champ de bataille dramatique au cours de la Seconde Guerre mondiale. Des milliers de soldats soviétiques ont opposé une résistance acharnée face aux armées du Reich pour défendre la ville en 1942 et nombre d’entre eux y ont perdu la vie ou ont fini prisonniers. La prise en compte du contexte historique devient alors une clé d’analyse essentielle pour comprendre l’âme et le cœur des Sébastopoliens. J’ai eu ainsi tôt fait de m’apercevoir que la défense du territoire, le respect du drapeau et l’hommage au sacrifice des héros soviétiques sont des valeurs sacrées et expliquent l’attachement des gens à l’actuelle Russie.
- Ce monument rend hommage aux soldats soviétiques sous-mariniers de la Seconde Guerre mondiale
- Ce monument rend hommages aux soldats de l’infanterie et de la marine soviétiques de la Seconde Guerre mondiale
Anecdote : le jour de la cérémonie d’ouverture du festival, que nous avons regardée en rediffusé, j’ai fièrement tenu un petit drapeau russe au moment où se mit à résonner l’hymne national de la Fédération de Russie. À aucun moment je n’avais imaginé que par ce simple geste, je passais du stade de simple participant à mini-héros local. Les gens ont été authentiquement touchés de cette attention et couvert par la suite d’une multitude de cadeaux. Tant et si bien qu’il m’a été assez difficile de boucler ma valise lors du départ. Ainsi, au-delà d’une volonté manifeste de la part des autorités de vouloir nous en mettre plein la vue (hôtels et restaurants 5 étoiles) et de se servir de notre présence à des fins de communication propagandiste (omniprésence de plusieurs équipes de journalistes), l’hospitalité, la gentillesse et l’authenticité des gens qui nous ont accueillis et accompagnés n’a porté aucune trace de superficialité. Ils étaient sincèrement heureux de nous recevoir et encore plus heureux de constater notre respect et notre compréhension vis-à-vis de leur foi et leur amour en la Patrie. Ma conclusion sur la Crimée est qu’un simple séjour sur place et quelques conversations avec les locaux suffisent à mettre à mal toutes les allégations véhiculées dans les médias occidentaux sur le sujet.
- Les étudiants sébastopoliens étaient sincèrement heureux de nous recevoir
- Sébastopol a sorti le grand jeu pour nous : drapeaux, tambours et trompette à notre arrivée
- Les équipes de journalistes étaient omniprésentes
- Les Sébastopoliens ont été très touchés que nous soutenions leur patriotisme et leur attachement envers la Russie
Sochi. Le premier mot qui me vient à l’esprit lorsque j’évoque cette ville est « démesure ». Hôtels, installations olympiques, personnel engagé dans l’organisation, moyens financiers investis, taille du site, tout appartient au domaine de la démesure. Le moins qu’il est possible de dire est que la Russie s’est acharnée à mettre le paquet afin de nous en mettre plein la vue pendant toute la durée du festival : don d’un pack souvenir, d’un téléphone portable et d’une carte SIM à chaque participant (rappel : nous étions plus de 20 000), entrée gratuite au parc forain Sotchi Park, activités, hôtel, nourriture et wifi gratuits, déploiement impressionnant de forces de sécurité et même un spectacle aérien d’avions militaires. Il y était impossible de ressentir la dimension de sincérité et d’authenticité de Sébastopol tant s’imposait le caractère gigantesque du festival. La première analyse est donc la suivante : la Russie a profité de la présence de la jeunesse du monde entier pour donner la meilleure image d’elle-même. Et Dieu sait si la jeunesse du monde entier était bel et bien présente.
- Sotchi a accueilli les Jeux Olympiques d’hiver en 2014
- Les installations olympiques de Sotchi appartiennent au domaine de la démesure
Des délégations originaires des 5 continents se sont ainsi retrouvées dans un joyeux mélange de langues parlées, de couleurs de peau, d’accessoires vestimentaires culturels, de chants, de danses et de costumes. 7 000 volontaires étaient présents sur l’ensemble du site pour nous renseigner, nous guider, et maintenir notre bonne humeur. Et Dieu sait également si la bonne humeur était effectivement au rendez-vous. En six jours de festival, je n’ai vu que des sourires, des échanges fraternels et des conversations amicales sans constater une seule échauffourée ou quelconque autre animosité. Le programme contenait des conférences quotidiennes au cours desquelles se sont exprimés de nombreux jeunes experts en nouvelles technologies (de l’informatique, de la communication, de l’environnement), ainsi que des leaders politiques anti-impérialistes : défenseurs équatoriens de la forêt amazonienne contre la multinationale Chevron, Syriens pro-Bachar, activistes de jeunesses communistes à tendance chaviste, castriste, leniniste, chegevariste ou encore maoïste.
