D’aucuns se demandaient pourquoi la jonction entre la Manif pour tous et les Gilets jaunes n’avait pas eu lieu. Peut-être parce qu’elle n’était pas possible. S’il est souvent ici question de cette droite décomplexée pour laquelle tous les musulmans applaudissent à chaque attentat antifrançais, cette même droite pense aussi, depuis longtemps et sans beaucoup s’en cacher, que les pauvres sont les premiers responsables de leur pauvreté. À cet égard, Julie Graziani en est une militante exemplaire.
Éditorialiste et chroniqueuse, Julie Graziani est aussi militante, à la Manif pour tous, au mouvement politique L’Avant-Garde, du côté de la droite catholique. Elle est désormais aussi connue sur les réseaux sociaux pour sa déclaration sur le plateau de 24h Pujadas, tout en subtilité et charité chrétienne.
Julie Graziani (L’incorrect/LCI)
À propos d’une femme au SMIC seule avec 2 enfants #24hPujadas
« Qu’a t’elle fait pour se retrouver au SMIC, a-t-elle bien travaillée à l’école ou suivie des études ? »
« Et si on est au SMIC, faut peut être pas divorcer dans ces cas là » pic.twitter.com/2FLI5L4U51
— BalanceTonMedia (@BalanceTonMedia) 5 novembre 2019
Il est certain que son commentaire aurait pu et dû s’arrêter à « je connais pas son parcours de vie à cette dame », ça lui aurait éviter de dire de belles âneries. En résumé, qu’a-t-elle donc fait et que n’a-t-elle pas fait pour en arriver là ? À la suite de cette déclaration, sur Twitter, Julie Graziani ne fait pas profil bas.
Je mets les points sur i. Chacun est responsable de ses parcours de vie. Tu as fait le mauvais choix de boulot, tu as fait le mauvais choix de mec, tu assumes. Ce n'est pas à l'Etat d'arranger tes problèmes. #GiletsJaunes
— Julie Graziani (@grazianijulie) 4 novembre 2019
Point sur les i, suite. Notre société est devenue un gigantesque triangle de karpman avec des plaignants vindicatifs, attendant de l'Etat qu'ils les sauve et ne réalisant même plus que ce sont quand même eux les premiers responsables de leur sort.
— Julie Graziani (@grazianijulie) 4 novembre 2019
Madame Graziani est aussi auxiliaire de justice. Comme procureur ?
Pour preuve que « quand on veut, on peut », eh ben elle, elle a pu. Comprendre que dans sa logique, cela veut dire que si vous n’avez pas pu, c’est que vous n’avez pas voulu. Un beau raisonnement pour celle qui est diplômée de HEC et agrégée de lettres modernes.
Et enfin, quand j'étais jeune, nous vivions à 5 dans 35m2. Ma mère a du emprunter de l'argent plus d'une fois pour les courses alimentaires. Et bien ça ne serait pas venu à l'esprit de ma mère de venir engueuler le Président de la République. #GiletJaunes.
— Julie Graziani (@grazianijulie) 4 novembre 2019
Mais le temps passant et le buzz ne faiblissant pas, bien au contraire, le rétropédalage s’avère quand même nécessaire.
Voilà, voilà, je suis désolée, ok ? Je me suis laissée gagner par l'énervement et j'ai été trop dure. https://t.co/81Ryv8VcCB
— Julie Graziani (@grazianijulie) 5 novembre 2019
On peut défendre les valeurs de courage et de travail sans sombrer dans l’arrogance de classe. De ceux qui sont parvenus à se sortir de l’ornière, mais le plus souvent de ceux qui n’ont pas eu à batailler pour se hisser socialement. L’ascenseur social serait en panne, entend-on parfois. Mais cet ascenseur n’a jamais existé que pour les catégories les plus favorisées : on descend au rez-de-chaussée par les escaliers, égalité des chances oblige, puis on remonte en ascenseur. Pour les autres, il n’y a jamais eu que les escaliers, avec des marches dont la hauteur a toujours dépendu des difficultés de l’époque. Et l’époque n’est pas facile…