Le Monde s’est procuré une note de l’UNEDIC qui estime que plus d’un million de demandeurs d’emplois verraient leurs droits baisser, alors que le gouvernement table sur 600 000 « perdants ». Pendant que les Français essayent d’échapper aux pics de chaleur, le couple Philippe-Pénicaud, le PM et le ministre du Travail, leur a concocté en douce, comme toujours, une refonte du système d’indemnisation chômage.
Pour résumer, les sommes seront moins importantes, les droits seront moins facilement accordés, et les durées d’indemnisation rabougries. Il y a 4 mois, le Premier ministre flanqué de Pénicaud expliquait sa réforme :
« Vous le savez, la lutte contre le chômage reste notre premier objectif. »
Fake news ! Dès la première phrase ! Les gouvernements de droite/gauche qui se succèdent depuis 1983 n’ont pas pour objectif la lutte contre le chômage, puisque le chômage massif arrange le néolibéralisme à tous points de vue : politique, économique, social. En plus, il affaiblit l’État, qui se tape le merdier social à gérer, ce qui n’est pas pour déplaire aux groupes économiques qui eux se partagent les profits. Aux uns le merdier, aux autres le profit, telle est la loi qui régit notre pays.
Derrière la politique gouvernementale d’étranglement des indemnisés, en volume et en durée, sans parler du durcissement des conditions d’entrée, il y a toujours ces entités qui poussent au crime : le MEDEF, le CAC 40, la Banque... pour que le salarié français, taxé de profiteur, ne se repose pas sur ses lauriers.
Savez-vous quel est le postulat qui autorise Philippe et Pénicaud à diminuer les allocations chômage en durée et en volume ?
Le chômage baisse.
En réalité il ne baisse pas, c’est la pyramide des âges qui envoie les premières générations du baby boom à la retraite, libérant des places de manière artificielle. Il ne s’agit donc pas de création de postes, mais de libération de postes, nuance. C’est à partir de ce taux de chômage officiel de 8,7%, une baisse statistique qui ne dit pas l’augmentation de la pauvreté, que la paire Philippe-Pénicaud durcit tout le dispositif.
De plus, ces petits malins se basent sur les chiffres de l’INSEE qui sont, comme chaque Français a pu le deviner depuis l’énorme inflation due au passage à l’euro le 1er janvier 2002, trafiqués comme la viande des pays de l’Est. Sachez seulement que le chiffre officiel du chômage en métropole est de 2,4 millions de personnes, alors qu’en réalité, plus de 6 millions de Français sont sans emploi, et on ne compte pas les armées de précaires, de petits autoentrepreneurs, de temps partiels...
Heureusement, la presse mainstream vient au secours de ces menteurs – gouvernement et agence de statistiques – pour relayer la désinformation. Ce qui produit, vu d’en bas, un effet schizophrénique : le ministre dit que le chômage baisse, mais le chômeur ne voit pas plus de boulot.
Le 18 juin, Muriel Pénicaud faisait le lapsus qui tue :
En vérité, ce sont bien les allocations chômage qui baissent et la précarité qui augmente. Le Monde, qui joue de temps en temps les anti-Macron, envoie un peu de sable dans la démonstration Philippe-Pénicaud :
« Pour l’heure, “il est délicat (…) d’estimer la population concernée”, souligne l’Unédic, mais environ “1,2 million de personnes seraient affectées, à des niveaux variables” (de quelques euros par mois à nettement plus). Leurs ressources étant amputées, elles pourraient être éligibles à diverses “prestations sociales” (prime d’activité, RSA, aides au logement). Autre effet indirect : “La baisse du montant de l’allocation entraînera une diminution du financement des points de retraite complémentaire”, est-il indiqué dans la note.
L’Unédic passe également au crible les critères, beaucoup plus stricts à l’avenir, pour être couvert par le régime. Il faudra en effet avoir travaillé au moins six mois sur vingt-quatre (contre quatre sur vingt-huit actuellement) pour bénéficier d’une indemnisation. S’y ajoutera la refonte des droits rechargeables, qui permettent à un allocataire de reconstituer ses droits chaque fois qu’il retrouve un emploi : le seuil pour bénéficier de ce mécanisme sera six fois plus haut (soit au bout de six mois d’activité, contre un aujourd’hui). »
Ah ah ah, le coup du rattrapage sur les « prestations sociales » diverses ! Quand on sait que les APL (aides au logement) vont se faire hacher menu en janvier 2020...
Tout est fake dans cette communication gouvernementale, tout est trafiqué, tout est pourri. Naturellement, les syndicats, qui ont le nez sur chaque centime ôté aux salariés, ont flairé l’arnaque, mais réagissent différemment en fonction de leur dépendance aux prébendes de l’État (eh oui, il n’y a pas assez de cotisants dans les syndicats français pour exercer un vrai contre-pouvoir, ce qui les soumet de fait aux subventions étatiques).
Denis Gravouil, responsable Emploi-Chômage à la CGT, cité par Le Monde, évoque « la violence de la réforme » :
« Les premiers chiffrages que nous avions effectués étaient en dessous de la réalité. C’est monstrueux, hallucinant, que l’on puisse se permettre de taper très très fort sur les précaires. »
Le 26 février, il expliquait que le grand patronat avait intérêt à faire échouer toute négociation sur la « réforme » à venir, une réforme, selon les mots du Premier ministre, qui « sécurise » les entreprises :
Du côté de la CFDT, on a conscience qu’une manifestation en période de vacances sera un peu difficile à organiser, mais on n’appelle pas non plus à tout casser. Cela sent la négociation, l’acceptation de la réforme, et peut-être quelques arrangements entre le gouvernement et la centrale syndicale...
Pour illustrer le mensonge d’État désormais permanent, dans la même veine que la lutte contre le chômage de la doublette asociale Philippe-Pénicaud, la sortie hasardeuse de la pauvre Élisabeth Borne, ministre des Transports, qui soutient que le prix des places de TGV a baissé...
"Globalement, les prix des TGV baissent depuis plusieurs années, assure la ministre des Transports, Elisabeth Borne. La politique d'un TGV accessible à tous, j'y tiens vraiment". pic.twitter.com/K9lHjkhgFL
— franceinfo (@franceinfo) 5 juillet 2019