Le vieux lion Gabin (qui a été fusilier marin) intronise le jeune félin Belmondo dans le grand cinéma français, avant les divagations de la Nouvelle Vague. Nous sommes en 1962, Verneuil sort Un singe en hiver, un coup de maître. On va voir que le talent se conjugue avec la modestie.
Aujourd’hui, démocratie et égalitarisme obligent, les fausses stars pullulent, et moins il y a de talent, plus il y a d’immodestie.
« Je peux vous affirmer, tenancière, que le fusilier marin a été longtemps l’élément décoratif des maisons de thé. En ce temps-là on savait rire. Elle s’était mise sur la paille pour un maquereau roué rose, c’était un juif qui sentait l’ail, il l’avait, venant de Formose, tirée d’un bordel de Shanghai... »
Dialogues et monologues sont de Michel Audiard.
Modestie et talent vont de pair
Interrogé pendant le tournage, Gabin descend sans faire de drame de son piédestal sur lequel le grand public l’a hissé.
« Un singe en hiver : c'est l'histoire formidable de deux gars qui s'évadaient dans leur poivrade, l'un au Yang-Tsé-Kiang, l'autre en Espagne (…) et qui se comprenaient. D'ailleurs, le môme Belmondo était formidable dans le film ! »
Jean Gabin (itw de Sélim Sasson 1969) pic.twitter.com/pwhWjFzmN9
— Colonel Farès (@LeColonelFares1) August 29, 2024
Belmondo, révélé dans le Melville Léon Morin, prêtre l’année précédente, a explosé avec À bout de souffle de Godard. Il fait le lien entre l’ancien et le nouveau cinéma français, mais lâchera rapidement la Nouvelle Vague pour faire de vrais films. Dans cette interview, même s’il sait tout jouer, il ne feint pas la modestie.
Soixante ans plus tard, le Système nous vend des stars préfabriquées qui ne tiennent même pas une saison, ou alors le temps d’une promo. C’est l’époque des stars fast-food, à la carte.
Cependant, on ne peut pas imposer une star au public : c’est lui qui choisit, in fine. Pour cela, la star doit incarner des valeurs qui sont celles du grand public, mais magnifiées : beauté, courage, modestie, intelligence, audace, talent, justice. Le héros grec capable d’amour et de pardon.
Qui a inventé l’antihéros, qui ?
Les dernières stars à avoir été promues par le Système sont Barbara Butch, Yseult, Christine and the Queens et Aya Nakamura. Elles ont ceci de commun qu’elles ne cochent aucune des qualités précitées. Elles sont le résultat tangible de l’injection forcée d’un pack d’antivaleurs dans l’espace public. Pas besoin de chercher des rituels sataniques avec des croix enflammées et des triples 6, tout réside dans la lutte acharnée contre nos valeurs helléno-chrétiennes.
Leur objectif est la destruction des âmes. Qu’est-ce que l’âme, par rapport à l’esprit ? C’est l’idéal de chacun, ce qui nous tire vers le haut, ce qui nous transcende : la transcendance. L’âme est un appel supérieur, l’appel à se dépasser, à être meilleur. L’esprit, lui, est cette machine qui fait le lien, tant bien que mal, entre le quotidien et l’idéal, entre le réel et l’imaginaire.