60 millions pour les victimes de la Shoah, c’est un joli cadeau de la SNCF. Mais 5 millions d’euros pour la sécurité des Français, pour deux grandes gares, c’est visiblement trop demander.
Pourtant, et tant mieux pour elles, les victimes (américaines) de la Shoah et de la SNCF encore vivantes, Dieu soit loué, jouissent d’une santé retrouvée, et ne risquent pas, des États-Unis, de tomber dans des attentats antifrançais.
Il y a donc deux poids deux mesures dans deux dossiers certes très différents, mais l’empressement avec lequel les autorités françaises ont signé ce chèque, aurait dû faire bondir les syndicats. Qui d’habitude sautillent comme des kangourous à la moindre sortie de route de la direction.
Nous reparlerons encore et encore de la SNCF dans les trois années à venir, car la « libéralisation » du rail pointe son nez.
Si l’on peut dire.
La SNCF va devoir dépenser 5 millions d’euros par an pour tenter de sécuriser les deux quais de départ du Thalys à la Gare du Nord. Une dépense imposée par Ségolène Royal, que personne n’a le droit de contester. Et pourtant…
« C’est une usine à gaz », disent les personnels de la SNCF en charge du dossier, « le gouvernement ne s’est absolument pas rendu compte de ce qu’il nous demandait ». Les quais du Thalys n’ont rien à voir avec ceux de l’Eurostar et les sécuriser est effectivement une épreuve de force. 5 millions d’euros par an sont nécessaires pour les deux quais de la Gare du Nord : voilà le chiffre révélé dimanche 20 décembre par Guillaume Pépy, le PDG de la SNCF.
Rentrons dans le détail. Ce n’est pas l’équipement lui-même qui coûte cher, de l’ordre de 200 000 euros par portique et par an, appareil rayon X inclus. La SNCF a décidé dans un premier temps d’en louer douze exemplaires, huit étant déployés sur les quais. La compagnie a souhaité se donner une marge de manoeuvre en cas de panne.
En revanche, les agents indispensables à la réalisation des contrôles font exploser les coûts de l’opération. La SNCF doit en effet y employer 100 agents spécialisés, salariés d’une société de sécurité qui s’occupe des aéroports. Faisons le décompte : quatre portiques par quai, cela fait quatre agents. À côté, quatre agents supplémentaires pour les appareils rayons X. Derrière, deux agents pour d’éventuelles palpations de sécurité, et devant, deux agents pour gérer la file d’attente, demander à chacun de se préparer, faire gagner du temps à tout le monde.