Plus d’une cinquantaine d’actes antimusulmans ont été recensés en France depuis l’attentat djihadiste contre Charlie Hebdo mercredi, selon l’Observatoire contre l’islamophobie du Conseil français du culte musulman (CFCM), qui appelle l’État à « renforcer la surveillance » des mosquées.
Les 5 000 policiers et 10 000 militaires annoncés lundi pour protéger notamment les écoles juives et synagogues du pays surveilleront aussi les lieux de culte musulmans, a précisé dans la soirée le ministère de l’Intérieur.
Selon le président de l’Observatoire, Abdallah Zekri, citant des chiffres émanant du ministère de l’Intérieur, 54 actes antimusulmans ont été comptabilisés depuis mercredi, dont 21 « actions » (tirs de pistolet à grenaille, explosion dans un kebab jouxtant une mosquée…) et 33 « menaces » (insultes notamment).
Ce décompte ne comprend pas Paris et sa banlieue, ni le début d’incendie survenu dimanche soir sur le site de la mosquée en construction de Poitiers (centre), a précisé le responsable musulman.
« Je suis scandalisé par cette montée de l’islamophobie alors que nous avons marché hier [dimanche] dans le calme et la sérénité, tous côte à côte, dans la diversité des manifestants, et que nous avons clairement condamné le terrorisme », a-t-il ajouté.
Selon lui, de tels chiffres en seulement cinq jours constituent « du jamais vu ». De fait, les dernières données disponibles faisaient état d’un total de 110 actes (actions et menaces) pour les neuf premiers mois de 2014, en baisse par rapport à la même période de 2013 (158).
Impacts de balles, inscriptions racistes : plusieurs mosquées ont été prises pour cible depuis l’attentat contre le journal satirique Charlie Hebdo mercredi suivi d’une prise d’otages meurtrière vendredi par des djihadistes revendiqués.
Dernier incident en date, une « maison de prières » musulmane de Moselle (est) a été l’objet d’actes de vandalisme dans la nuit de dimanche à lundi, notamment de tags nazis réalisés à la peinture rouge, a-t-on appris lundi auprès du président de l’association qui gère le lieu.
À la mosquée de Poitiers, déjà vandalisée par une inscription, « Mort aux Arabes », un dispositif policier a été mis en place dimanche après un début d’incendie.
Le ministre de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve, a annoncé lundi la nomination d’un préfet pour coordonner la sécurité des sites confessionnels. Il « sera bien sûr également chargé de surveiller les mosquées », a-t-on précisé dans l’entourage du ministre.