Juste au moment où vous pensiez que notre politique en Syrie ne pouvait pas être pire, la semaine dernière, elle l’a été.
L’armée américaine a attaqué à deux reprises les forces gouvernementales syriennes à partir d’une base militaire que les États-Unis occupent illégalement en Syrie. Selon le Pentagone, les attaques contre les forces soutenues par le gouvernement syrien étaient « défensives » parce que les combattants syriens se rapprochaient d’une zone auto-déclarée par les États-Unis « zone de de-conflit » en Syrie. Les forces syriennes poursuivaient Daech dans la région, mais les États-Unis les ont quand même attaquées.
Les États-Unis sont encore en train d’entraîner un autre groupe rebelle qui combat à partir de cette base, située près de la frontière de l’Irak à al-Tanf, et ils prétendent que les forces gouvernementales syriennes constituent une menace pour la présence militaire américaine à cet endroit. Mais le Pentagone a oublié une chose : en premier lieu, il ne dispose d’aucune autorité pour être en Syrie ! Ni le Congrès américain, ni le Conseil de sécurité de l’ONU n’ont autorisé une présence militaire américaine en Syrie.
Alors, qui a donné à l’administration Trump le droit d’établir des bases militaires sur un territoire étranger sans l’autorisation de ce gouvernement ? Pourquoi sommes-nous en train de violer la souveraineté de la Syrie et attaquer son armée puisqu’ils se battent contre Daech ? Pourquoi Washington prétend-il que sa mission première en Syrie est de vaincre Daech alors qu’il mène des opérations militaires qui profitent à Daech ?
Le Pentagone a publié une déclaration disant que sa présence en Syrie est nécessaire parce que le gouvernement syrien n’est pas assez fort pour vaincre lui-même Daech. Mais les « zones de désescalade » convenues par les Syriens, les Russes, les Iraniens et les Turcs ont conduit à une réduction des combats et une fin possible à la guerre de six ans. Même si c’est vrai que l’armée syrienne est affaiblie, sa faiblesse est due à six ans de combats contre des rebelles parrainés par les États-Unis qui se battent pour renverser le gouvernement !
De quoi s’agit-il vraiment ? Pourquoi les États-Unis occupent cette base militaire en Syrie ? C’est en partie pour empêcher les Syriens et les Irakiens de travailler ensemble pour combattre l’État islamique, mais je pense qu’il s’agit surtout de l’Iran. Si les Syriens et les Irakiens se rejoignent pour combattre Daech avec l’aide de l’Iran et les milices alliées chiites, les États-Unis croient que cela renforcera la main de l’Iran dans la région. Le président Trump vient de rentrer de son voyage en Arabie saoudite où il a juré qu’il ne permettrait pas que cela se produise.
Mais cette politique est-elle vraiment dans notre intérêt, ou sommes-nous simplement en train d’exécuter l’appel d’offres de nos « alliés » du Moyen-Orient, qui semblent désespérés d’attendre la guerre avec l’Iran ? L’Arabie saoudite exporte sa forme radicale de l’islam dans le monde entier, y compris récemment dans les pays musulmans modérés asiatiques comme l’Indonésie. L’Iran ne le fait pas. Cela ne veut pas dire que l’Iran est parfait, mais quel sens y a-t-il à sauter dans le conflit entre sunnites et chiites, quel que soit le bord où l’on se place ? Les Syriens, ainsi que leurs alliés russes et iraniens, sont en train de vaincre Daech et al-Qaïda. Comme l’a dit le candidat Trump, quel mal y a-t-il à cela ?
On nous a dit que si l’on permettait au gouvernement syrien de libérer Alep d’Al-Qaïda, Assad tuerait les milliers de personnes qui y ont été piégées. Mais c’est le contraire qui s’est passé : la vie revient à la normale à Alep. La minorité chrétienne qui s’y trouve a célébré Pâques pour la première fois depuis plusieurs années. Ils sont en train de reconstruire. Ne pouvons-nous pas simplement enfin laisser les Syriens en paix ?
Quand vous en arrivez au point où vos actions aident en fait l’État islamique, intentionnellement ou non, peut-être est-il temps d’arrêter. Il est plus que temps pour les États-Unis de renoncer à leur politique dangereuse et contre-productive en Syrie et de juste rapatrier nos troupes.