La valeur de la livre turque a fondu de près de 40% face au dollar et à l’euro depuis le début de l’année. Le président Erdogan appelle à une « lutte nationale », mais les marchés s’inquiètent de sa politique économique et des conséquences de la lutte douanière engagée avec les États-Unis.
La descente aux enfers s’accélère en Turquie. Ce vendredi après-midi, au moment même où le ministre turc de l’Économie dévoilait en direct son nouveau « modèle économique », un tweet de Donald Trump annonçant le doublement des taxes douanières sur l’acier et l’aluminium provoquait un nouvel effondrement de la livre turque. En l’espace de quelques minutes, la monnaie a ainsi de nouveau chuté de 6,66 livres pour un dollar à 6,99.
Dans un discours prononcé à la mi-journée, le président Recep Tayyip Erdogan avait précédemment exhorté ses concitoyens à changer leurs devises étrangères pour soutenir la monnaie nationale.
« Si vous avez des dollars, des euros ou de l’or sous votre oreiller, allez dans les banques pour les échanger contre des livres turques. C’est une lutte nationale », a-t-il lancé depuis Bayburt, dans le nord-est du pays.
Un discours teinté de sa désormais habituelle rhétorique belliqueuse : la Turquie, a-t-il promis, « ne perdra pas la guerre économique ». La veille, lors d’un déplacement sur les bords de la mer Noire, il s’était déjà appliqué à dénoncer les « nombreuses campagnes qui sont menées » (contre la Turquie). « S’ils ont leurs dollars, nous avons notre peuple, notre Dieu », avait-il insisté, en référence à la chute de la livre qui a perdu 40 % de sa valeur depuis le début de l’année.
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La chute drastique de la livre turque, à l’agonie depuis plusieurs mois, s’explique en partie par l’actuelle crise diplomatique avec les États-Unis – la plus grave en quarante ans. La semaine dernière, Washington a pris la décision radicale d’imposer des sanctions contre son allié au sein de l’OTAN, en visant directement deux ministres, celui de la Justice et celui de l’Intérieur. À l’origine de cette décision : la volonté de « punir » la Turquie pour la détention du pasteur américain Andrew Brunson. Accusé de « terrorisme » et « d’espionnage », ce dernier vient de passer un an et demi en prison et a récemment été placé en résidence surveillée pour la durée de son procès. Pour l’heure, les tractations diplomatiques n’ont permis ni d’apaiser les tensions, ni de rassurer les marchés. Bien au contraire.
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