Gros dossier que celui des GAFA (Google, Apple, Facebook, Amazon) ou des GAFAM (en incluant Microsoft). Les géants du numérique américain écrasent tout en termes économiques et se foutent des lois des pays qui les accueillent. Il ne payent pas ou peu d’impôts, surveillent des centaines de millions de clients, conservent leurs données et les partagent avec des officines nébuleuses.
Les États confrontés à cette nouvelle puissance, ces 4 cavaliers de l’Apocalypse, serviteurs de l’Empire – mais faisant aussi partie de l’Empire –, hésitent entre répression et collaboration. En réalité ils n’hésitent pas longtemps et se couchent. Car eux aussi trouvent des intérêts dans cette omnipotence.
Il y a bien sûr des moyens d’échapper à ce rouleau compresseur qui s’introduit au cœur de nos vies et jusque dans notre intimité, qu’elle soit affective ou cérébrale. On peut changer de moteur de recherche, par exemple pour Qwant, et préférer VK à Facebook, moins intrusif. Cependant, la gratuité (apparente) de Google et de Facebook est addictive.
Des associations ou même des sites ont beau nous prévenir, les Français, par millions, fournissent gratuitement un torrent ininterrompu de données personnelles aux géants précités. La Quadrature du Net se bat depuis de nombreuses années pour la protection des usagers et des données. Elle organise une action contre les GAFAM à l’occasion du salon « Tech for good » visité par Emmanuel Macron en personne, avec la présence des représentants des 5 sœurs. Mais sans la présence des acteurs français « éthiques », ce qui veut tout dire !
L’erreur a été réparée le 23 mai, d’après La Tribune :
« Suite au coup de gueule des acteurs français de la "Tech for Good", l’Élysée a convié Xavier Niel (Free, Station F), BlaBlaCar, Qwant, make.org, Sigfox et OVH à participer au sommet. »
Dernier point avant l’article en question, comme quoi rien n’est simple : la Quadrature du Net est financée, entre autres, par l’Open Society de Soros. Ce qui ne nous empêche pas de relayer leurs mises en garde.
Emmanuel Macron est-il coupable de « tech-for-good-washing » ? C’est le reproche de certains acteurs français du web social et solidaire, qui estiment très malvenu d’organiser à Paris un sommet intitulé « tech for good » avec les géants du Net, mais sans les acteurs français – startups, associations – à la pointe sur le sujet.
Ismaël Le Mouël, fondateur de l’événement Social Good Week – qui réunit tous les ans tous les acteurs français de la tech à impact positif –, président de la startup HelloAsso – qui aide les associations dans leur transformation numérique – et vice-président de FEST – le regroupement des entrepreneurs tech for good sous l’égide de France Digitale –, s’est fendu lundi, au titre de HelloAsso et de la Social Good Week, d’une tribune assassine dans Libération :
« Curieux mélange des genres d’associer la notion d’utilité et d’intérêt général à des acteurs qui ne privilégient que le “good for me”. Oui, les géants du Web Facebook, Uber, Microsoft, Samsung, Palantir et les autres ont sans doute un rôle à jouer dans le développement d’une technologie au service du bien commun et dans la protection des données. Oui, il est absolument nécessaire de les entendre sur ces sujets. Mais, ne nous méprenons pas : ces plateformes portent une vision de l’innovation qui n’a rien à voir avec l’intérêt général, mais davantage avec la génération d’intérêts pour leurs investisseurs », tacle-t-il.
58 intervenants dont quasiment que des grand groupes, des annonces attendues
Pourtant, le sommet « Tech for Good » vient à point nommé dans un contexte de défiance généralisée vis-à-vis de la technologie, liée en partie au scandale Cambridge Analytica de Facebook. La France, qui se veut à la pointe d’une innovation vertueuse, a donc su profiter à la fois de la tenue du salon VivaTech, de l’entrée en vigueur, le 25 mai, du Règlement européen sur la protection des données (RGPD), et de l’audition publique de Mark Zuckerberg devant le Parlement européen ce mardi 22 mai, pour prendre le lead sur le sujet.
L’objectif de l’Élysée est clair : profiter de ce « moment charnière pour la tech » pour réunir les acteurs majeurs de l’innovation dans la même pièce et les pousser à embrasser leur responsabilité sociétale. Emmanuel Macron prononcera dans un discours un « appel à l’engagement pour le bien commun » destiné aux géants du Net et aux grands groupes mondiaux. Des « annonces significatives » seront effectuées par certaines entreprises membres du sommet, dont Facebook. Il s’agira soit d’une « inflexion de leur politique », soit d’« actions concrètes », indique l’Élysée.
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Macron, « idiot utile » de géants qui veulent redorer leur blason ?
« Ça pue l’ethic-washing et l’opération de communication », déplore un entrepreneur de la social tech, qui alerte depuis quelques années sur les difficultés économiques des startups qui privilégient l’impact sociétal à la rentabilité.
« C’est fort de café d’inviter à un sommet tech for good, en France, plein d’acteurs connus pour leur manque d’éthique ou qui ne font rien ou presque dans ce domaine, le tout sans associer les entrepreneurs français qui en font pourtant leur raison d’être. Macron se place comme l’idiot utile de Facebook et d’Uber dans leur stratégie de communication pour faire oublier leurs scandales », tranche-t-il.
L’opération apparaît notamment très bénéfique pour Facebook, engagé depuis le scandale Cambridge Analytica dans une opération de séduction massive dans les médias, à coups de modification de sa gouvernance, ménage tardif dans les applications tierces qui ont accès à ses données, et nouvelles possibilités pour l’utilisateur.