L’ambassadeur des États-Unis à Berlin, Richard Grenell, a déclaré que si l’Allemagne n’augmente pas ses contributions au budget de l’OTAN, Washington déplacera l’armée américaine vers la Pologne, laissant les Allemands sans protection face à la « menace russe ». Pourquoi la réaction en Allemagne a-t-elle été inattendue et à quoi mènera-t-elle ?
Au cours de cette dernière année, les relations entre les États-Unis et l’Allemagne ont connu de graves turbulences, et les contradictions grossissent comme une boule de neige. Il y a quelques années, personne n’aurait douté que l’Allemagne était l’un des alliés américains les plus fiables en Europe, mais les politiques de Washington sont en train de creuser un fossé.
Bien sûr, le gazoduc russe Nord Stream-2 a joué un rôle important dans ce refroidissement. Pour ce qui concerne les sanctions contre la Russie, l’Allemagne, comme toute l’Europe, était solidaire de la position étasunienne. On demandait aux Allemands de soutenir des restrictions qui ne devaient pas affecter négativement l’économie allemande. On demandait également une position politique, renforcée par des déclarations anti-russes, et aussi leur territoire pour le déploiement du plus grand contingent militaire étasunien en Europe.
À ce moment-là, l’Allemagne supposait que, en tant qu’allié, elle avait déjà fait les concessions les plus importantes aux Américains, en lui permettant également de déployer des armes nucléaires américaines sur son territoire. Cependant, il est devenu évident que Washington en voulait davantage. C’était insupportable pour Berlin qui, pour la première fois, a commencé à évoquer le fait que les États-Unis ne sont plus un allié de l’Allemagne.
Washington n’a même pas essayé de trouver un accord avec son partenaire stratégique. Au lieu de cela, les États-Unis sont passés à la méthode du fouet et ont essayé d’intimider Berlin par de nouvelles sanctions et des mesures punitives. La dernière démarche de l’ambassadeur américain en Allemagne a profondément importuné beaucoup d’Allemands, et le Bundestag montre déjà son hostilité à Washington.
L’Allemagne sans défense
Comme il fallait s’y attendre, de nouvelles menaces ont été exprimées par un homme que les Allemands essayaient déjà de déclarer persona non grata : l’ambassadeur Richard Grenell. En 2018, il a été le premier haut fonctionnaire américain à déclarer expressément que l’Allemagne serait inévitablement sanctionnée pour avoir soutenu le gazoduc Nord Stream 2. Avec ces menaces, il a provoqué une réaction hostile parmi de nombreux politiques et fonctionnaires à Berlin, mais le cabinet d’Angela Merkel n’a pas osé prendre des mesures radicales qui auraient signifié un conflit direct avec Washington.