Le RIC, le Système s’en fiche, il fait semblant d’y résister mais ce n’est pas sa préoccupation première. D’ailleurs il vient de refiler le bébé de la consultation nationale (d’où la problématique de l’immigration est exclue, comme par hasard) à Chantal Jouanno, championne de karaté devenue ministre de Sarkozy. Une gageure !
« Tout est prêt. J’ai été saisie par le Premier ministre pour commencer la phase de consultation préparatoire et j’ai reçu depuis une dizaine de jours énormément de monde : syndicats, associations d’élus, associations caritatives, les partis politiques, le Conseil économique et social, etc. Il reste encore beaucoup d’acteurs à rencontrer. » (Source : Le Parisien)
Ben oui, ce serait bien de rencontrer les Gilets jaunes et leurs représentants, par exemple.
On a bien compris qu’il s’agit d’endormir la contestation par tous les moyens, et le RIC réclamé à grands cris peut être un des moyens d’enfumer le peuple à nouveau. Gageons que les ingénieurs sociaux à la barre sont en train de travailler dur pour transformer le RIC en coup d’épée dans l’eau ! Jamais ils ne lâcheront le pouvoir facilement, qu’on se le dise.
Déjà, Jouanno pédale dans la choucroute administrative quand les questions se font plus précises :
Le Parisien : « Que ferez-vous de tout ce qui aura été collecté ? »
Chantal Jouanno : « Les résultats ont vocation à être synthétisés dans un rapport général avec constat, vision de la société exprimée et propositions qui servira de base aux décisions du gouvernement. »
Autant dire le dossier des doléances nationales fourré dans un tiroir fermé à triple tour.
Non, la véritable inquiétude du pouvoir profond est là, illustrée par ce clip « terroriste » très pro-Système :
Pourquoi est-ce qu’on a un doute sur le RIC ? Parce que Zemmour.
De manière très habile, comme toujours, Zemmour défend le RIC car le RIC s’oppose au pouvoir visible, pas au pouvoir profond. Voici ce qu’il avance dans Le Figaro du 21 décembre 2018 :
« RIC. C’est le nouveau sigle à la mode. Ce sont les “gilets jaunes” qui l’ont popularisé. Le référendum d’initiative citoyenne est leur marque de fabrique, leur revendication politique, leur réponse à leur sentiment de dépossession démocratique. Le gouvernement, les parlementaires, les élites médiatiques et administratives font mine d’accueillir favorablement cette idée. Mais c’est pour mieux l’enterrer. Déjà, il y a dix ans, lors de la révision constitutionnelle, Nicolas Sarkozy avait agi de même : avaliser le concept pour mieux le rendre impossible.
Pourtant, le référendum est une des grandes innovations de la Ve République. Mais seul le Président avait jusqu’alors le droit de poser la question. Le général de Gaulle avait conçu le référendum comme un moyen de contourner et de vaincre la résistance des élites, qu’elles soient partisanes, parlementaires, économiques ou syndicales. La Ve République était conçue dans son esprit pour établir le contact direct entre le monarque élu et le peuple, par-dessus “les notables et les notoires”. Et quand le peuple se détournait du roi, celui-ci s’en allait. »
La conclusion est claire : Zemmour est pour un RIC qui chasse Macron du pouvoir, une espèce de coup d’État « démocratique » qui se servirait de la contestation nationale, pas pour un RIC au rabais, celui que nous prépare la paire Jouanno-Philippe.
« Nos élites veulent bien de la démocratie si le peuple ne peut rien dire. Elles appellent démagogie ou populisme ce qui est désaccord idéologique ou philosophique avec leurs conceptions du monde, du pays, de l’Homme. Elles veulent bien reconnaître que le référendum fonctionne en Suisse ou en Californie. Mais pas en France. Elles pensent que les Français sont des imbéciles, des ploucs, des racistes. Elles sont comme les élites bourgeoises sous Louis-Philippe qui s’accrochaient au suffrage censitaire par peur du suffrage universel. Le RIC serait le seul moyen de rétablir un authentique suffrage universel. »
Vu de la sorte, le RIC ne se heurtera pas au projet national-sioniste et au contraire le favorisera : le RN version Marine 2018 – c’est-à-dire prosioniste – profitera de l’ouverture de cette forme de proportionnelle, et l’idéologie zemmourienne en sortira renforcée.
Ainsi, à son corps défendant, le très démocrate Chouard pourrait arranger les affaires d’un pouvoir profond aux abois.
Conclusion
Pour réussir la révolution, il faut vaincre le pouvoir visible ET le pouvoir profond. Le pouvoir visible est salement amoché, mais le pouvoir profond résiste, et il est prêt à utiliser toutes les ficelles pour tenir.