Donald Trump a suspendu les pourparlers entre Washington et les talibans après la mort d’un soldat américain à Kaboul. Il a par ailleurs affirmé avoir annulé une « réunion secrète » qu’il avait prévue avec le président afghan Ashraf Ghani.
Donald Trump a annoncé le 7 septembre sur Twitter avoir annulé « une réunion secrète » pour laquelle il comptait faire venir aux Etats-Unis le président afghan Ashraf Ghani, parallèlement aux négociations de paix en cours entre Washington et les Taliban.
Le Président des États-Unis a expliqué avoir résilié ces pourparlers après la mort d’un soldat américain dans une attaque ayant tué 12 personnes à Kaboul, le 5 septembre. « [Les talibans] ont revendiqué une attaque à Kaboul qui a tué l’un de nos grands soldats et 11 autres personnes. J’ai immédiatement annulé [...] les accords de paix », a-t-il déclaré dans une série de trois tweets.
« S’ils n’arrivent pas à respecter un cessez-le-feu au cours de ces pourparlers [...], ils n’auront probablement pas le pouvoir de négocier un accord significatif », a ajouté le chef d’État américain.
Dans la foulée de cette rupture des négociations entre Washington et les talibans, le gouvernement afghan a salué le 8 septembre « les efforts sincères de ses alliés » américains en faveur de la paix, expliquant être « prêt à travailler avec les États-Unis et d’autres alliés pour arriver à une paix durable ».
Exclu de certaines négociations entre les États-Unis et les talibans, le bureau du président Ashraf Ghani a ainsi expliqué avoir « toujours insisté » sur le fait qu’une vraie paix était possible « seulement si les talibans arrêt[ai]ent de tuer des Afghans, accept[ai]ent un cessez-le-feu et des discussions directes avec le gouvernement afghan ».
Pompeo n’exclut pas une reprise des négociations si les Taliban « changent d’attitude »
Malgré tout, Washington n’exclut pas une reprise des négociations avec les talibans, à condition que ces derniers « changent d’attitude » et respectent leurs engagements, a fait savoir le chef de la diplomatie américaine Mike Pompeo. Il a également assuré que Donald Trump n’avait « pas encore décidé » s’il irait de l’avant concernant la décision de retirer plusieurs milliers de soldats américains d’Afghanistan, comme prévu dans le projet d’accord qui avait été négocié avec les Taliban.
« J’espère que les talibans vont changer d’attitude et confirmer les engagements qu’ils avaient pris. Au bout du compte, tout cela devra être résolu par le dialogue », a-t-il précisé, appelant aussi de ses vœux une rencontre directe entre le gouvernement afghan et les Taliban, qui s’y sont refusés jusqu’ici. « On a besoin d’un engagement significatif » de la part des talibans pour reprendre les discussions, a-t-il ajouté.
De leur côté, les talibans ont déclaré que la décision de Donald Trump d’annuler les pourparlers de paix entraînerait de nouvelles pertes de soldats américains. « Les Américains souffriront plus que quiconque d’avoir annulé les pourparlers », a fait savoir Zabihullah Mujahid, porte-parole du groupe, dans un communiqué. Le mouvement rebelle souligne dans un communiqué qu’il ne se satisfera de « rien d’autre que d’une fin de l’occupation [...] et poursuivra son djihad pour atteindre ce grand objectif ». Cependant dans le même temps, les talibans prétendent « croire » que Washington reviendra à la table des négociations.
Un demi-million de morts dans la guerre américaine contre le terrorisme
Le gouvernement afghan avait récemment exprimé sa « préoccupation » face à un accord dont il ne ferait pas partie. De nombreux responsables redoutaient qu’une fois l’accord conclu, les talibans reviennent sur les libertés publiques et refusent tout partage du pouvoir.
Moins d’un mois avant des élections présidentielles afghanes prévues le 28 septembre, les récents pourparlers entre Washington et les talibans – qui prévoyaient notamment un retrait progressif des force américaines du pays – devaient mettre fin à un conflit entamé en 2001 depuis l’intervention américaine en Afghanistan en réaction aux attaques organisées par al-Qaïda aux États-Unis.
Au lendemain des attaques du 11 septembre, l’administration américaine avait accordé des moyens considérables au Pentagone pour gagner « la guerre contre le terrorisme », incluant de nombreuses opérations menées en Afghanistan.
D’après une étude publiée fin 2018 par l’Institut Watson pour les affaires publiques et internationales de l’Université Brown, entre 480 000 et 507 000 personnes ont été tuées dans les opérations menées par les États-Unis en Irak, en Afghanistan et au Pakistan dans le cadre de cette guerre.