Le 13 mai, des bombardements russes dans la région de Khmelnitsky ont détruit un important dépôt de munitions. De grandes détonations répétées se sont produites après que des missiles ont touché des dépôts qui stockaient de très grandes quantités de carburant et de munitions.
Le 649e dépôt d’armes et de munitions dans le village de Hrushevitsya stockait un nombre important de missiles anti-aériens de fabrication occidentale, y compris des missiles sol-air Patriot. L’estimation du coût de la frappe serait de plus de 500 millions de dollars.
Cependant, au-delà de la force des explosions et des pertes militaires subies, l’attention des experts fut attirée ailleurs. Tout d’abord, l’incendie fut éteint à distance par des robots, signe que les autorités ukrainiennes savaient que le dépôt 649 renfermait quelque chose de potentiellement nocif pour l’homme. Ensuite, des patrouilles de surveillance des radiations sont très vite arrivées sur les lieux. Un pic clair de rayonnement gamma fut détecté à Khmelnitsky, quelques heures à peine après la destruction du dépôt de munitions, l’émission continuant d’augmenter le lendemain et restant au niveau élevé par la suite, avec un rayonnement nocif dépassant les 20 km de l’épicentre.
Très vite, certains émirent l’hypothèse que le site de Khmelnitsky servait de lieu de stokage à des munitions à l’uranium appauvri (UA), provenant des obus des tanks Challenger livrés par le Royaume-Uni. Le pic clair de rayonnement gamma à Khmelnitsky indique qu’il y avait un très grand stock de munitions à l’UA qui a été détruit, soulevant la poussière d’uranium dans l’air.
Cependant, les conséquences de cet événement risquent de dépasser les frontières ukrainiennes. Le 19 mai, Nikolai Patrushev, un porche conseillé de Vladimir Poutine, annonça à la presse russe qu’un « nuage toxique » dériverait vers l’Europe suite à la destruction, une semaine plus tôt, de sites de stockage « des munitions à l’uranium appauvri fournies par l’Occident à l’Ukraine » à Khmelnitsky. Et il ajouta qu’« une augmentation des niveaux de radiation a déjà été enregistrée en Pologne ». Il faisait référence à la forte augmentation du niveau de bismuth – un produit de dégradation de l’uranium appauvri utilisé dans les munitions – qui avait été mesurée le 15 mai dans la ville polonaise de Lublin. C’est-à-dire qu’en 2 jours à peine, le nuage radioactif a parcouru 400 km. Des données qui ont été confirmées par la sénatrice roumaine Diana Shoshoaca lors d’une émission de télévision.
La presse, ukrainienne et occidentale, cria immédiatement à la « fake news », avançant divers arguments. Tout d’abord, les experts faisaient remarquer que l’élévation de la radioactivité présentée sur des graphiques était antérieure à l’attaque sur le dépôt 649. Ensuite, l’université Maria Curie-Skłodowska de Lublin expliqua que le pic de bismuth avait été causé par un phénomène naturel lié aux précipitations. De son côté, l’université de Khmelnitsky affirma que les indicateurs de radioactivité ne dépassaient pas la norme et qu’il n’y avait pas lieu de s’inquiéter.
Nous sommes donc face à un phénomène classique en période de guerre. Les autorités ukrainiennes et polonaises cherchent à rassurer leurs populations respectives, en minimisant l’ampleur de l’incident, tandis que les Russes, de leur côté, exploitent l’événement pour créer un vent de panique chez leurs adversaires. À cet égard, il est à noter que lorsque la rumeur du nuage radioactif se propagea sur les réseaux sociaux, les Ukrainiens résidant dans la région de Khmelnitsky se ruèrent dans les magasins et les pharmacies pour se procurer des pilules d’iode.
Qui faut-il croire ? Il est évidemment encore trop tôt pour trancher. Sûrement, la vérité se situe, comme souvent, quelque part entre ces deux versions.
Le temps révèlera si les niveaux de radioactivités détectés en Ukraine et en Pologne sont bénins pour l’homme ou si au contraire, nous sommes face à une catastrophe sanitaire et écologique susceptible d’entraîner une épidémie de cancer à moyen terme ainsi qu’une pollution des nappes phréatiques et des récoltes.