Pendant plusieurs jours, les médias ont évoqué la possibilité d’un complot russe dans la diffusion de l’affaire Benalla... qui n’a jamais été démontré. L’étude à l’origine de cette hypothèse, menée par l’ONG Disinfo Lab, a de quoi laisser perplexe et peut être démontée point par point.
Cette affaire dans l’affaire avait tout pour fasciner, puisqu’elle mêle barbouzerie, géopolitique et manipulation numérique dans un contexte politique tendu. Elle avait même le bon goût d’épouser parfaitement la théorie macroniste de la « tempête dans un verre d’eau ». Seul problème : rien de tout cela n’était démontré. Dans l’histoire des intox au succès retentissant, la fable du « complot russe sur les réseaux sociaux dans l’affaire Benalla » restera en effet comme un modèle du genre. Ses conséquences pourraient être fâcheuses : à force de hurler au loup russe à la vue du moindre profil poutiniste sur Twitter, il sera sans doute plus difficile, demain, de convaincre l’opinion de l’existence d’une manipulation venue du Kremlin, si les Russes se laissent réellement aller à ce genre de pratiques. Retour sur l’émergence d’une « information fracassante »... qui n’était, jusqu’à preuve du contraire, qu’un conte d’été.
À partir du 3 août, la thèse a essaimé sur de nombreux médias, radio, TV, ou écrits. Elle était abordée au conditionnel, le plus souvent sur le mode interrogatif. « La Russie a-t-elle amplifié l’écho de l’affaire Benalla ? », se demandaient les journalistes. Encore un coup des Russes ? Cette question saisissante et dérangeante méritait apparemment d’être posée, sur la foi d’une étude menée par une ONG censée lutter contre la propagation de « fake news », la EU DisinfoLab. Autant le dire : les auteurs de cette étude portent une lourde responsabilité dans la propagation de cette intox. Alors que leur objectif revendiqué est la lutte contre les « fake news » et pour la qualité de l’information, ils ont contribué à la propagation de rumeurs en entretenant la confusion sur les résultats de leur recherche.
Tout commence le 30 juillet, lorsque Nicolas Vanderbiest, co-fondateur de Disinfo Lab et doctorant à l’Université catholique de Louvain, publie trois tweets fracassants, dans lesquels il partage les premiers résultats de son « investigation » sur l’affaire Benalla. Il explique pêle-mêle que « 1 % des comptes ayant tweeté sur l’affaire a produit 44 % du total des tweets » et que « parmi ceux-ci, correspondance de 27 % avec l’écosystème russophile ». Il conclut qu’il y a eu « du gonflage numérique puissance 20 ». Ce spécialiste des « fake new »s va même jusqu’à… poster une capture d’écran d’un membre supposé de cette « russosphère », à titre d’exemple. Il s’agit d’un certain « AmiCriméen », dont la photo de profil associe le drapeau russe et le drapeau français. À la vue de ces trois messages rédigés par un universitaire qui fait autorité sur le sujet, comment ne pas sérieusement s’interroger sur une éventuelle ingérence des amis de Vladimir Poutine ? Aucune précaution sur les conclusions à tirer de ces quelques lignes ne vient d’ailleurs accompagner cette analyse retentissante.
En investiguant un peu plus #AffaireBenalla , on remarque une forte part de personnes qui ont tweeté plus de 300 fois en une semaine. Cette part a écrit 1 767 682 tweets (44% des tweets !) Parmi ceux-ci, correspondance de 27 % avec l'écosystème russophile. Dont ce compte. pic.twitter.com/tyBQFg1RdU
— Nicolas Vanderbiest (@Nico_VanderB) 30 juillet 2018
Pour le formuler autrement et pour que l'impact soit plus facilement compréhensible. Cela veut dire que 1 % des comptes ayant tweeté sur l'affaire a produit 44 % du total des tweets. https://t.co/zzL1ugAh7I
— Nicolas Vanderbiest (@Nico_VanderB) 30 juillet 2018
Sans surprise, ces messages provoquent rapidement un premier article, publié le 1er août par BFMTV. Après avoir contacté Disinfo Lab, le média confirme les chiffres avancés par Nicolas Vanderbiest, et en conclut que l’affaire Benalla a été « amplifiée » par un « gonflage numérique ». L’aspect russe est lui aussi abordé. Difficile de ne pas saisir la perche tendue par Nicolas Vanderbiest... L’éco-système russophile est défini par Alexandre Alaphilippe, associé du chercheur belge à EU Disinfo Lab, comme « une communauté cohérente de gens qui se suivent entre eux, se retweetent entre eux et partagent des intérêts communs ». Voire plus. Le dirigeant laisse entendre que cette sphère pourrait avoir un comportement louche :
« Beaucoup n’interagissent pas sous leur vrai nom, sans préciser leur localisation et sont difficiles à tracer. À ce stade, nous ne sommes pas capables de préciser d’où ils viennent et de quelle façon ils ont été créés. »
Le mot « robot » n’est pas prononcé, mais l’insinuation est claire. Dans le même temps, Nicolas Vanderbiest reconnaît, honnêtement mais un peu tard, qu’il n’en aurait « pas fait un article en l’état ».
