« Le dimanche, j’étais là, dehors, il faisait beau. Le brigadier est arrivé avec une dame de la mairie que je connais bien. Je me demandais ce qu’ils venaient faire. C’est bien ici chez Aurélie ? m’ont-ils demandé. J’ai dit oui. Je leur ai dit d’entrer. Ils n’ont rien dit mais j’ai compris, dans leurs yeux… Après, il a fallu attendre plusieurs jours pour savoir que c’était un crime. On ne savait rien. » (Marie-Evelyne Lerouge, mère d’Aurélie)
« Comme il était fiché S, qu’il avait déjà été en Turquie, on savait très bien qu’il préparait quelque chose. J’en veux à l’État d’avoir laissé cette personne sur le territoire français en sachant qu’un jour ou l’autre, il ferait un attentat, c’était sûr. Il aurait dû être un peu plus surveillé. » (Jean-Luc Châtelain, père d’Aurélie)
Les procès des attentats de 2015 et 2016 vont s’enchaîner les mois qui viennent. Les parents et les proches des victimes vont assister à des procès étranges où des terroristes, des pseudo-terroristes ou des terroristes fabriqués sont passés à l’action, sans qu’on sache vraiment dans quel but, à part tuer des civils, des innocents. Leurs commanditaires sont quasiment tous morts, ou considérés comme des témoins, puisqu’ils ont collaboré avec les services de renseignement antiterroristes.
Aujourd’hui, les Français sont confrontés, en matière terroriste, sanitaire, politique, économique, médiatique, à des versions officielles de plus en plus inavalables, de plus en plus incohérentes, de plus en plus pittoresques. Si une de ces versions tombe, tout tombe. La majorité des Français, qui a peur de se faire taxer de complotiste, de fasciste ou d’autre chose, croit encore aux explications de la propagande, mais c’est comme le masque : si on les autorise à les enlever, ils les piétineront par millions dans l’instant.
Les parents d’Aurélie Châtelain, comme les familles des victimes des attentats de Charlie Hebdo, sont devant un dilemme : écouter leur instinct, ou les versions fabriquées par la dominance. Pour l’instant, ils étouffent leur instinct, leur bon sens, leur petite voix. Mais dans un contexte de mensonge généralisé, ça ne pourra pas tenir éternellement, quelle que soit la répression sur ceux qui doutent.
Sid-Ahmed Ghlam est jugé à partir d’aujourd’hui lundi 5 octobre devant la cour d’Assises spéciale à Paris avec neuf autres inculpés. Deux sont absents. L’ex-étudiant algérien, fiché S pour radicalisation islamiste, est accusé d’avoir tué Aurélie Châtelain, une jeune femme de 32 ans et d’avoir projeté un attentat contre une église en avril 2015 à Villejuif dans le Val-de-Marne. Son procès doit durer jusqu’au 6 novembre prochain. Aujourd’hui âgé de 29 ans, Sid-Ahmed Ghlam, détenu depuis 2015, comparaît pour « assassinat et tentative d’assassinat en relation avec une entreprise terroriste » et « association de malfaiteurs terroriste criminelle ».
Le meurtre d’Aurélie Châtelain le 19 avril 2015
Aurélie Châtelain, originaire de Caudry dans le Nord, professeur de fitness de 32 ans et mère d’une petite fille de 4 ans a été abattue dans sa voiture, dans un garage à Villejuif, là même où Sid-Ahmed Ghlam préparait son assaut selon l’accusation.
Sid-Ahmed Ghlam nie le meurtre de la jeune femme. Selon lui, elle aurait été tuée accidentellement par « un mystérieux complice » dont il est le seul à évoquer l’existence. Une thèse peu crédible selon les enquêteurs. « Le coup mortel ayant atteint Aurélie Châtelain ne peut résulter d’un tir accidentel », ont estimé les experts ayant effectué les examens médico-balistiques. L’enquête a par ailleurs établi que c’est la même arme qui a tué Aurélie Châtelain et blessé Sid-Ahmed Ghlam à la jambe.
L’attentat déjoué contre l’église de Villejuif le 19 avril 2015
Sid-Ahmed Ghlam est également accusé d’avoir voulu attaquer ce même 19 avril 2015 une église de Villejuif à l’heure de la messe dominicale, cela quelques mois après les attentats de janvier contre Charlie Hebdo et l’Hyper Cacher.
Le jeune homme conteste les accusations portées contre lui. Il affirme avoir renoncé à son projet d’attentat et avoir appelé les secours après s’être tiré volontairement une balle dans la jambe. Encore une fois, cette version des faits n’a pas convaincu les enquêteurs. « La thèse selon laquelle Sid-Ahmed Ghlam se serait tiré volontairement une balle dans la jambe apparaît d’autant moins crédible à l’analyse du comportement qu’il a observé avant de contacter les services du Samu », ont conclu les enquêteurs. Selon eux, l’accusé se serait blessé accidentellement en manipulant son arme.
Quelques jours avant l’ouverture du procès, Maître Gilles Jean Portejoie, l’avocat de Sid-Ahmed Ghlam a déclaré que son client était « serein, déterminé, impatient. Il est à l’isolement depuis 5 ans et il a envie de s’expliquer. Il assume parfaitement la phase préparatoire. Concernant Aurélie Châtelain, il conteste. Il dit que ce n’est pas lui. C’est une 2e personne. Il était présent mais le répète, ce n’est pas lui ». Et de poursuivre :
« Concernant l’attaque de Villejuif, il a toujours dit qu’il n’a pas voulu commettre un carnage. Au dernier moment, il s’est dit qu’il ne voulait pas le faire et a décidé de se tirer une balle. Il s’est mutilé délibérément. Il est très clair, Sid Ahmed Ghlam dit avoir été ensorcellé. »
« Ensorcelé par l’État islamique »
Au cours de l’enquête, Sid-Ahmed Ghlam affirme avoir été « ensorcelé » au cours de plusieurs séjours en Turquie. Il a reconnu avoir été téléguidé par le groupe État islamique (EI). Les policiers, de leur côté, ont décrypté ses échanges avec deux donneurs d’ordre de l’EI, « Abou Mouthana » et « Amirouche ». Ces deux hommes lui auraient demandé de trouver « une bonne église avec du monde ». Même s’ils sont présumés morts en zone irako-syrienne, ces deux hommes comptent parmi les dix accusés et sont renvoyés pour « complicité d’assassinat et de tentative d’assassinat par instruction » et « association de malfaiteurs criminelle ».
Les autres accusés, dont cinq comparaîtront détenus, sont soupçonnés d’avoir fourni du matériel ou des armes à Sid-Ahmed Ghlam. Deux des accusés, sous contrôle judiciaire, comparaîtront libres devant la cour d’assises.
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