C’est un fait minuscule mais qui révèle un changement majeur. Le soir du 1er tour des législatives, dimanche 12 juin 2022, sur le plateau de France 2, a lieu le débat que les passionnés de vraie politique ne regardent plus depuis longtemps, parce qu’il est sans valeur. C’est de la vulgaire politique politicienne, opposée à la politique profonde, celle qu’on n’a pas le droit de dire, car elle touche au nerf de la domination féroce, qui ne partage pas et qui devient très menaçante quand on l’approche.
On s’écharpe entre droite et gauche, Ensemble ! et NUPES, écolos et fachos, puis on coupe la télé, tout le monde rentre dans sa niche, et rien n’a changé. Les vrais changements ne viennent pas d’en haut, puisque le pouvoir profond fait tout pour le garder, avec les puissants moyens de l’État répressif ; le vrai changement vient des d’en bas, des gens, c’est le changement sociologique qui fait le changement politique.
Mais les gens ne le savent pas toujours, et n’ont pas confiance en eux. Ils préfèrent faire confiance aux employés du pouvoir profond, qu’on appelle pouvoir visible, ou démocratie parlementaire. En fait de démocratie parlementaire, il n’y a ni véritable démocratie ni véritable Parlement, puisque ce dernier est devenu une chambre d’enregistrement de l’exécutif. La Chambre des putés vote donc majoritairement pendant cinq ans pour le Président, qui lui-même est inféodé aux forces occultes du pouvoir profond. Ce système est fermé, on le sait, voilà pourquoi en France le seul moyen de respirer est de briser ce cercle vicieux. Les Gilets jaunes l’ont fait, à leurs dépens.
Le Foll contre la Folle
Après cette longue introduction qui s’adresse principalement à nos nouveaux lecteurs, alléchés par l’interdit de la lucidité, passons au fait minuscule. Le débat dans le débat oppose, face à l’arbitre Anne-Sophie Lapix-Sadoun, fusion de la journaliste de cour et du numéro un de Publicis, l’agence qui contrôle les annonceurs des médias français, bonjour le conflit d’intérêts, la EELV Sandrine Rousseau, qui n’est plus à présenter, et le socialiste, ancien ministre de l’Agriculture de François Hollande, Stéphane Le Foll, que les Gilets jaunes étaient allés chercher chez lui, comme dans la chanson...
Le théâtre est posé, les personnages en place, voici le fait mineur majeur.
"Est-ce que vous pouvez vous calmer !", lance Stéphane Le Foll à Sandrine Rousseau sur France 2. Recadré par Lapix... #Sexisme #legislatives pic.twitter.com/idDpRTgu41
— Nils Wilcke (@paul_denton) June 12, 2022
Depuis, toute la féminosphère s’acharne sur Le Foll, devenu l’incarnation du Mal, du Mâle et de la violence faite aux femmes, voire du féminicide (nom mal trouvé puisqu’on dirait un produit anti-femme, comme le raticide). Pour les féminos, on a assisté à une tentative de féminicide en direct, et les bataillons d’enragées anti-mâles n’attendaient que ça. Parce qu’il leur faut des martyrs – déjà 36 femmes assassinées parce que femmes (même s’il faut creuser chaque cas, une femme ne se limitant pas à sa qualité de femme, elle peut être par exemple retorse) par des hommes en 2022 (comptage officiel sur Wikipédia) – et parce qu’il leur faut aussi des bourreaux, sinon ça peut pas marcher, la victimologie, voyons.
Certes, entre Rousseau et Le Foll, il y a un petit contentieux politique, puisque le socialiste a refusé de rejoindre NUPES, et a été accusé, comme de nombreux hollandistes, de diviser la gauche et de laisser des circos au RN ou à la Macronie. Ce qui est un fait. Mais les haines recuites entre anciens partenaire sont plus puissantes que les inimitiés entre adversaires politiques !
Le résultat de la stratégie de la vraie-gauche-responsable-de-gouvernement™ (en métropole).
• 3 victoires pour les PS-dissidents qualifiés : 17-01, 32-02 et 66-03.
• 9 circos RN en tête avec élimination de la gauche au 1er tour en raison de la division. pic.twitter.com/Tlvv7CAKUj— Emmanuel Dee (@Emmanueldi) June 13, 2022
La clitosphère bouillonne
Naturellement, la clitosphère, qui n’attendait qu’un signal, a sauté sur le baudet. On a eu droit au défilé des belles âmes féministes, qui n’ont rien à se reprocher, victimes éternelles et pratiques qu’elles sont. Bientôt, ce sont les descendantes des féministes qui ont souffert qui reprendront le flambeau... Comme la plupart des clitordues nous ont bloqués sur Twitter, on va juste faire des captures écran.
Magnifique, on a trouvé un salaud, un macho, un patriacant ! Haro ! Heureusement pour les féministes, il y a des hommes féministes qui viennent leur prêter main forte.
— Jeremie Younes (@JeremieYounes) June 12, 2022
« Parfaitement calme », on n’ira pas jusque-là. L’hystérie est ce qui qualifie le mieux Sandrine Rousseau, elle coche toutes les cases de cette pathologie, cette vieille invention des hommes qui semble avoir explosé avec le féminisme. Ce qui ne veut pas dire que toutes les femmes le sont, évidemment, mais toutes portent en elles cette possibilité, comme les hommes sont porteurs, eux, d’agressivité. C’est hormonal, que voulez-vous. Ceux qui sont pas contents peuvent demander à Dieu ou à Dame Nature de changer ça, mais ça va être dur.
Pour nous, le fait majeur, c’est qu’on ne peut plus contrer une hystérique, ce qui veut dire que l’hystérie va gagner les plateaux. C’était déjà en germe, et avec le woke en bandoulière, adieu les hommes, la Raison – l’hystérie est l’inverse de la Raison –, les débats constructifs. On peut parier que les débats futurs seront animés par des Lapix qui mettront des hystériques des deux camps face à face. Mais il n’y aura alors plus qu’un camp, celui des hystériques. La Raison aura complètement déserté les médias, ce qui est déjà bien avancé avec le conflit russo-ukrainien. Cela actera la mort de la politique politicienne, elle aussi bien mal en point. Finalement, les morts enterreront leurs morts...