Après le sommet des dirigeants des USA et de la Corée du Nord la discussion autour du dossier nord-coréen s’est concentrée sur le problème de dénucléarisation.
Selon les experts, les ogives nucléaires ne sont pas la plus terrible des armes en possession de Pyongyang. Il est question des cyberforces nord-coréennes, l’une des plus dangereuses et nombreuses armées de hackers du monde.
« Le potentiel de la Corée du Nord pour la destruction de l’infrastructure critique sans l’arme nucléaire est ignoré en grande partie, or Pyongyang dispose de suffisamment de capacités cybernétiques pour infliger un grave préjudice », écrivent pour Reuters les experts en cybersécurité et en cyberguerres Jessica Beyer et Donghui Park. Telles sont les conclusions des experts indépendants, mais aussi des institutions des pays occidentaux, écrit lundi le site d’information Gazeta.ru.
Le dernier rapport du Comité de défense du parlement britannique affirme que les cyberattaques de la Corée du Nord représentent une plus grande menace pour le monde que les ogives nucléaires sur la péninsule coréenne.
Par ailleurs, il est possible de percevoir un lien entre les essais nucléaires et les cyberattaques.
« Ils coïncident souvent. Ainsi, pendant le troisième essai de février 2013, les compagnies de télévision et le secteur banquier de la Corée du Sud avaient été touchés par l’attaque 3, 20 Cyber Terror connue comme Dark Seoul. En janvier 2016, quand la Corée du Nord a procédé à la quatrième explosion, des responsables sud-coréens ont reçu de nombreux courriels de fishing. Après le cinquième essai en septembre 2016, les hackers ont réussi à voler des fichiers militaires secrets de la Corée du Sud. Il se pourrait que Pyongyang détourne l’attention des cyberattaques par les essais nucléaires », indique le rapport analytique du Conseil russe des affaires internationales intitulé « Corée du Nord : Comment la Corée du nord a créé les cyberforces les plus efficaces du monde ».
L’expert du Conseil Alexandre Mamaev, directeur général du Laboratoire de la forensique numérique, souligne que le préjudice des cyberattaques pourrait être colossal.
« Il est possible de provoquer des dégâts économiques ou énergétique, susceptibles de provoquer une catastrophe comme à Fukushima. Sur le plan militaire il est avant tout question de la mise hors service de différents éléments du réseau quand un certain matériel tombe en panne — en fait, on sape l’opérationnalité de l’ennemi », explique l’expert.
En 2014, deux attaques idéologiques ont eu lieu : d’abord contre la chaîne britannique Channel 4, qui promettait de tourner un documentaire sur un « scientifique nucléaire kidnappé par Pyongyang », puis contre Sony Pictures, qui comptait diffuser une comédie sur le dirigeant nord-coréen. Les deux attaques ont été une réussite.
Ensuite, les cyberattaques de Pyongyang ont commencé à devenir lucratives. Il est avant tout question de l’attaque contre la Banque centrale du Bangladesh en 2015 qui a permis aux hackers de voler 81 millions de dollars.
L’attaque de 2017 du virus WannaCry serait également d’origine nord-coréenne, selon Kaspersky et Symantec. Ce logiciel malveillant a touché près de 300.000 utilisateurs dans 150 pays, le préjudice de l’attaque est estimé à 1 milliard de dollars.
À présent, les cyberattaques de la Corée du Nord ne se limitent plus à la vengeance idéologique ou aux piratages financiers, et auraient pour cible le secteur énergétique des adversaires géopolitiques, explique le journal.
Les opinions exprimées dans ce contenu n’engagent que la responsabilité de l’auteur de l’article repris d’un média russe et traduit dans son intégralité en français.