La livraison par Londres à l’Ukraine de munitions contenant de l’uranium appauvri, récemment évoquée par une responsable britannique, représenterait une « aggravation sérieuse » du conflit, a mis en garde mercredi le chef de la diplomatie russe.
« C’est un pas en direction d’une aggravation supplémentaire, une aggravation sérieuse » du conflit, a déclaré Sergueï Lavrov lors d’une conférence de presse à Sotchi, dans le sud de la Russie.
Lundi, la vice-ministre britannique de la Défense Annabel Goldie avait indiqué que le Royaume-Uni comptait fournir à l’Ukraine des obus « contenant de l’uranium appauvri ».
« Ces munitions sont très efficaces pour détruire les chars et les véhicules blindés modernes », avait-elle souligné, expliquant que ces obus étaient destinés à être utilisés avec les chars Challenger que compte également livrer Londres.
Le président russe Vladimir Poutine a affirmé mardi que « la Russie sera contrainte de répliquer » si une telle livraison avait lieu, sans fournir de précisions.
M. Lavrov a estimé mercredi que l’utilisation de tels obus aurait de graves conséquences sanitaires, évoquant l’exemple des guerres de Yougoslavie dans les années 1990 où de telles munitions ont été utilisées.
« Tout le monde se souvient comment, pendant le conflit en Yougoslavie, des dizaines de milliers de civils et ceux qui ont utilisé ces munitions ont souffert […] Il y a eu une augmentation des cancers, les sols ont été contaminés », a-t-il déclaré.
« L’utilisation de munitions à uranium appauvri réduira drastiquement, voire détruira la capacité de l’Ukraine à produire de la nourriture non contaminée », a ajouté le ministre russe.
L’organisation antinucléaire britannique Campaign for Nuclear Disarmament a elle aussi condamné mardi la livraison de munitions avec de l’uranium appauvri, estimant qu’il s’agirait d’un « désastre environnemental et sanitaire supplémentaire pour ceux qui vivent au cœur du conflit ».
Les obus à uranium appauvri sont des munitions destinées à percer les blindages, dont l’utilisation est critiquée pour les risques qu’ils comporteraient pour la santé des militaires les utilisant et des populations vivant dans les zones visées.
Selon le Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE), l’uranium appauvri est un « métal lourd, chimiquement et radiologiquement polluant ».
Les munitions à l’uranium appauvri avaient été citées comme l’une des causes possibles du « syndrome du Golfe », les problèmes de santé des anciens combattants de la guerre du Golfe en 1991, mais cela n’a pas été scientifiquement prouvé.