Il s’appelle Kevin, comme Razy, mais en nettement moins rasoir et en beaucoup plus brillant. Kevin Bordi de son vrai nom, mais tout le monde l’appelle Kev, fait la promotion du jeu d’échecs sur l’Internet.
Tout le monde connaît, tout le monde n’y joue pas, et c’est dommage. L’école russe a longtemps dominé la planète en matière échiquéenne car tous les petits russkofs s’y exerçaient à l’école. Chez nous, ça remplacerait avantageusement les cours de propagande « civique » et autres EPI, cette espèce de hachis parmentier de fausses connaissances signé Belkacem et les 68tards tordus de l’Éducation nationale. Oui mais voilà, en enseignant gratuitement les échecs aux enfants, on pourrait difficilement ensuite leur fourrer des conneries dans la tête...
Car les échecs touchent à toutes les capacités mentales : mémoire, imagination, profondeur de calcul, sens de l’initiative, prise de risque, résistance, prédation, défense, patience, manipulation, et parfois folie... C’est une école de la vie, et qui ne se limite pas à la théorie, puisqu’une partie d’échecs de 2-3 heures peut brûler autant de calories qu’un bon footing. C’est Kasparov qui le premier inclura l’entraînement physique dans son régime de champion. C’est donc un jeu, un art et un sport.
- Bonaparte contre le cardinal Fesch
Les échecs, qui se transmettent par capillarité humaine, ont pris leur place depuis 20 ans sur l’Internet. Ce qui était auparavant payant, ou peu accessible, par exemple la bible annuelle compilant toutes les parties des Grands Maîtres Internationaux (GMI), se trouve aujourd’hui en ligne. La base de données chessgames.com est une véritable mine d’or. Toutes les parties jouées y sont répertoriées, la plupart commentées, par des internautes ou des professionnels (mais là ça devient logiquement payant). Les amateurs pourront même tomber sur la partie de Napoléon Bonaparte contre le général Bertrand en 1820, à Sainte-Hélène.
Face à ces sites un peu ardus, de joyeux youtubeurs démystifient un jeu qui peut paraître inaccessible à beaucoup d’amateurs. Kev est l’un de ces vulgarisateurs, qui œuvre pour la beauté du jeu, et pour la noblesse du sport. C’est drôle, intelligent et cette masse de travail constitue une vraie petite école gratuite, comme devrait l’être tout enseignement. Depuis quand faut-il payer pour s’élever ?
Kev fête ici l’accession du champion français Maxime Vachier-Lagrave (toutes les vannes ont été faites sur son nom, ne vous fatiguez pas), qui accède à la barre des 2800 Elo, le classement des joueurs d’échecs, l’équivalent des 6 mètres en saut à la perche :
Mais Kev et son pote Fabien (Fab), le Grand Maître Fabien Libi(szewski) aiment par dessus tout commenter les parties de Kasparov, qui a régné sur le monde échiquéen pendant près de 20 ans, ce qui est énorme. Aujourd’hui, Garry fait de la politique, où il défend le libéralisme politique et économique à l’américaine en Russie. Malgré cet engagement, il reste l’un des plus grands joueurs de tous les temps avec Bobby Fischer (sur lequel nous reviendrons) et Magnus Carlsen, le Norvégien de fer, que Garik a entraîné un temps et aidé à franchir les étapes.
Ici, Kev et Fab analysent une partie du jeune Kasparov, cet attaquant de race qui savait, à la Bonaparte, attaquer le point faible de la défense adverse avec une majorité de matériel. La guerre moderne, quoi.