De plus en plus de terres agricoles sont achetées par diverses entreprises n’ayant aucun lien avec l’agriculture. Une forme d’accaparement des terres qui inquiète.
Dans la Somme, Michel Ramery, entrepreneur du BTP et 369e personnalité la plus riche de France, s’associe via un montage juridique et financier à des agriculteurs pour construire la fameuse ferme des Mille vaches. Dans le Bordelais, des holdings chinoises multiplient les investissements dans les vignobles. Dans le Pas-de-Calais, deux investisseurs belges se paient 250 hectares de terres convoitées par des jeunes agriculteurs du cru. En Camargue, la famille royale danoise rachète à une mutuelle la plus grande ferme du coin.
Le point commun entre ces quatre affaires qui ont secoué ces dernières années le monde agricole français semble être un détail. Pourtant, il change tout. À la tête de ces exploitations on ne trouve plus des agriculteurs mais des sociétés, qui n’ont pas grand-chose à voir avec l’agriculture. Ce type d’acquisitions, très rares il y a encore quelques années, se multiplient ces derniers mois.
« Il y a aujourd’hui en France de plus en plus d’exploitations agricoles dont le gérant n’est pas un agriculteur mais une société d’investissement, une holding, des marchands de biens, une société de gestion privée. Dans ces exploitations, la société décide de tout. Avec le matériel d’aujourd’hui on peut facilement gérer à distance avec simplement un salarié ou un sous-traitant. Ça a commencé dans le secteur viticole, aujourd’hui on le voit aussi dans les grandes cultures, le lait, l’élevage hors-sol », confirme Emmanuel Hyest président de la FNSafer (Fédération nationale des Sociétés d’aménagement foncier et d’établissement rural).