Il s’agit d’un « procès injuste et délirant », a dénoncé le recteur de la Grande Mosquée de Paris, Dalil Boubakeur, lundi 23 avril dans un communiqué. En cause, la tribune controversée « Contre le nouvel antisémitisme » publiée la veille dans Le Parisien, un texte qui a vivement fait réagir la communauté musulmane. Et dont certains représentants ont même apposé leur signature. « Ils ont intériorisé la culpabilité. Mais j’aurais aimé qu’ils ouvrent un débat en interne », explique à L’Obs l’islamologue Ghaleb Bencheikh.
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« Ces idées circulent depuis un moment. Ce n’est pas une découverte mais un constat amer », regrette également Tareq Oubrou, recteur de la mosquée de Bordeaux.
« Les exagérations et le côté délirant de ces accusations nous ont obligé à répondre », admet Dalil Boubakeur, qui explique avoir été touché par la tribune.
Pour lui, les extrémistes islamistes menacent tout autant la communauté juive que la religion musulmane. Et la tribune ne contribuerait en ce sens qu’à « brouiller les problèmes et entacher une amitié claire, nette et précise ». « Nous avons le même adversaire », réplique-t-il.
Président de la conférence mondiale des religions pour la paix et islamologue, Ghaleb Bencheikh partage sa tristesse et sa colère qu’il qualifie de « froide ». « Nous œuvrons à combattre les extrêmes. S’attaquer à quelqu’un pour son appartenance confessionnelle est un crime abominable », acquiesce-t-il.
Et une peur est au centre de leur préoccupation : l’amalgame. « Ce n’est pas représentatif de l’ensemble des musulmans », renchérit le recteur de la Grande Mosquée de Paris. « Dans la spiritualité islamiste, il y a une filiation entre la Torah et le Coran. Intrinsèquement, les musulmans qui connaissent leur religion ne peuvent pas être contre la religion juive », raconte à son tour Ghaleb Bencheikh.