Un Premier ministre qui marche sur les plate-bandes du Président, ça ne se fait pas. Même si le Président est un velléitaire, un indécideur, un beau parleur. Tout le monde sait depuis les révélations de Faits & Documents que c’est la paire Kohler-Philippe qui tient l’exécutif, que Kohler a la signature du Président depuis 2018 et que Macron fait du vent pour la galerie. Surtout, ce n’est pas qu’il ne décide rien, c’est qu’il n’arrive pas à décider.
Alors, la nature politique ayant horreur du vide, son PM et son conseiller font le job à sa place, avec leur politique et leurs idées. Ce qui explique une bonne partie des couacs, des reculades et des rétropédalages au sommet. On a l’impression de faire du Canard enchaîné en disant cela, mais le Canard ne plonge jamais en eaux profondes, là où se joue la vraie politique, celle des réseaux d’influence et de la puissance bancaire. Et pour cause, le Canard en fait partie !
Gloire donc à F&D qui va au fond des choses et honte au Canard, qui reste batifoler à la surface des choses. Pour le coup, les choses, en ce moment, c’est la tentation du remaniement de la part d’un président qui a envie de reprendre un peu du pouvoir qu’il a, par faiblesse, cédé à la paire Kohler-Philippe. Pour cela, Sarkozy lui a donné un conseil que La Dépêche, reprenant une info du Point, a qualifié de « fou » :
Ce qui est étonnant, dans cet étonnement de la presse, c’est que Kohler est un faux fidèle de Macron. C’est plutôt son complément dans l’exercice du pouvoir, mais en aucun cas son fidèle, puisque le très sérieux Kohler, homme de réseaux s’il en est, comme le montre F&D, a pris les rênes du pays à la place d’un président considéré comme fantasque. Alors, se débarrasser de Philippe pour mettre Kohler en PM c’est un jeu à somme nulle !
Cela n’empêche pas La Dépêche, qui fonce droit dans le piège, de croire à un coup politique extraordinaire :
« Afin de remplacer Édouard Philippe pour la fin du quinquennat, Nicolas Sarkozy aurait soufflé une idée à l’actuel chef de l’État : "L’ancien président suggère de nommer à Matignon un fidèle, pour achever le quinquennat en toute tranquillité. Son candidat idéal ? Alexis Kohler , le secrétaire général de l’Élysée", poursuit Le Point.
"Quand tu nommes ton Premier ministre, il te déteste au bout de six mois. Si tu le vires, il te déteste encore plus. Et le nouveau te déteste au bout de six mois aussi !", lui aurait même affirmé Nicolas Sarkozy, faisant sans doute référence à sa relation compliquée avec son Premier ministre François Fillon durant son quinquennat. »
Kohler serait-il sur une ligne nationale-sioniste comme Sarkozy ? S’il passait PM, il s’agirait alors d’un putsch en douceur, qui officialise le pouvoir réel d’un conseiller de l’ombre que le Français de base ne connaît pas. C’est le résultat de notre démocratie bidon : les vrais décideurs sont rarement visibles ou rarement mis en avant. Le pouvoir réel reste dans la coulisse, tandis que devant s’agitent les pantins. Quand on a compris ça, on a déjà fait un grand pas dans l’éclaircissement de la politique française.
Piqûre de rappel : Alexis Kohler dans l’interview de Pierre de Brague
pour la revue Rébellion
« En ce qui concerne la crise actuelle, je crois que le gouvernement a vu dans le confinement le moyen de mettre un couvercle sur la cocotte-minute sociale qu’est la France et, de toute manière, toute autre solution (fermeture des frontières, investissement dans les services hospitaliers, aide aux entreprises de matériel de santé, rejet de la propagande médiatique) était évidemment hors de la portée de nos progressistes européistes qui calculent à court terme. Si le confinement était d’abord utile à la Macronie, puisqu’il permet l’étouffement de la révolte sociale et qu’on peut facilement lui faire porter le chapeau de la crise économique, sa poursuite semble être l’intérêt des véritables maîtres de la France (Attali, Nuñez, Hirsch, Salomon, Buzyn, Lévy, Bauer, Kohler…) qui y voient l’occasion d’imposer le règne de Big Pharma (médicamentation coûteuse, vaccination obligatoire) et de renforcer le système bancaire par l’augmentation de la dette publique. Bref la totale mise en dépendance des Français ; ce qui constitue un projet dictatorial que la petite team Macron identifie bien comme un risque majeur pour ses fesses (les marionnettes seront les premières à se faire lyncher) ! »
Pour BFM TV, Kohler ne serait pas sur la ligne de départ, au contraire de Darmanin, qui cocherait toutes les cases :