On croirait une parodie, écoutez le pitch (résumé, en américain branché) du film :
« Sibyl est une romancière reconvertie en psychanalyste. Rattrapée par le désir d’écrire, elle décide de quitter la plupart de ses patients. Alors qu’elle cherche l’inspiration, Margot, une jeune actrice en détresse, la supplie de la recevoir. En plein tournage, elle est enceinte de l’acteur principal… qui est en couple avec la réalisatrice du film. Tandis qu’elle lui expose son dilemme passionnel, Sibyl, fascinée, l’enregistre secrètement. La parole de sa patiente nourrit son roman et la replonge dans le tourbillon de son passé. Quand Margot implore Sibyl de la rejoindre à Stromboli pour la fin du tournage, tout s’accélère à une allure vertigineuse… »
C’est pas Dieu possible ! Cette purge a été en compétition à Cannes 2019 ?
Dans la suite de cette bande-annonce injugeable, tant elle oscille entre le grotesque, le sous-Godard, le 4e degré (ou la 4e dimension) et le sérieux d’un pape sous Fentanyl, nous avons retrouvé l’interview de la réalisatrice pour voir s’il ne s’agissait pas d’un gag sur YouTube, on pense à la vraie bande-annonce d’un faux film, ça s’est vu.
Eh bien non : Justine Triet existe (!), son film a bien été sélectionné à Cannes (!), sur la file de gauche, la bonne, et Justine est invitée chez Alexandra quinte de toux Bensaïd, sur France Inter avec Adèle Exarchopoulos, la pire actrice que la Terre ait jamais portée, plus vulgaire qu’un banc de morues en mer du Nord, la sanction ultime du féminisme dont se réclament Justine et Alexandra. On a failli écrire ou les malheurs de la vertu mais ça n’était pas nécessaire.
Puisqu’on est dans l’infâme, ne ratez pas l’intervieweuse de service public financée par nos soins et qu’on a déjà chopée en flag de censure nauséabonde, on rajoute ce wagon pour bien vous énerver, et notez aussi le nombre de vues de cette rencontre tripartite indispensable, 1 697 en trois mois, misère du service public audiovisuel sous influence...
Mais laissons Justine s’exprimer... dans sa langue. Tout le monde pourra vérifier que ce qui se conçoit mal s’énonce mal :
« Le film part dans plein de directions et l’idée c’était vraiment de faire un double portrait de femmes, euh, avec l’idée que finalement, euh, Sybil se retrouve un peu dans la jeune Margot, et va en fait se retrouver à, à, à vivre une forme de, de, de, de moment de vertige dans sa vie, euh, face à cette jeune actrice qui elle-même en fait, euh [là on dirait qu’elle va roter, mais non] vit une forme de, d’enfer sur un tournage, et le film va en fait faire se croiser ces deux destins, en fait, où Virginie [Efira] arrive plutôt masquée au début, et va finalement faire tomber le masque, alors que Adèle [Exarchopoulos] arrive plutôt à nu et va inversement en fait au fur et à mesure du film se trouver une façon de, d’apprendre en fait à vivre et à devenir une femme quoi. »
Ah, d’accord.
Eh, les morues, dégagez de la place et rendez-nous Audiard !
Le Yalta des cruches
On va vous dire la vérité : on adore tomber sur ce genre de croisement entre stupidité et bien-pensance, si on était galants on devrait dire sous-culture et bien-pensance, le tout mâtiné de vanité en poudre et de sirop de féminisme, parce que ça donne des moments uniques qui génèrent des orgasmes de moquerie, mais pour ça, il faut oublier qu’on finance tous ces cloportes. Il y a forcément une dimension de colère dans cette dérision qui débouche sur un rire enragé, un peu démoniaque il faut avouer.
Le reste de l’interview ? On a tenu le temps du monologue bancal de la Justine, on n’a pas écouté la jeune poivrasse qui prend la parole après. Peut-être que ce qui a été dit était génial, mais on n’a pas pris le risque. Même Mocky, qui se foutait un peu de la gueule du monde avec ses films boiteux, avait mille fois plus de classe que ce Yalta des cruches. Avec ces dindes suffisantes on n’est pas dans l’aristocratie ni même l’anarchie, ce qui aurait encore un côté chic, on est dans le chaos, le néant de la fumisterie féministe.
Coupez !