Je n’en aurais pas fait un article en l’état. Reste que russophile ne veut pas dire russe, ca veut dire que cela fait partie des personnes identifiés à travers la présidentielle fr comme relayant bcp les tweets de RT et Sputnik. C’est juste un indicateur
— Nicolas Vanderbiest (@Nico_VanderB) 3 août 2018
[...]
Méthodologie très contestable
Cela aurait pu être la fin de l’histoire. Sauf que EU Disinfolab a publié l’ensemble de ses résultats ce mercredi 8 août. Patatras : comme le constate alors une dépêche de l’AFP, il n’existe « aucune preuve d’ingérence russe sur Twitter ». Plus encore, rien dans l’étude menée par l’organisme de Nicolas Vanderbiest ne justifie de mettre un accent particulier sur l’influence russe dans cette affaire. Si l’« éco-système russophile » a été particulièrement actif sur les réseaux sociaux, il l’a été… moins que d’autres sphères, notamment beaucoup moins que la communauté proche de la France Insoumise, et même un peu moins que les proches du Rassemblement national ou la communauté souverainiste.
Un fichage polémique
L’étude de EU Disinfo Lab a suscité la polémique en raison de ses lacunes, mais également du fichage qu’elle implique. L’ONG a en effet mis à disposition du public un tableur – désormais inaccessible –, classant 3.890 comptes dits « hyper-actifs » selon leur proximité politique. De nombreux internautes ont contacté la Commission Nationale de l’Informatique et des Libertés (Cnil) qui a annoncé l’ouverture d’une enquête.
Ce vendredi, Nicolas Vanderbiest a publié un message sur la plate-forme Medium, dans lequel il présente ses « excuses » à celles et ceux que l’étude de son ONG a pu « heurter », notamment en raison du fichage réalisé.
« Je ne suis ni un facho, ni un barbouze. Je suis guidé par les valeurs démocratiques et mon aveuglement au service de la lutte contre la désinformation ne m’a pas permis de mesurer la portée de mes actes », explique-t-il.
Lire l’article entier sur marianne.net
Affaire Benalla : le « fichage politique »
est supervisé par une proche de Macron
Co-financée par Soros, l’ONG accusée d’avoir « fiché » des commentateurs sur Twitter de l’affaire Benalla est sous contrôle du clan Macron. Révélations.
Il est le représentant médiatique (surencensé par les journalistes mainstream mais un brin risible dans ses prétentions intellectuelles) d’une organisation aujourd’hui dans le collimateur : Nicolas Vanderbiest, co-fondateur de DisinfoLab – une société prétendument engagée contre la désinformation sur internet et récemment co-financée par le marchand d’armes/prédateur financier George Soros.
En février 2015, le jeune homme était convié par le gouvernement Valls auprès des guignols crypto-sionistes Rudy Reichstadt et Romain Pigenel, sous le regard du préfet ordurier Christan Gravel.
Thème du débat hautement grotesque par son entre-soi et son absence de toute contradiction : le « conspirationnisme », bien sûr.
Vanderbiest surgira sur la scène médiatique, quelques mois plus tard, à la faveur d’un article consacré au « bruit » sur l’opération Tel-Aviv-sur-Seine dans lequel le chercheur, à peine fielleux, affirme que « les milieux pro-palestiniens ont habilement joué leur coup »…
Jeudi 9 août, des internautes ayant dénoncé – via Twitter – l’affaire Benalla ont découvert, pour la plupart, avoir été « fichés » sur une liste (accidentellement fuitée) de l’agence DisinfoLab, à l’origine d’une étude controversée sur le marqueur dit « russophile » des détracteurs de l’affaire Benalla.
À noter : Panamza est évidemment fiché. Matricule 42180.
Pour comprendre qui se cache derrière cette pseudo-ONG indépendante, il faut démonter la poupée russe du DisinfoLab et remonter plus haut.
Lire l’article entier sur panamza.com
Comment Twitter a financé EU Disinfolab avec l’argent de RT
En décryptant l’étude de EU DisinfoLab, Olivier Berruyer a appris que cette officine avait été financée par Twitter à hauteur de 125 000 dollars, somme que Twitter a investie à partir de fonds gagnés grâce à la publicité payée par RT.