Anecdote : un journaliste français à qui j’ai refusé une interview m’avait demandé pourquoi j’assistais à ce festival alors que je ne suis aucunement défenseur du communisme (dans le texte : « Vous n’êtes pas coco et vous êtes là ? Bah pourquoi ? »). Comme je l’ai expliqué à ce reporter de seconde zone, prostituée de l’information mainstream : bien que j’appartienne à la droite nationale, rien ne m’empêche d’être ouvert au dialogue, d’aller à la rencontre de l’autre et surtout de voir quels sont les sujets sur lesquels nous sommes en accord : la défense de l’agriculteur et de l’ouvrier, le concept de l’État-Providence, la lutte contre les lobbies et groupes d’influence capitalistes bankster. J’ai ainsi pu parler avec des Kazakhs, des Ouzbeks, des Russes de Sibérie, du Daghestan, de Vladivostok mais aussi avec des Cubains, des Hongrois, des Lituaniens, appartenant ou non à des groupes de jeunesses communistes, et même avec des Nord-Coréens, dont la politesse et la réserve m’ont agréablement surpris. Nous avons ainsi beaucoup échangé sur nos modes de vie comme je le souhaitais et sur nos visions politiques.
Par ailleurs, moi qui fièrement exhibe en permanence mon petit béret, je puis affirmer être chanceux d’être Français : quelle que soit la nationalité de l’étranger rencontré, celui-ci aime la France et la culture française. Nous avons un énorme potentiel à exploiter dans la partie orientale du monde. Néanmoins, bien que les échanges aient été authentiquement intéressants, j’ai eu le sentiment que la jeunesse présente au festival était déjà acquise à la cause russe dans la volonté de ce pays de redonner aux rapports de forces mondiaux un équilibre multipolaire. Par exemple, je n’ai pas vu d’intervenants « impérialistes » au cours des conférences anti-impérialistes, ni d’intervenants pro-U.S.A au cours de conférences pro-Russie. Il s’agissait uniquement de présenter des faits et des points de vue et non d’organiser des débats d’opinions, ce qui aurait pourtant été, à mon sens, éminemment intéressant.
- La jeunesse mondiale était représentée. Ici, des membres de la délégation ouzbékistanaise en costume traditionnel.
- Des Syriens pro-Bachar El Assad étaient présents
- Une délégation nord-coréenne était présente
Que retenir de ce festival ?
Il s’est clairement agit d’une opération de communication à très grande échelle. Au moment où la Russie s’affirme de plus en plus en tant que partenaire incontournable sur la scène internationale, celle-ci a voulu marquer les esprits de la jeunesse mondiale à raison de moyens colossaux. Il est apparu que les investissements effectués ont été à la hauteur de l’impact espéré par les autorités russes sur la jeunesse mondiale. Dans une très large mesure, je pense que cette mission a été accomplie. Si tous les participants avec qui j’ai conversé sont d’accord pour reconnaître le côté propagandiste et politique de l’évènement, l’effet concret exercé sur les esprits n’en est pas moins positif : nous repartons tout satisfaits de l’organisation du festival tant des points de vue de la sécurité et de la composition du programme que des échanges culturels réalisés. Nous repartons avec le sentiment que la Russie est un puissant pays, capable de mobiliser des ressources considérables pour arriver à ses fins. Elle est donc sans conteste parvenue à nous contenter et à se donner auprès de nous une image positive, qui fut sans ambiguïté l’objectif principal du festival. Mon principal regret est de ne pas avoir eu l’occasion de rencontrer autant de Grecs, d’Italiens, d’Allemands, d’Autrichiens que je l’espérais afin que nous puissions échanger nos points de vue sur le phénomène migratoire actuel en Europe.
Personnellement, après avoir passé un total de 21 jours en Russie et avoir visité Saint-Pétersbourg et Moscou avant Sebastopol et Sotchi, je dois avouer que le patriotisme, la foi en Dieu et la profondeur d’âme des Russes m’ont davantage impressionné que les moyens pharaoniques déployés pour le festival. À tel point que j’ai décidé de partir m’installer à Saint-Petersbourg pour y apprendre la langue et commencer ma carrière professionnelle d’enseignant de F.L.E. En effet, j’ai le profond sentiment que la Russie est pour n’importe quel ressortissant de l’Hexagone une terre d’opportunité et pour n’importe quel adepte de la Tradition, une terre d’asile, loin des délires LGBT, des politiques généralisées en faveur de la GPA et PMA et autres lubies d’écriture inclusive qui caractérisent malheureusement notre paysage politique et sociétal actuels. Je compte ainsi observer, analyser, m’inspirer du meilleur de ce qu’il y a à prendre de la société russe afin de l’introduire et l’adapter au sein de notre société, malade d’une baisse de spiritualité et empêchée de s’occuper des véritables préoccupations telles la défense de la famille et celle de notre identité nationale et culturelle.
Russie, me voilà ! France, tu me retrouveras !
- Une nouvelle vie commence pour moi désormais en Russie