Le 15 mars dernier, John Kerry prenait à rebours la diplomatie française à propos de Bachar Al-Assad, en confirmant sur la chaîne CBS que le dialogue avait repris entre Damas et Washington.
« Au final, il faudra négocier, a-t-il annoncé. […] Nous travaillons avec l’opposition modérée, mais ça n’est pas tout. » Le chef de la diplomatie étasunienne a en effet assuré « avancer sur la voie diplomatique » avec le président syrien, confirmant ainsi à demi-mot ce que beaucoup supposaient : le rétablissement du contact entre Washington et Damas. Le député UMP Jacques Myard, qui s’était rendu à Damas avec trois autres parlementaires français en févier, confirmait l’information le jour même dans un communiqué :
« En répondant à l’une de mes questions, Bachar al-Assad me l’a personnellement confirmé lors de notre entretien à Damas, j’en ai informé les autorités françaises ! »
Des autorités françaises qui semblent plus que jamais enfermées dans un mutisme total et dont la position reste inchangée, malgré l’évolution de la situation dans la région. En effet, le lendemain de l’aveu de John Kerry, Laurent Fabius réagissait vivement à l’issue d’une réunion à Bruxelles :
« C’est une transition politique qui doit préserver les institutions du régime, pas M. Bachar al-Assad. Toute autre solution qui remettrait en selle M. Bachar al-Assad serait un cadeau absolument scandaleux, gigantesque aux terroristes de Daesh. »
Une position intenable, qui rend la France complètement inaudible sur la scène internationale. D’autant plus que les apparitions de Laurent Fabius se font de plus en plus rares et que des rumeurs persistantes font état d’une dégradation avancée de sa santé.
C’est donc le Premier ministre Manuel Valls qui a assuré la communication du Quai d’Orsay en assénant, le 16 mars au soir sur Canal+ :
« Il n’y aura pas de solution pour la Syrie tant que Bachar al-Assad est au pouvoir. »
De son côté, le président syrien a réagi aux déclarations de John Kerry. Après avoir expliqué qu’il attendait des « actes » de Washington, Bachar al-Assad a déclaré à l’agence SANA que la communauté internationale « devrait commencer par l’arrêt du soutien politique et militaire aux terroristes ».