En étudiant l’identité de EU DisinfoLab, l’organisation à l’origine d’une étude largement relayée par les médias sur l’affaire Benalla, « Les ressorts d’un hyperactivisme sur Twitter », Olivier Berruyer, l’animateur du site Les Crises, spécialisé dans l’économie et la géopolitique, a découvert que cette officine qui se présente comme une ONG avait été financée à hauteur de 125 000 dollars par Twitter en janvier 2018.
Ceci après que le réseau social a décidé d’arrêter la diffusion de publicité venant de RT et Sputnik deux mois plus tôt. Le Kremlin, par le biais de son porte-parole Dmitri Peskov, avait alors regretté que Twitter « devienne de facto victime de préjudices profonds envers les médias russes ».
Mais ce n’est pas tout. On apprend également, dans l’étude de EU Disinfolab, que Twitter les a financés avec l’argent de... RT, comme l’explique Olivier Berruyer dans cet entretien accordé à RT France le 9 août. Fin juillet, l’organisation EU Disinfolab avait pointé l’activité de « réseaux russophiles » dans la portée de l’affaire Benalla sur Twitter.
Lire l’article entier sur francais.rt.com
Les excuses du petit Nicolas
Bonjour à tous, ce 30 juillet, j’avais remarqué un volume sur l’affaire Benalla que je n’avais jamais croisé auparavant sur n’importe quel cas. Quelques jours après, j’ai remarqué qu’une partie de ce volume avait été créé par une infime minorité.
Parmi ces comptes, j’avais auparavant identifié certains d’entre eux comme partageant de fausses informations (@20RueduCirque , @StopMariageHomo et autres).
J’ai donc estimé que c’était une information pertinente dans la mesure où mon précédent tweet sur ces volumes importants était repris par la presse.
À la suite de ceci, j’ai massivement été sollicité, notamment par des journalistes, sur ce sujet. Concentré sur l’écriture de ma thèse, j’ai renvoyé ces sollicitations vers le EU DisinfoLab, association sans but lucratif que j’ai co-fondée et qui réalisait l’étude en suivant ma méthodologie.
Dans de précédentes analyses, nous avions identifié la correspondance entre le partage de désinformation et le fait d’appartenir à la communauté « russophile »...
Le mot « russophile » est devenu dans les média, synonyme « d’attaque du gouvernement russe ». Le mot « gonflage numérique » est devenu « bot ». Ainsi, le sens de notre travail a été détourné et récupéré politiquement.
Toujours concentré sur ma thèse (le refus de parler à des dizaines de journalistes pourra l’attester), j’ai commencé à recevoir beaucoup de messages. Certains, notamment des journalistes et enseignants, se sont mis jusqu’à mettre en doute l’honnêteté de nos travaux.
Je me suis senti contraint de prouver le bien-fondé de ma méthodologie. Par soucis de transparence, nous avons rendu publiques les données de l’étude pour qu’ils constatent par eux-mêmes notre intégrité.
[...]
Pour éviter que l’on puisse mettre en doute ses résultats, EU DisinfoLab a donc sorti un fichier sans les clusters, mais avec la liste par désinformations (le but du fichier était d’identifier des comptes propagateurs de rumeurs).
Le premier fichier 1–49 permet de montrer qu’1% des personnes avaient publié 47 % du contenu. Il comportait « un simple » nombre de tweets. Je dis « un simple » parce que dans le milieu de la donnée sociale, un export d’utilisateurs avec leur nombre de tweets, c’est juste la norme. Le quotidien.
Dans ce fichier, on retrouve tout type de comptes. J’y figure même. Certains ont cru qu’ils s’agissaient du nombre de rumeurs, qu’il voulait dire qu’ils étaient hyperactifs, qu’ils étaient russes, qu’il s’agissait d’un matricule.
Le deuxième fichier se concentrait uniquement sur la désinformation. Il classait les auteurs par nombre de désinformations totales abordées.
Dans mon prisme de doctorant, je ne pouvais soupçonner que le partage de ces données aurait une telle portée.
À mes yeux, toute donnée sur Twitter est une donnée publique et il n’y avait aucune intervention personnelle car la méthodologie se contentait de faire apparaître des communautés uniquement par les interactions. Cette méthodologie peut être débattue.
Et là, tout s’est emballé. Les menaces d’attaques, les insultes, les appels de journalistes à nos proches et les articles conspirationnistes.
J’assumerai les responsabilités qui m’incombent.
J’ai pris la décision de contacter l’Université pour commencer les démarches afin de cesser mes activités dans le cadre de l’Université catholique de Louvain, qui ne doit pas souffrir de mes activités bénévoles et de leur portée.
Je suis passionné, trop. Je ne suis ni un facho, ni un barbouze. Je suis guidé par les valeurs démocratiques et mon aveuglement au service de la lutte contre la désinformation ne m’a pas permis de mesurer la portée de mes actes. Toutes mes excuses à ceux et celles que j’ai pu heurter.