Après l’incendie provoqué par les propos de Lilian Thuram sur « le racisme de la culture blanche », le journaliste sportif Pierre Ménès a relancé la polémique en dénonçant le « racisme anti-Blanc » dans les clubs de foot de banlieue.
Le football « black blanc beur », une utopie définitivement morte et enterrée ? C’est en substance la question soulevée par la nouvelle polémique lancée par le journaliste sportif Pierre Ménès.
Invité à réagir aux propos controversés de l’ancien champion du monde Lilian Thuram – qui avait suggéré un racisme consubstantiel à la « culture blanche » pour expliquer les cris de singe de certains supporters italiens envers les joueurs noirs – Pierre Ménès a de son côté évoqué le « racisme anti-Blanc » qui serait, selon lui, monnaie courante dans les clubs de banlieue française.
« Moi, il y a quelque chose qui me gène toujours dans le discours de Thuram, c’est que quand il parle de racisme, il parle toujours du racisme contre les Noirs [...] le vrai problème en tout cas en France, dans le foot, c’est le racisme anti-Blanc », a déclaré le journaliste de Canal+ en direct sur Cnews le 7 septembre. Et d’étayer ensuite son discours par une anecdote personnelle :
« J’ai essayé de mettre mon fils au foot. Il n’avait aucun talent. Mais au bout de deux fois, il a voulu arrêter. Il m’a dit : "Papa on ne me parle pas, on ne me dit pas bonjour, on ne joue pas avec moi, on ne prend pas la douche avec moi". »
"Lilian Thuram ne parle que du racisme contre les noirs.
En France, le vrai problème dans le football c'est le racisme anti-blanc !"Merci Pierre Ménès de dénoncer sur un plateau de télévision une réalité qui est niée, justifiée et parfois encouragée par la "bien-pensance" ... pic.twitter.com/2vO6qXKC5b
— Tancrède ن (@Tancrede_Crptrs) 8 septembre 2019
Pierre Ménès, célèbre pour sa parole libre dans le monde du football, a par ailleurs invité les téléspectateurs à « aller faire le tour des matchs en région parisienne le week-end », pour constater la composition des équipes. « Allez voir ces match-là, et comptez les blancs sur le terrain. En général, il y a le gardien de but et l’arrière droit », a-t-il ajouté.
Sur Twitter, entre « soutien total » et ironie
Immédiatement après leur diffusion, les propos du commentateur sportif ont suscité indignation et soutien surs la toile.
« Soutien total au courageux [Pierre Ménès] qui est pris pour cible pour avoir dénoncé le [racisme anti-Blanc] dans le domaine du football. Le racisme anti-blanc est le sujet le plus tabou de France ! », a notamment tweeté Laurent de Béchade, le cofondateur de l’Organisation de Lutte contre le racisme anti-blanc (OLRA).
« Nier le [racisme anti-Blanc], alors qu’il est évident dans certains quartiers, cache toujours quelque chose de malsain, qui a à voir avec un ressentiment, une haine de la France ou de soi », a commenté dans la même veine l’ancien frontiste et président du parti Les Patriotes, Florian Philippot.
La militante antiraciste controversée Rokhaya Diallo s’est quant à elle moquée des propos du journaliste qui « reconnaît lui-même que son fils n’a aucun talent en foot et s’étonne que personne ne lui passe le ballon ». « C’est ça le racisme anti-Blanc ? », a-t-elle questionné plus loin.
« Pierre Ménès est une personne raciste convaincue. Je l’ai subi au quotidien. Je ne découvre absolument rien aujourd’hui, et vous ne devriez pas non plus », a déclaré pour sa part le journaliste sportif Emmanuel Trumer à l’égard de son confrère.
Depuis plusieurs années, le football – aussi bien professionnel qu’amateur – semble catalyser les tentions liées à la pression migratoire en France. Ces polémiques font régulièrement la une des médias, comme lors des célébrations des victoires de l’Algérie à la Coupe d’Afrique des nations (CAN). Les questions identitaires ne sont pas les seules à toucher ce milieu qui est actuellement dans le collimateur du gouvernement en raison de l’homophobie supposée d’une partie des supporters.