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Poutine sur tous les fronts : Europe, Allemagne, Turquie, Syrie

Poutine, qui milite pour un ponde multipolaire, est-il multiple ? On pourrait le croire à juger de son activité internationale. Poutine se démultiplie sur tous les fronts : Ukraine, Turquie, Iran, Syrie, Europe... Mais le président russe n’oublie pas les intérêts de la Russie. Ce vendredi 29 septembre 2017, le géant pétrolier russe s’offre l’ex-chancelier allemand Gerhard Schröder. Il intégrera le directoire de la société valorisée à 100 milliards de dollars.

 

Aussitôt les experts de la station Europe 1 ont réagi à leur manière, c’est-à-dire selon la pensée dominante, dont on rappelle qu’elle est socialo-sioniste à intérêts américains. Vous allez voir que l’analyse est tout sauf indépendante. Au micro, le rédacteur en chef du JDD, François Clémenceau. Qui gagne son poids en or dans les services de la propagande de la CIA et de l’OTAN :

« Vendredi, l’ancien chancelier, 73 ans, va intégrer le directoire de Rosfnet, le géant du pétrole russe qui exporte dans le monde entier et qui est valorisé à 100 milliards. Sauf que depuis, il y a un contentieux qui ne passe pas entre la Russie et l’Europe et qui s’appelle l’Ukraine. Depuis que la Russie a annexé par la force la Crimée et occupe le Donbass, les Européens ont entrepris de sanctionner le Kremlin pour son comportement agressif et déstabilisateur en Ukraine, candidate à l’époque à l’Union européenne. Pour que la punition soit efficace, il fallait frapper au portefeuille et donc les dirigeants de Rosneft sont aujourd’hui sous sanction et leurs activités commerciales et bancaires sous surveillance.

[...]

Ne serait-ce pas plus simple si l’Europe était moins dépendante de la Russie ? C’est évidemment la faille dans laquelle les Russes s’engouffrent. Sur la plupart des projets qui visent à diversifier nos approvisionnements, Moscou s’arrange pour diviser. Comment ? En vendant progressivement le capital de Rosneft à des sociétés étrangères. Ce fut le cas avant le Brexit avec British Petroleum (BP) mais aussi avec l’italien Enel et plus récemment avec le Qatar mai surtout en les associant à des projets de gazoducs qui passent par le Nord et maintenant le Sud de l’Europe. Une source européenne me confiait jeudi : "Sur l’Europe de l’énergie, nous sommes en panne." En panne, à cause de nos divisions face à une pieuvre qui paye très bien ses nouveaux oligarques européens. »

La chronique complète sur l’horrible « pieuvre » russe qui menace l’Europe figure sur le site d’Europe 1. Pas étonnant que les rédactions d’Europe 1 et du JDD soient en instance de fusion, l’euphémisme pour réduction.

On se tue à le répéter : la propagande est cette information nauséabonde qui éloigne le public, et donc l’influence, et donc le profit. Le capitalisme se tire une balle dans le pied en nous serinant des informations tronquées qui ne correspondent pas aux intérêts des peuples mais de leurs oligarchies, ou de l’oligarchie internationale, pour celles qui s’y inscrivent.  

 

 

Outre le dossier ukrainien, c’est-à-dire celui des relations entre la Russie et l’Union européenne, Poutine se retrousse les manches pour renouer des liens avec la Turquie, les deux pays ayant été en frontal depuis l’épisode de l’avion russe abattu au-dessus de la Turquie, il y a deux ans, le 3 octobre 2015. Depuis, les deux chefs d’État se sont rapprochés, et ont mis fin aux opérations de sanctions économiques mutuelles qui coûtaient aux deux pays. Cependant, les Russes et les Turcs ne jouent pas le même jeu en Syrie.

Poutine était le jeudi 28 septembre 2017 en Turquie pour évoquer le conflit syrien. En parallèle de cette rencontre, la vente d’armes sophistiquées (le système de défense S-400) à la Turquie, qui s’éloigne de facto de l’OTAN, même si elle en fait toujours partie. Mais Erdogan a toujours joué sur deux tableaux, voire plus, et parfois trop, ce qui a eu des conséquences néfastes pour son pays. Il a failli en 2016 y laisser sa place, et peut-être sa peau, dans la nuit du 15 au 16 juillet 2016.

Concrètement, la Turquie soutient les « rebelles » syriens, c’est-à-dire les islamistes, qui s’opposent aussi aux Kurdes, ces derniers ayant dans leur jeu les Américains et les Israéliens. La Russie et l’Iran soutiennent toujours la Syrie, la Syrie légitime et son président élu, Bachar al-Assad. Les trois parties – Russie, Iran, Turquie – se sont entendues à Astana le 15 septembre sur la constitution de zones de désescalade, plus ou moins respectées sur le terrain. Parfois, un bombardement américain vient troubler le jeu et les accords.

Opération de déminage russe à Deir Ez-Zor :

« De fait, les conditions nécessaires ont été créées pour mettre un terme à la guerre fratricide en Syrie, (infliger) une défaite finale aux terroristes et permettre aux Syriens de retourner à une vie paisible » (Vladimir Poutine)

Après le règlement militaire de la question syrienne, en voie d’achèvement, se profile le règlement politique, qui s’avère extrêmement complexe, tant les parties en présence ont des intérêts divergents. Dans la main de Poutine, une victoire sur le terrain, et le non-rejet d’une indépendance éventuelle du Kurdistan, qui sonne comme une menace sur la souveraineté et les ambitions régionales de la Turquie. Du côté d’Erdogan, le Parlement turc va se prononcer sur une extension du mandat autorisant une intervention militaire en Syrie... Le partage des rôles géopolitiques dans la région entre les « vainqueurs » aura-t-il raison des appétits particuliers ?

Approfondir le sujet avec Kontre Kulture :

 

Derniers épisodes de la relation turco-russe, sur E&R :

 






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