Le nouveau Star Wars est un objet curieux, entre respect du cahier des charges, style emphatique et humour camp.
[...]
Les Derniers Jedi dure 2h30 dont une bonne heure ennuyeuse, entre les scènes de formation de Rey par Luke évoquant un épisode de Kung Fu en Terre du Milieu et une mission dans un Monaco intergalactique digne d’un James Bond revu par Luc Besson. À la malice, à l’agilité parfois gadget du style Abrams dans Le Réveil de la force succède la solennité de la mise en scène de Rian Johnson (Looper). Abrams misait sur l’identification émotionnelle aux personnages, Johnson filme des archétypes shakespeariens, il cherche une emphase tragique, entre les ficelles épaisses du script, qu’il assaisonne d’un humour très camp – par instants, on se croirait dans La Folle histoire de l’espace de Mel Brooks.
Curieux mélange dont on retiendra la meilleure injure de l’année (« tête de chrome ») et la superbe direction artistique, l’esthétique très cuir et queer. Ces rouges et noirs de backroom qui caractérisent l’Empire du mal, ces traces de faux sang que laissent derrière eux les vaisseaux de la Résistance. Les Derniers Jedi ou le combat de l’homosexualité refoulée contre une féminité rassembleuse. Mi-long, mi-queer. C’est toujours mieux que Stars 80, la suite.