Le chef d’un important réseau de vente de cannabis en ligne qui devait être extradé en Israël a réussi à se volatiliser in extremis à l’aéroport de Kiev avant son extradition, ont annoncé ce vendredi les autorités.
L’Israélo-Américain Amos Dov Silver avait été arrêté en Ukraine en mars dernier pour avoir opéré sur sa plateforme Telegrass un réseau de vente en ligne de cannabis dont les recettes totalisaient « des centaines de millions de shekels », soit des dizaines de millions d’euros.
Les autorités israéliennes avaient demandé son extradition, qui a été confirmée jeudi par un tribunal ukrainien. « Nous avons gagné [la procédure d’extradition, ndlr] et il y a eu l’ordre des SBU [les services de sécurité ukrainiens] de remettre Amos Dov Silver à Israël, mais il a disparu », a indiqué à l’AFP une source au sein de la police ukrainienne. Mais « la police ukrainienne nous a informés cette nuit qu’Amos Dov Silver qui devait être extradé a réussi à échapper à ses accompagnateurs ukrainiens », a précisé vendredi la police israélienne dans un communiqué.
Le procureur de Kiev a diligenté une enquête criminelle à propos de « l’évasion » mystérieuse d’Amos Dov Silver à l’aéroport international de Kiev « au cours de son extradition » en Israël. « Ce ressortissant étranger a disparu à l’aéroport alors qu’il était escorté par le SBU », a précisé le bureau du procureur.
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Bonus : qui est Amos Dov Silver ?
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Amos Dov-Silver a grandi dans une famille ultra-orthodoxe à Safed. Adolescent, il a suivi un cursus d’études religieuses strictes à Jérusalem, mais quitta le programme à l’âge de 15 ans alors qu’il commençait à remettre en question, pour finalement totalement abandonner, son style de vie religieux. À l’époque, il s’est aussi embarqué dans ce qui allait devenir une longue histoire d’amour avec le cannabis.
Silver a fait son service militaire obligatoire en tant que soldat de combat dans le bataillon Nachshon de la brigade Kfir – mais même la culture militaire rigide ne l’a pas empêché de consommer sa dose habituelle de cannabis.
« Je n’ai jamais eu peur de dire aux gens que je fume de l’herbe, même à l’armée, » a affirmé Silver. « J’apportais même mon bong à la base militaire et le prenais pour monter la garde ».
À la fin de son service, il a poursuivi son approche très directe de la consommation de cannabis. Quand il a été arrêté et interrogé par la police en 2012 pour possession d’une petite quantité de haschich, non seulement il n’a pas nié les accusations, mais il a également reconnu avoir aidé des amis à s’en procurer.
Du point de vue de la police, cela revenait à admettre être un trafiquant de drogue.
« Les policiers étaient contents, parce que de leur point de vue, j’avais fait des aveux, mais je ne voyais pas les choses de cette façon » avait-il déclaré en 2011, au sujet de sa première arrestation. « Non pas que j’ai un problème avec les trafiquants de cannabis, mais je n’en étais pas un. Je suis simplement allé chercher un peu de haschich pour moi, et un ami m’a demandé d’en prendre aussi pour lui. Si j’achète des tomates au magasin et que j’en apporte un kilo à mon voisin, est-ce que cela fait de moi un trafiquant de tomates ? »
La nuit du Big Bong
En avril 2014, Silver a organisé la manifestation la plus audacieuse pour la légalisation du cannabis de l’histoire d’Israël : la nuit du Big Bong.
À l’époque, fumer du cannabis dans l’espace public était beaucoup moins courant en Israël que ce n’est le cas maintenant. La police arrêtait encore activement des personnes en possession ne serait-ce que d’une petite quantité de cannabis.
Silver a appelé à une « manifestation de fumeurs de cannabis dans l’espace public ». Pour cela, il a choisi le parc Wohl Rose à Jérusalem – qui se trouvait juste devant la Knesset.
Avec quelques autres militants, il a mené une campagne très active de publicité en ligne et attiré l’attention de beaucoup de monde – dont la police.
Plusieurs heures avant l’événement, la police avait annoncé qu’elle avait arrêté Silver pour « incitation » à la consommation de stupéfiants, mais cela n’a pas empêché plus de 1 000 personnes de venir au parc Wohl Rose et à faire une manifestation, très enfumée, pour défendre l’usage récréatif de cannabis dans une manifestation d’une ampleur inédite dans l’histoire du pays.
Des dizaines de policiers ont observé, avec stupéfaction, comment des centaines de participants ont tranquillement fumé des joints et des bongs devant eux, sans la moindre appréhension. La glace a commencé à se rompre.
Telegrass Bêta
Dans les mois qui ont suivi la nuit du Big Bong, Silver a continué à mépriser les lois anti-cannabis jusqu’à une nouvelle arrestation pour avoir vendu plusieurs grammes et pour possession de 150 grammes de cannabis. Il a de nouveau immédiatement reconnu les faits.
Le tribunal l’a condamné à neuf mois de prison, il en aura passé sept derrière les barreaux. Peu après sa libération, Silver, dont le père disparu était américain et qui détient la citoyenneté américaine, a décidé d’aller aux Etats-Unis.
Là-bas, aux Etats-Unis, hors de portée de la police d’Israël, Silver a transformé sa page Facebook en plateforme d’échange pour le cannabis qui allait devenir une première version de Telegrass. Des trafiquants de cannabis en Israël téléchargeaient des photos avec leur marchandise et taguaient Silver, ce qui leur permettait de vendre leur produit depuis chez eux en relatif anonymat.
Rapidement, ce sont des dizaines de trafiquants israéliens qui vendaient leur marchandise sur la page de Silver. Un de ses amis qui avait des connaissances en sécurité des systèmes informatiques a recommandé à Silver de transférer toute l’activité de sa page sur la plateforme Telegram, qui était considérée comme étant plus sûre et avec un meilleur cryptage. Il a surnommé son activité en pleine croissance, Telegrass.