Mercredi, des militaires de l’opération Sentinelle ont été visés par un homme en voiture. Devenus des cibles, certains se sentent surtout inutiles. Témoignage.
« Ça me gonfle au plus haut point. On subit complètement ces missions. » Yann [un prénom d’emprunt], la vingtaine, est entré dans l’armée il y a un an et demi. Un corps qu’il a rejoint avec enthousiasme, « car il y avait de bons côtés », mais qu’il veut désormais quitter à cause de l’opération Sentinelle.
Depuis ses débuts, le jeune militaire a déjà effectué quatre de ces missions de protection de sites sensibles, nées en janvier 2015 pour faire face à la menace terroriste. « Je n’ai quasiment fait que ça », souffle-t-il. [...]
« Si j’arrête l’armée, c’est clairement à cause de Sentinelle. Je m’en irai dès la fin de mon contrat, dans deux ans et demi, car je sais pertinemment qu’elle ne s’arrêtera jamais, en tout cas pas sous le mandat de Macron. Qui va assumer de retirer des militaires dans la rue ? S’il y a le moindre attentat, il est foutu...Ça reste de la communication politique, un dispositif pour rassurer les gens », déplore le jeune homme, actuellement en mission dans la région parisienne.
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« J’ai d’autres projets dans la vie que d’être vigile »
Au-delà de cet aspect de sécurité, il critique sans détour le fondement du dispositif Sentinelle.
« Je ne sais pas si vous vous rendez compte du ridicule de la situation : notre mission est basée principalement, je dirais à 70%, sur la surveillance des synagogues et écoles juives, mais nous sommes en août, alors elles sont fermées. Et le reste du temps, elles sont déjà dotées de caméras de surveillance et les parents se chargent déjà de leur protection... ! J’ai d’autres projets dans la vie que d’être vigile. »